Les Compagnons de la Libération inhumés à Paris

dimanche 17 novembre 2013
par  Philippe Landru

79 Compagnons de la Libération reposent dans Paris intra-muros. On les retrouvera par ordre alphabétique dans chaque cimetière.


Panthéon


- René CASSIN (1887-1976) : juriste français, il connut une longue et brillante carrière. Délégué à la Société des Nations, il refusa de siéger à Genève après sa dénonciation publique des accords de Munich. Il rejoignit De Gaulle à Londres en 1940 où il joua un rôle fondamental : C’est lui qui rédigea les accords Churchill - De Gaulle, définissant les relations de la France libre et de l’Angleterre. En 1941 il intègra le Comité national français en charge du gouvernement de la France libre. Il devint secrétaire permanent du Conseil de Défense de l’Empire, et, en 1943, Président du comité juridique du Gouvernement provisoire d’Alger. Il participa ensuite à la création de l’ENA, puis devint en 1959 membre de la Cour européenne des Droits de l’Homme, qu’il présida de 1965 à 1968. Il fut le promoteur de l’installation du siège de l’UNESCO à Paris, et le principal inspirateur et rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Au Conseil d’État, à l’Institut, au Conseil constitutionnel, à la Cour Européenne des Droits de l’Homme, à l’Institut international du droit des pays d’expression française, René Cassin, compagnon de la Libération, accumula les titres et les tâches qui lui valurent en 1968 le prix Nobel de la Paix. Enterré en 1976 au cimetière Montparnasse (dans la 5ème division), ses cendres furent transférées en 1987 au Panthéon de Paris.

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cénotaphe du cimetière Montparnasse
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Tombeau actuel au Panthéon

- Félix ÉBOUÉ (1884-1944) : natif de Cayenne, il devint, après son passage à l’Ecole coloniale, secrétaire général du gouvernement de la Martinique (1932), puis du Soudan (1934), avant d’être le premier noir gouverneur de la Guadeloupe (1938), puis du Tchad en 1938. Ayant rallié, dès août 1940, son territoire à la France libre, le général de Gaulle le nomma gouverneur-général de l’Afrique équatoriale française. Partisan d’une association entre la métropole et les territoires africains fondée sur l’égalité, il joua un grand rôle dans la préparation et la tenue de la conférence de Brazzaville (janvier-février 1944). Il mourut au Caire et ses cendres furent transférées au Panthéon en 1949, en hommage au rôle décisif qu’il joua dans la constitution de la France libre. Il fut fait Compagnon de la Libération.

- André MALRAUX (1901-1976) : bien qu’ayant arrêté ses études à 17 ans (il n’eut jamais son bac !), sa culture littéraire lui permit rapidement de travailler comme libraire. Il publia peu de temps après ses premiers articles et fréquenta le milieu artistique et littéraire parisien. En 1923, il partit pour le Cambodge à la suite de problèmes financiers, dans l’idée de rapporter des statues khmères : l’affaire tourna mal et, accusé, il passa quelques temps en prison. Libéré, il repartit pour Saïgon et s’engagea contre la colonisation en créant le journal l’Indochine, bientôt interdit par les autorités françaises. Après plusieurs voyages en Orient, André Malraux s’engagea contre le fascisme dès 1933 et commanda, en 1936, une escadrille lors de la guerre d’Espagne. Simple soldat, il fut fait prisonnier en 1940 mais s’évada rapidement. Il s’installa alors dans le sud de la France et ne s’engagea dans la Résistance qu’en 1944. Il fit une rencontre décisive en 1945, celle du général de Gaulle. Il devint en 1959 ministre d’État chargé des affaires culturelles, poste qu’il occupa 10 ans. On lui doit notamment la création des Maisons de la Culture. Au terme de sa carrière, Malraux rédigea ses principaux romans sur l’engagement et ses paradoxes : La Voie royale ou L’ Espoir. Inhumé au cimetière de Verrières-le-Buisson (91), ses cendres furent transférées au Panthéon en 1996.

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Tombeau (devenu cénotaphe) de Verrières-le-Buisson

- Jean MOULIN (1899-1943) : né d’un père professeur d’histoire, Jean Moulin fit ses études de droit à Montpellier, puis devint Secrétaire général de préfecture à Montpellier. En 1925, à l’âge de vingt-six ans, il fut le plus jeune sous-préfet de France. Il collabora notamment au cabinet ministériel de Pierre Cot. En 1938, il devint le plus jeune préfet de France d’Eure-et-Loir. Alors que la Seconde Guerre mondiale faisait rage, il voulut rejoindre l’armée mais il fut obligé de rester à son poste. Le 17 juin 1940, il refusa de se plier aux exigences des Allemands. Torturé et enfermé, il tenta de se suicider dans sa cellule en se tranchant la gorge, mais il fut sauvé in extremis. Révoqué par le gouvernement de Vichy, il s’enfuit en zone libre et prit contact avec les réseaux de résistance. Après avoir gagné Londres en 1941, il fut chargé par le général de Gaulle d’unifier la résistance en zone libre. Parachuté près d’Avignon avec des moyens de transmission, il adopta le pseudonyme Rex. En 1943, il parvint à fondre les organisations Combat, Libération et les Francs-tireurs dans les Mouvements unis de résistance (MUR). Il se fit appeler Max et devient le chef de la Résistance. Son travail aboutit à la constitution du Conseil national de la Résistance (CNR) dont il fut le premier président. Victime d’une trahison, il fut arrêté par la Gestapo à Caluire, puis emmené à Paris. Torturé, Jean Moulin mourut le 8 juillet 1943 dans le train qui le conduisait en Allemagne, sans jamais avoir parlé. Crématisé, ses cendres furent placées dans une case anonyme du columbarium du père-Lachaise (la 3857). Elles furent transférées au Panthéon en décembre 1964 et ce transfert donna lieu à un célèbre discours d’André Malraux. En 1981, lors de la cérémonie du Panthéon organisée pour François Mitterrand, il fut l’un de ceux sur lequel le nouveau président vint poser une fleur.


