Bobigny (93) : L’état déplorable des tombes ottomanes en France
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(Ce petit article est intéressant car il précise l’identité de plusieurs membres de la famille Ottomane inhumés ici, ce que je n’avais jamais vu ailleurs).
Nombre de membres de la dynastie ottomane reposent dans le carré musulman du cimetière de Bobigny. Les tombes, délabrées, tombent en ruine. Les quelques pierres tombales qui ont échappé à l’effet du temps sont victimes d’indifférence.
On peut consulter en amont mon article : BOBIGNY (93) : cimetière musulman
L’abolition du califat en 1924 a entraîné l’expulsion de tous les membres de la famille ottomane. Un grand nombre de princes et princesses, dont le dernier calife Abdülmecid Efendi, ont choisi la France comme terre d’exil. La misère et la solitude ont été leur lot commun. La Turquie républicaine ayant refusé d’accueillir les dépouilles princières, le gouvernement français a décidé de les inhumer au cimetière de Bobigny, offert en 1937 par la France aux Marocains.
La première personnalité ottomane à y être enterrée a été Mehmed Ali Rauf, l’époux d’Ayse Sultan, fille du sultan Abdulhamid II. Et la dernière inhumation a été celle du prince Osman Fuad, petit-fils de Murad V, en 1973. La seule stèle funéraire qui est restée debout jusqu’à aujourd’hui est celle du prince Ahmed Nureddin, fils d’Abdulhamid II décédé en 1945.
En 1952, un autre fils du même sultan, le prince Abdurrahim Hayri, rend l’âme dans une chambre d’hôtel à Paris ; il sera inhumé à côté de son frère. Son nom sur la pierre tombale a quasiment été effacé. Toutes les autres stèles ont disparu. Seule celle de la princesse Selma, petite-fille de Mourad V, a pu rester en l’état mais en dehors du carré appartenant à la famille.
Des tombes qui ne reçoivent jamais de visiteurs
Selon les responsables du carré musulman qui ont répondu aux questions de l’agence Cihan Haber, les tombes ne reçoivent jamais de visite. Un historien français avait travaillé sur le sujet, il y a quelques années [1]. Seule la sépulture de la princesse Selma, mère de l’écrivain Kenize Mourad, reste fréquentée. Les responsables ont également indiqué qu’il était pour l’heure impossible de répondre favorablement à une éventuelle demande de la Turquie sur un transfert des dépouilles.
Les noms sur les registres du cimetière ont pu être mal retranscrits. En effet, seul un imam tenait ces registres quand le cimetière a été ouvert.
Les archives de la mairie de Bobigny donnent une liste de noms qui figurent également dans le livre de la princesse Ayse, Mon père, le Sultan Abdulhamid : la princesse Rabia Peyveste (épouse d’Abdulhamid II), le prince Ahmed Nureddin (fils d’Abdulhamid II), le prince Abdurrahim Hayri (fils d’Abdulhamid II), la princesse Şehsuvar (épouse du calife Abdulmecid), la princesse Pınardil Fahriye (épouse du prince Abid), le prince Osman Fuad (petit-fils de Murad V), Monsieur Mehmed Ali Rauf (époux de la princesse Ayse), la princesse Ayşe Sıdıka (petite-fille d’Abdulmecid) et la princesse Selma (petite-fille de Murad V).
La dépouille du dernier calife Abdulmecid Efendi décédé en 1944 n’avait pas été acceptée par le gouvernement turc. Elle avait donc été accueillie par la Grande Mosquée de Paris durant dix ans avant d’être inhumée à Médine, dans le cimetière où repose le Prophète Muhammad.
[1] Je suppose que le journaliste fait référence à mon article. Il existe le très bel ouvrage sur ce cimetière de Marie-Ange d’Adler sur le cimetière de Bobigny, mais il ne traite pas de cet aspect précis.
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