crypte des résistants de la chapelle de la Sorbonne


En bas à gauche de la nef, un escalier (que l’on ne peut malheureusement pas emprunter) mène à la crypte (où reposent en particulier les derniers Richelieu). Cette crypte est également signalée par un panneau quasiment illisible indiquant : « tombeaux des enseignants, étudiants et lycées résistants ». Ce répertoire du patrimoine funéraire de la Sorbonne ne serait effectivement pas complet si l’on ne mentionnait pas la présence dans cette crypte voûtée des tombes de dix enseignants et deux étudiants symbolisant l’héroïsme des universitaires au service de la France, et morts pour elle. Parmi eux figurent :

-  Jean CAVAILLÈS (1903-1944) : professeur puis maître de conférences de philosophie à Strasbourg, à Clermont-Ferrand puis à la Sorbonne à Paris, il entra dans la Résistance. Membre de « Libération-Nord », il fonda des groupes de Résistance en Belgique et dans le Nord de la France. Arrêté en 1943, il fut emprisonné à Fresnes puis à Compiègne avant d’être transféré à Arras. Condamné à mort par un tribunal militaire allemand, il fut fusillé à la Citadelle d’Arras. Enterré dans une fosse commune sous une croix de bois portant l’inscription Inconnu n° 5, ses restes furent exhumés et transférés ici. Il fut fait Compagnon de la Libération. C’est lui qui inspira le personnage de Luc Jardie, interprété par Paul Meurisse dans le film L’Armée des ombres de Melville.

- Stéphane PIOBETTA (1913-1944) : professeur agrégé de philosophie au lycée Voltaire à Paris, militant politique SFIO et résistant, il quitta la France pour aller rejoindre les Forces françaises libres en Afrique du Nord. Il prit part à la campagne d’Italie au sein de la 1re Division française libre, et fut tué dans les combats du Garigliano en mai 1944. Il fut fait Compagnon de la Libération à titre posthume. Il fut d’abord inhumé au cimetière divisionnaire de San Giorgio, puis ses restes furent transférés dans cette crypte.


crypte des Gouverneurs de l’église Saint-Louis-des-Invalides


- Le maréchal LECLERC (Philippe de Hautecloque : 1902-1947) : lieutenant de cavalerie avant 1940, il révéla déjà un grand nombre de qualités qui en firent l’un des plus grands officiers de la Seconde Guerre mondiale. Prisonnier deux fois de suite, il parvint à échapper aux Allemands : il rejoignit alors De Gaulle à Londres, et accomplit des opérations importantes (ralliements du Cameroun et du Tchad à la France Libre). Dans le désert, il prononça le serment historique de ne pas « déposer les armes tant que le drapeau français ne flottera à nouveau sur Strasbourg ». En janvier 1943, il rallia les troupes de Montgomery à Tripoli et participa à la campagne de Tunisie. Il forma alors la deuxième division blindée qui débarqua en Normandie, puis libéra Paris en août 1944, avant de marcher sur Strasbourg puis Berchtesgaden. Il représenta la France lors de la capitulation japonaise.

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Acte de naissance de Leclerc - Belloy Saint-Léonard.

La paix fut de courte durée : dès août 1945, il fut envoyé en Indochine. Prenant conscience de l’inéluctabilité de l’indépendance du Vietnam, il encoragea les pourparlers pour que celle-ci se fasse dans le cadre de l’Union française. Il mourut dans un accident d’avion, et fut nommé maréchal de France à titre posthume. Il fut inhumé dans la crypte du caveau des Gouverneurs des Invalides. Une plaque lui tient lieu de cénotaphe sur l’un des piliers de l’église Saint-Louis.

-  Ralph MONCLAR (Raoul Charles Magrin-Vernerey : 1892-1964) : officier français, il remporta en mai 1940, à Narvik en Norvège, ce que l’on a appelé « la seule victoire française de 1939-1940 ». À peine revenu en France, il rejoignit les Forces françaises libres en Angleterre. Participant aux opérations menées contre les forces de l’Axe en Afrique, il exerça divers commandements au Levant, participa à la pacification de la Syrie du nord et termina son séjour comme commandant supérieur des troupes du Levant. Il servit au Maghreb après la guerre, puis devint gouverneur des Invalides.

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Crypte des Invalides
Les cendres de Leclerc et Monclar sont côte à côte dans la première alvéole de la crypte.

cimetière des Batignolles


- Alfred HEURTAUX (1893-1985) : ancien pilote de la Première Guerre mondiale, il commanda l’escadrille des Cigognes. Député de la Seine-et-Oise entre 1919 et 1924, fortement nationaliste, il s’engagea dans la résistance après la défaite de 1940. Arrêté par les Allemandes, il fut détenu dans différentes prisons avant d’être déporté à Buchenwald où il fut libéré par les Alliés.

- Arnaud LANGER (1919-1955) : engagé dans l’armée de l’Air, il parvint à rejoindre l’Algérie, puis l’Angleterre en 1940. Il rejoignit les Force françaises aériennes libres et participa à plusieurs missions, tant en Afrique qu’au Moyen-Orient. Il mourut dans son avion frappé par la foudre au Tchad.

- Jacques LANGLOIS de BAZILLAC (1912-1950), qui servit en Afrique durant la Seconde Guerre mondiale et qui fut aide de camp de Leclerc.

- Aimé LEPERCQ (1889-1944) : ingénieur et industriel, il entra dans la Résistance et devint le premier commandant des FFI de Paris. Devenu ministre des Finances du premier gouvernement de De Gaulle, il lança « l’emprunt de la Libération » mais mourut deux mois plus tard dans un accident de voiture.

- L’aviateur Louis MASQUELIER (1898-1961), qui fut membre du groupe de bombardement Lorraine.

- Paul POSTAIRE (1915-1962) : entré dans la Résistance, affecté dans les chars, il fut envoyé en AEF, puis en Tripolitaine et en Tunisie. Il fit ensuite le débarquement en Normandie, puis participa à la libération de Paris.

- Le magistrat Maurice ROLLAND (1904-1988), qui dirigea un service de renseignements et collabora au journal Résistances, tout en assumant la direction du Parquet de Versailles (il se vit menacé d’arrestation pour n’avoir pas fait arrêter des communistes). Il prépara la réorganisation de la Justice pour l’après-guerre, particulièrement concernant l’épuration de la magistrature.

-  Gilbert VÉDY (1902-1944) : résistant français, il organisa dès juillet 1940 la Résistance à Cherbourg et ses environs. Il devint un des responsables du Mouvement C.D.L. (Ceux de la Libération). Après plusieurs liaisons dangereuses entre la France occupée, Londres et Alger, il fut arrêté par le Commissaire de Police des Grandes Carrières qui le livra pour interrogatoire à la Brigade Spéciale : il se suicida dans leurs locaux sans avoir parlé.

- André ZIRNHELD (1913-1942) : parachutiste largué en cyrénaïque, il avait pour mission de détruire le plus d’avions allemands possibles stationnés dans les aérodromes proches de Benghazi. Lors de l’une de ces expéditions, il mourut des suites de tirs de stukas. Il est connu pour avoir été l’auteur de la Prière du para que l’on retrouva dans un petit calepin qu’il gardait sur lui. Il fut inhumé par ses camarades en plein désert sur le rebord d’un oued, puis transféré en 1945 au cimetière militaire de Marsa Matruh. Son corps fut rapatrié ici par sa famille en 1955.


cimetière Montmartre


- Marie-Pierre KOENIG (1898-1970) : général français, son titre de gloire fut d’avoir à la tête de ses hommes sut résister à l’offensive de l’Afrika Korps en 1942 à Bir Hakeim, ce qui permit la réorganisation de l’armée britannique et la victoire d’El Alamein. Commandant des FFI en 1944, gouverneur de Paris après la Libération, il commanda de 1945 à 1949 la zone d’occupation française en Allemagne. Il exerça ensuite des fonctions politiques au sein du RPF de De Gaulle. Il fut fait maréchal de France à titre posthume en 1984, et fut donc le dernier à obtenir cet honneur.

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Acte de naissance de Marie-Pierre Koenig - Caen.

Il repose dans la 20ème division du cimetière Montmartre.

- Serge RAVANEL (Serge Asher puis Ravanel : 1920-2009) : ancien élève de polytechnique, c’est très jeune qu’il rejoignit la Résistance, dès 1941, et qu’il entra au mouvement de résistance Libération-sud dont il devint un « permanent » attaché au Comité directeur. Par trois fois arrêté, il parvint à s’échapper. Il anima et développa des groupes francs sur le territoire national. En zone sud d’abord, puis sur l’ensemble du territoire lorsque les MUR se transformèrent en Mouvement de Libération nationale (MLN) par fusion avec des mouvements de résistance de la zone nord à la fin de 1943.
A cette époque, il ne parvint pas à mettre sur pied une tentative de libération de Jean Moulin. Nommé par le général Koenig, le 6 juin 1944, chef régional de l’ensemble des forces militaires régionales de la Résistance qui étaient désormais réunies sous le nom de « Forces françaises de l’Intérieur », il fut chargé de la région de Toulouse où il organisa les réseaux et encouragea les guérillas. Il fut alors le plus jeune colonel français de la Seconde Guerre mondiale et participa à la libération de Toulouse, puis à celle d’autres villes en remontant vers le nord. Après des obsèques aux Invalides, il fut inhumé au cimetière Montmartre, dans la 17ème division.

- Mathieu ROGIER (1909-1975) : Installé en Afrique équatoriale française, il fut envoyé au Tchad en 1939 en tant que lieutenant de réserve, et fut affecté à la 7e Compagnie du Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad. Rallié à la France libre, il participa dès lors à la seconde campagne du Fezzan dans le désert de Libye avec la Colonne Leclerc puis aux opérations de Tripolitaine et de Tunisie. Il participa au débarquement en Normandie, puis à la libération de Paris au cours de laquelle il fut blessé ; prit part à la campagne des Vosges et termina la guerre en Allemagne.

- Paul-Jean ROQUÈRE (1916-1943) : officier de l’armée de l’Air engagé dans les FFL, il fut affecté au Groupe de bombardement « Lorraine » et participa aux campagnes de Libye. Il disparut en mer, son navire ayant été torpillé par un sous-marin italien. On ne récupéra pas son corps, mais le tombeau familial du cimetière Montmartre lui rend hommage.


cimetière Saint-Vincent de Montmartre


- Lazare PYTKOWICZ (1928-2004) : jeune résistant de 12 ans aux côtés de sa famille, il aida à distribuer des tracts contre l’occupant, dont celui appelant à la manifestation étudiante du 11 novembre 1940 à Paris sur les Champs-Élysées. En juillet 1942, le jeune Lazare, avec le reste de sa famille, fut arrêté lors de la rafle du Vél’d’Hiv mais parvint à s’échapper. Libre, il réintégra les rangs de la Résistance. Refusant de se « mettre au vert », il devint agent de liaison des groupes francs des Mouvements unis de résistance (MUR). En 1943, il fut arrêté par la Gestapo à Lyon. Il parvint de nouveau à s’échapper et rejoignit à Paris le Mouvement de libération nationale (MLN). En 1944, il fut arrêté une troisième fois par la Milice. Remis à la Gestapo, il s’échappa encore. Après la Libération, ses parents n’étant pas revenus d’Auschwitz, il fut pris en charge par des amis qui l’avaient déjà hébergé sous l’Occupation, et reprit ses études. Il rejoignit alors le PCF où il milita toute sa vie. Il fut fait Compagnon de la Libération et fut le plus jeune décoré de cet ordre de son vivant.


cimetière du Montparnasse


- Jacques BINGEN (1908-1944) : ingénieur, diplômé de l’Ecole des Sciences politiques, ce beau-frère d’André Citroën, dont il fut l’un des plus proches collaborateurs, devint après la mort de celui-ci en 1935, Directeur de la Société Anonyme de Gérance et d’Armement (SAGA). Rallié aux FFL en 1940, sa compétence pour les affaires maritimes le conduisit naturellement à être désigné pour diriger les services de la Marine marchande de la France libre à Londres. Travaillant en collaboration avec Jean Moulin, il fut volontaire pour servir dans les territoires occupés après l’arrestation de ce dernier. Il créa le Comité Financier (COFI) et travailla, en concertation étroite avec Georges Bidault, à la préparation du programme du CNR dont il obtint l’adoption. Grâce à son action, l’Armée Secrète (AS), l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA), les Francs-Tireurs et Partisans (FTP) ainsi que de nombreux groupes isolés, sont fusionnés en février 1944 pour former les Forces françaises de l’Intérieur (FFI). Victime de la trahison d’un agent double français de l’Abwehr, il fut arrêté en mai 1944. Il s’évada en assommant un des gardes chargés de sa surveillance mais, immédiatement repris, détenteur de secrets les plus importants de la Résistance, il préféra se donner volontairement la mort en avalant sa capsule de cyanure. Son corps ne fut jamais retrouvé, mais sa mémoire est inscrite sur le tombeau de famille, contiguë à celui de Citroën, dans la 28ème division.

- Emile BOLLAERT (1890-1978) : haut-fonctionnaire français (il fut préfet de la Lozère en 1929, de la Haute-Marne (1929-1931), des Vosges (1931-1932), puis du Rhône, il fut à plusieurs reprises chef de cabinet d’Édouard Herriot. Ayant refusé de prêter serment au maréchal Pétain, il fut relevé de ses fonctions. Revenu à Paris en 1941, il entra dans la Résistance. Il fut désigné dès 1942 comme le futur préfet de police de Paris puis comme commissaire à l’Intérieur à la Libération. « Beaudoin » (son pseudonyme de résistant) contacta le général de Gaulle, qui, par un décret du 1er septembre 1943, le nomme délégué général du Comité français de la Libération nationale auprès du Conseil national de la Résistance, pour remplacer Jean Moulin. En février 1944, Bollaert fut intercepté, avec Pierre Brossolette, sur la côte bretonne en cherchant à se rendre à Londres. Il fut déporté en Allemagne. Après son rapatriement, il fut désigné comme commissaire de la République à Strasbourg, puis fut nommé en 1947 haut commissaire de la République en Indochine, pour remplacer Thierry d’Argenlieu. Il y mena des négociations avec le Viet Minh, puis avec Bao Daï. Après la guerre, il présida le conseil d’administration de la Compagnie nationale du Rhône. Il repose dans la 13ème division.

- Claude BOURDET (1909-1996) : fils d’Édouard Bourdet, administrateur de la Comédie-Française et auteur dramatique, et de l’écrivaine Catherine Pozzi, il entra rapidement dans la Résistance et participa à la fondation de Combat avec Henri Frenay, dont il fut membre du comité directeur puis représentant en 1943 lors du départ de Frenay à Londres puis à Alger. Arrêté par la Gestapo, il fut déporté. À la Libération, l’expérience de la guerre le fit évoluer vers l’extrême-gauche et la recherche d’un socialisme non stalinien. Pacifique et anticolonialiste, il fonda en 1950, avec Gilles Martinet et Roger Stéphane, L’Observateur qui devient L’Observateur Aujourd’hui (1953) puis France Observateur (1954) et enfin le Nouvel observateur (1964). Claude Bourdet y défendit l’union de toutes les gauches autour d’une seule et même cause : la justice sociale. Il soutint aussi la lutte anti-coloniale, dénonça la répression à Madagascar et la torture en Algérie.
Claude Bourdet fut l’un des élus de l’Union de la gauche socialiste au Conseil de Paris, conseiller municipal du XIIIe arrondissement de 1959 à 1971. Il fut également l’un des fondateurs du Parti socialiste unifié (PSU) en avril 1960. Il repose sous une dalle d’une simplicité extrême dans la 29ème division (petit cimetière).

- Roger CARCASSONNE (1911-1991) : industriel pied-noir, il rejoignit immédiatement la Résistance. En mars 1941, à Oran, il rencontra Henri d’Astier de la Vigerie avec lequel il sympathisa immédiatement. Après plusieurs entrevues, les deux hommes décidèrent de créer un mouvement, qui regroupa tous ceux qui voulaient poursuivre le combat contre les Allemands. Il rencontra également José Aboulker, étudiant en médecine et fils du professeur Henri Aboulker, qui s’était également engagé dans la résistance. Les deux hommes décidèrent de se tenir au courant de leurs activités, sans toutefois fédérer leurs organisations respectives. Carcassonne à Oran, Aboulker à Alger, poursuivirent leurs activités centrées sur les opérations des groupes armés et sur le renseignement. En novembre 1942, lors du débarquement allié en Afrique du nord, en tant que chef régional de la résistance en Oranie, son action fut essentielle au succès des opérations. Il repose dans la 12ème division.

- Pierre DEJUSSIEU-PONTCARRAL (1898-1984), qui fut durant la Seconde Guerre mondiale l’un des créateurs des Forces françaises de l’intérieur. Chef de la résistance en Auvergne (il rejoignit le mouvement « Combat » en 1941), il fut désigné le 20 juillet 1943 pour succéder au général Delestraint à la tête de l’armée secrète, zone sud. Arrêté en mai 1944 par la Gestapo, il fut déporté. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il fut nommé chef de la mission d’inspection de l’armée de la subdivision de Toulon-Nice. Général de corps d’armée (1957), il commanda les forces terrestres de l’OTAN de 1957 à 1958. Il repose dans la 4ème division.

- Raymond DELANGE (1898-1976) : officier de l’Infanterie coloniale, il séjourna essentiellement en Afrique noire, au Soudan, en Mauritanie, au Sénégal et au Tchad. A la déclaration de guerre, il était commandant du groupe nomade des Confins tchadiens. Il prit une part capitale au ralliement du Congo à la France libre en s’emparant du palais du Gouverneur, ce qui lui valut d’être condamné à mort par le gouvernement de Vichy. Il participa ensuite au ralliement du Gabon, puis devint gouverneur et commandant militaire du Fezzan en janvier 1943. A l’été 1943, promu au grade de colonel, il prend le commandement de la 1ère Brigade de la 1ère Division française libre (1ère DFL) et la dirige pendant la campagne d’Italie, le débarquement en France et les combats dans les Vosges et en Alsace. Il repose dans la 25ème division.

- Daniel DREYFOUS-DUCAS (1914-1985) : ingénieur et officier, il participa comme adjoint du colonel Koenig à la campagne du Gabon en novembre 1940. Ensuite, de retour au Cameroun, il fut chargé de l’organisation et de la construction des batteries de défense côtière. Il prit part à la campagne de Libye, participa à la défense de Bir-Hakeim puis participa à la bataille d’El Alamein. Il participa ensuite à toutes les opérations de libération en Europe, de l’Italie aux Vosges. Ayant repris son métier d’ingénieur après la guerre, il occupa différents postes dans l’administration des Travaux Publics et fut en particulier le premier directeur du Port autonome de Paris. Il fut en outre député UNR de la Seine de 1958 à 1962. Il repose dans la 5ème division.

- Emile GINAS (1892-1975) : aviateur ayant participé à la Première Guerre mondiale, il fut contacté en 1941 par le mouvement « Ceux de la Libération » (CDLL) dont il devint rapidement membre du Comité directeur. Il fut arrêté et torturé par la Gestapo en 1944. Il repose dans la 1ère division.

- Alexandre GINS (1911-1973) : aviateur, il entra dans la Résistance et fut affecté à un squadron de bombardement. Il repose dans la 25ème division (petit cimetière).

- Gaston GUIGONIS (1913-1994) : aviateur engagé dans les FFL, il prit le commandement du Détachement d’aviation du Gabon - Moyen Congo et participa activement au ralliement de l’AEF en août 1940.Il repose dans la 17ème division (grand cimetière).

- Olivier HARTY de PIERREBOURG (1908-1973) : journaliste, il fit passer en zone nord les premiers journaux clandestins et assura le passage de personnalités de la Résistance et d’agents de liaison. Il sauva également de nombreux réfugiés politiques et fit passer à Londres puis à Alger des renseignements importants. Grâce à son action en 1942, plusieurs centaines d’enfants juifs furent sauvés de la déportation vers la Pologne. Il hébergea également dans son appartement lyonnais des Juifs en transit auxquels il fournit des faux-papiers. Au début de 1944, il tenta vainement d’organiser l’évasion de Pierre Brossolette de la prison de Rennes et prit part en août 1944 à la libération de Paris. Député de la Creuse (1951-1973), il fut élu maire de Guéret en 1971. Il repose dans la 1ère division.

- François d’HUMIERES (1922-1945) : issu d’une vieille famille aristocratique, trop jeune pour être mobilisé en 1939, il fut étudiant à l’Ecole libre des Sciences politiques, et y organisa des groupes de résistance dès 1942. Il organisa la lutte des étudiants contre le Service du travail obligatoire (STO) et le passage des réfractaires au maquis ou en Espagne. Il monta des opérations destinées à détruire les fiches de recensement des facultés de droit et de médecine. Il fut tué en janvier 1945 lors de la reconquête du village alsacien de Durrenentzen. D’abord inhumé à cet endroit, son corps fut ensuite rapatrié à Paris et inhumé ici, dans la 25ème division (grand cimetière).

- François JACOB (1920-2013) : biologiste et professeur, François Jacob concentra tous les titres et tous les honneurs : prix Nobel de médecine en 1965, professeur titulaire de la chaire de génétique cellulaire au Collège de France (1965-1991), ce Compagnon de la Libération, membre de l’Académie des sciences (1977) et de l’Académie française (1996), avait été, de 2007 à 2011, chancelier de l’ordre de la Libération, 16e personnage de l’Etat dans l’ordre protocolaire. Résistant, il avait participé aux campagnes du Fezzan, en Libye, de Tripolitaine, de Tunisie et de France. Il dut renoncer à la chirurgie en raison de ses blessures de guerre. Il se tourna alors vers la biologie, effectuant toute sa carrière à l’Institut Pasteur. Ses recherches sur la génétique bactérienne et les circuits de régulation lui valurent d’innombrables récompenses scientifiques, dont le Nobel, conjointement avec André Lwoff et Jacques Monod. Il laissa plusieurs ouvrages, dont La Logique du vivant (1970). Mort il y a peu de temps, les inscriptions de sa tombe sont déjà quasiment illisibles ! Il repose dans la 28ème division du cimetière.

- Paul JONAS (1898-1958) : officier engagé, il avait été gazé lors de la Première Guerre mondiale. Prisonnier en Allemagne, libéré en 1941, il rejoignit immédiatement la Résistance. Il rejoignit la 1ère Division française libre en Libye et prit part aux combats de Tunisie, en Italie puis en France : débarqué en août 1944, il se distingua lors de la prise de Toulon. Il repose dans la 30ème division.

- Jean-Pierre LÉVY (1911-1996) : entré dans la résistance à Lyon dès septembre 1940, il participa aux activités du groupe France-Liberté, à partir de janvier 1941, en rédigeant et diffusant des tracts antiallemands et en recherchant des imprimeurs et des fonds. Il fut le co-fondateur en 1941 du mouvement Franc-Tireur. En février 1943, il participa à la création des Mouvements unis de Résistance (MUR) avec les mouvements Combat et Libération. Il fut après la guerre un membre influent du Conseil de l’Ordre de la Libération. Il repose dans la 8ème division.

- André LICHTWITZ (1899-1962) : médecin personnel de Paul Reynaud, enrôlé pendant la guerre, il chercha à constituer un des tout premiers mouvements de résistance en France. Il soigna de Gaulle en 1942 d’une crise aigüe de paludisme, puis rejoignit la Libye où il se distingua à El Alamein. Nommé médecin commandant, il prit part en 1943 à la campagne de Tunisie puis à celle d’Italie. Il quitta après la guerre l’enseignement clinique pour la recherche et fonda le Centre du métabolisme phosphocalcique à l’Hôpital Lariboisière tout en étant le médecin personnel du général de Gaulle. Il repose dans la 12ème division.

- Gérard MARSAULT (1912-2000) : après avoir participé aux combats d’El Alamein et à la poursuite de l’ennemi jusqu’à la libération de la Tunisie, il intervint en Italie et en France où il joua un rôle important dans la prise de Toulon. Officier, il termina sa carrière au grade de général. Il repose dans la 26ème division (grand cimetière).

- Jean NANTERRE (1907-1996) : engagé volontaire, il servit en Tripolitaine, puis dans la campagne de Normandie en juin 1944. Il participa également à la prise de Berchtesgaden. Il repose dans la 25ème division (petit cimetière).

- Pierre OLIVIER (1904-1945) : neveu du politicien Paul Reynaud, engagé dans les FFL dès 1940 alors qu’il dirigeait à Bangui une importante société d’import-export, il prit part à la campagne du Gabon, au débarquement en Provence en août 1944 puis à la campagne des Vosges puis à celle d’Alsace. Il fut mortellement blessé, quelques jours avant la capitulation allemande, par l’éclatement d’une mine dans un petit hameau italien. Il fut inhumé avec son oncle dans la chapelle Alexandre Reynaud en bordure de la 22ème division.

- Georges REBATTET (1907-1976) : officier français, il adhéra au mouvement de résistance Combat où il devint officier de liaison auprès de mouvements de résistance de zone nord. A ce titre, il fut l’un des artisans de la création des Forces françaises de l’Intérieur (FFI). Il repose dans la 29ème division (petit cimetière).

- André RONDENAY (1913-1944) : jeune officier français fait prisonnier en 1940, il ne parvint à s’évader qu’en 1942, puis à rejoindre le Royaume Uni via le Portugal qu’en 1943. Volontaire aussitôt pour des missions spéciales, il fut affecté au Bureau central de renseignements et d’action (BCRA). En février 1944, il devint délégué militaire de la région parisienne, soit onze départements. Dès la prise de ses fonctions, il se confirma un organisateur de tout premier plan. C’est ainsi qu’il étudia et réalisa le sabotage de nombreuses usines évitant ainsi des bombardements aériens qui auraient nécessairement causé des pertes en vies françaises. Arrêté en juillet 1944 à Paris, il fut assassiné par la Gestapo. Il repose dans la 8ème division.

- Jean ROSENTHAL (1906-1993) : engagé dans la Résistance en fin 1942, il fit plusieurs missions dans la France occupée. A l’occasion de l’une d’elle, il participa à la défense du plateau des Glières et, après l’ordre de repli donné au maquis le 26 mars 1944, s’attacha à préparer la libération de la Haute-Savoie. Après la guerre, il assuma des responsabilités importantes au sein de la communauté juive comme président du CRIF et de l’Association Unifiée des Juifs de France. Il repose dans la 25ème division dans une très belle chapelle totalement anonyme de l’extérieur.

- Jean-Pierre ROSENWALD (1920-1942) : abandonnant des études d’ingénieur, il gagna la Résistance et s’engagea dans les FFL. Envoyé au Congo, puis en Syrie et en Libye, il prit part à la campagne de Libye et à la défense de Bir-Hakeim. C’est là qu’il fut fauché par un éclat d’obus. Il fut inhumé le soir même, pendant une accalmie, avec les honneurs militaires dans le cimetière de Bir-Hakeim. Son corps fut ensuite transféré au cimetière de Tobrouk. Une plaque du tombeau de famille de la 5ème division de Montparnasse lui rend hommage (chapelle Albert Gutmann).

- Jean-Louis SOURBIEU (1903-1957) : installé au Congo, il se rallia à la Résistance en même temps que la colonie. Il fit la campagne d’Erythrée, celle de Syrie, puis servit en Libye et en Tunisie. Il participa au Débarquement en Normandie. Il repose dans la 13ème division.

- Jean STARCKY (1909-1988) : prêtre, professeur d’Ecriture sainte à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et curé de Palmyre, il refusa l’armistice et s’engagea volontairement dans les Forces françaises libres fin août 1941, au lendemain de la campagne de Syrie. Aumônier de l’armée, il servit en Tunisie, débarqua en Italie, puis fit la campagne de France. Après la guerre, il fut professeur au Grand Séminaire de Meaux et membre, de 1945 à 1949, de l’Institut français d’Archéologie de Beyrouth. De 1948 à 1952, il fut professeur à l’Institut catholique de Paris et parallèlement chercheur au CNRS de 1949 à 1978 spécialisé dans les études épigraphiques en Syrie et en Palestine. A partir de 1952 il participa au déchiffrement et à l’interprétation des « manuscrits de la Mer Morte ». Il repose dans la 3ème division.

Il est également à noter que dans la 30ème division de ce cimetière figure la tombe de Lucien Cohn (1895-1969), dit Compagnon de la Libération mais ne figurant pas sur les listes officielles de l’Ordre.


cimetière de Passy


- Blaise ALEXANDRE (1920-2005) : envoyé au Levant, il servit en Libye, en Egypte puis en Tunisie auprès de Leclerc. Il prit part par la suite à la Campagne de France. Il repose dans la 6ème division du cimetière.

- Pierre de BÉNOUVILLE (1914-2001) : royaliste, catholique traditionaliste fidèle de Mgr Lefebvre, ancien camelot du roi, un temps proche de La Cagoule, il participa aux émeutes du 6 février 1934. Il rompit avec l’Action française à la fin 1938, car elle se déclarait favorable aux accords de Munich, alors que Bénouville, nationaliste intransigeant, y était hostile. Prisonnier en 1940, il s’évada. Maréchaliste dans un premier temps, il partit clandestinement pour l’Afrique du Nord, puis rejoignit la Résistance : il y fut l’ami de Frenay et de François Mitterrand. Lors de la création des Mouvements Unis de la Résistance (MUR), Bénouville devint membre de leur comité directeur. Son rôle dans l’arrestation de Jean Moulin, son rival dans la Résistance, n’est pas clair. Fait Compagnon de la Libération, le général de Bénouville s’engagea dès la fin de la guerre en politique aux côtés de De Gaulle. Membre du Conseil de Direction du RPF en 1949, député gaulliste d’Ille-et-Vilaine entre 1951 et 1956, et de 1958 à 1962, puis de Paris entre 1970 et 1993, c’est lui qui en 1988, un mois avant l’élection présidentielle, une rencontre entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen pour discuter de l’entre-deux tours. Pierre de Bénouville mena parallèlement une carrière dans le secteur privé. Il fut en particulier directeur de Jours de France de 1954 à 1967. Il fut inhumé au cimetière de Passy dans un premier caveau...
... puis dans un second caveau, spécialement aménagé sur ses instructions, pour lui et ses deux fidèles amis, anciens de la 17ème section des Camelots du Roi, dont :

- Michel de CAMARET (1915-1987), qui rejoignit la Résistance, en compagnie de Pierre de Bénouville. Il rejoignit Londres en 1942, où il est intégra les Forces aériennes françaises libres. Il fut lui aussi décoré de l’Ordre de la Libération. Il participa à la guerre d’Indochine puis mena une carrière diplomatique (il fut en particulier ambassadeur de France au Conseil de l’Europe et ambassadeur en Birmanie). Membre du Front national, il en fut élu député européen en 1984.

- François DELIMAL (1922-1944). Jeune résistant, il effectua de nombreuses missions de renseignement, de transport et de parachutages en Champagne. Arrêté, il se suicida pour ne pas parler. Son corps fut incinéré au cimetière du Père Lachaise, le 24 mars 1944 en même temps que celui de Pierre Brossolette. Après la guerre, ses cendres furent transférées au cimetière de Passy, dans cet actuel tombeau de la 10ème division.

- Christian GIRARD (1915-1985), qui fut l’aide de camp du futur Maréchal Leclerc qu’il suivit depuis les opérations du Tchad jusqu’à la prise de Berchtesgaden. Il devint par la suite diplomate et fut en particulier ambassadeur de France au Kenya. Il repose dans la 6ème division du cimetière.

- André JANNEY (1905-1985) : engagé dans les FFL en juin 1942, il rejoignit la Force L du général Leclerc en Tunisie en mai 1943. Il prit part à tous les combats de son unité à partir du débarquement de la 2e DB en Normandie en août 1944. Il prit part à la Libération de Paris, puis à celle des Vosges. Il repose dans la 9ème division.

- Maurice KAOUZA (1911-1986), qui fut arrêté en 1940 au Sénégal où il se démenait à faire de l’activisme pour faire tomber la colonie dans la Résistance. Arrêté, il passa plusieurs mois dans diverses prisons en France et en Espagne. Il parvint à rejoindre la France libre et participa à la libération de la Corse. Il participa ensuite à celle de la Normandie, puis de Paris. Préfet de Police adjoint à la Préfecture de Paris, puis député à l’Assemblée consultative provisoire en 1944, il fut entre 1945 et 1946 député du Soudan Niger à l’Assemblée constituante. Il repose dans la 12ème division.

- Raymond LEROY (1908-1943) : à Brazzaville dès le mois d’octobre 1940, affecté au cabinet du Haut-commissaire de l’Afrique française libre, le colonel puis général de Larminat, il en devint l’interprète et le conseiller. Il participa à l’installation des troupes françaises à Bir Hakeim mais il fut retenu à l’hôpital par une infection au moment des combats, ne pouvant ainsi prendre part à la bataille d’El Alamein en octobre 1942. Il fut tué par un éclat de grenade en mai 1943. Inhumé à Takrouna, son corps fut rapatrié en 1949 à Paris et repose dans la 12ème division de ce cimetière.

- Charles LUIZET (1903-1947) : Saint-cyrien, il servit au Maghreb des années 20 à 1939 et participa à la pacification du territoire au cours de la guerre du Rif. Il devint, en juin 1940, l’administrateur français de la zone internationale de Tanger. Il rejoignit immédiatement la Résistance où De Gaulle lui demanda de rester à son poste pour devenir un agent de renseignements dans la perspective de faire de Tanger une tête de pont pour un futur débarquement. En 1943, il fut nommé préfet de la libération de la Corse et organisa, en plein combat (la Corse était encore occupée par les Allemands et les Italiens), au nom du CFLN, la remise en route de l’administration du premier département français libéré. Il accueillit De Gaulle à Ajaccio. Nommé préfet de police de Paris, il parvint à rallier la capitale, à prendre possession de sa préfecture, puis de « tenir la position » jusqu’à l’arrivée des troupes lors de la libération de Paris. En mai 1947, il fut nommé Gouverneur général de l’AEF et partit pour Brazzaville. Pris de malaise au cours d’une inspection au Tchad, il mourut peu après. Il repose dans la 9ème division.

- Gaston PALEWSKI (1901-1984) : attaché politique du cabinet du maréchal Lyautey à Rabat, puis, à partir de 1928, directeur de cabinet de Paul Reynaud, c’est dans cette fonction qu’il rencontra, en 1934, le futur général de Gaulle, qu’il rejoignit dès 1940. Il participa ensuite aux combats contre les Italiens en Éthiopie. Il fut directeur du cabinet du général de Gaulle de 1942 à 1946, puis fut élu en 1951 député RPF de la Seine. Ministre délégué auprès du président du conseil Edgar Faure chargé des affaires atomiques, des affaires sahariennes et de la coordination de la Défense en 1955, il fut promoteur du second plan atomique, mais démissionna en octobre 1955, en désaccord avec la politique du gouvernement en Algerie. C’est sans doute dans ce cadre qu’il contracta la leucémie qui devait l’emporter. Ambassadeur de France en Italie de 1957 à 1962, il fut appelé en 1962 par Georges Pompidou au poste de ministre d’État chargé de la Recherche scientifique et des questions atomiques et spatiales. De 1965 à 1974, il fut président du Conseil constitutionnel, puis fut élu en 1968 membre de l’Académie des beaux-arts. Il repose dans la 11ème division

- Henri SERIZIER (1916-1952) : rallié à la France Libre dès décembre 1940, il participa avec le Régiment de Tirailleurs Sénégalais du Tchad aux opérations du Fezzan en février et mars 1942, puis à celles du Sud libyen. Il combattit ensuite en Tunisie. Il fut ensuite affecté dans ce qui allait devenir la 2e Division blindée. Débarqué en Normandie, il termina la guerre au repaire d’Hitler à Berchtesgaden. Il repose dans la 8ème division.

- Le médecin Adolphe SICÉ (1885-1957), qui fit l’essentiel de sa carrière en Afrique. Rallié à De Gaulle en 1940, il fut l’un des plus ardents promoteurs du ralliement de l’AEF à la France libre. Condamné à mort par le gouvernement de Vichy, il prépara avec le colonel Leclerc l’épopée du Tchad jusqu’à Tripoli. Après la guerre, il devint président de la Croix Rouge française puis titulaire de la chaire de l’Institut de médecine tropicale de l’Université de Bâle en Suisse. Il fut désigné en 1952 par le Conseil de la République pour siéger à l’Assemblée de l’Union française. Inhumé à Toulon, il fut plus tard transféré dans ce cimetière, dans la 9ème division.


cimetière du Père Lachaise


l existe, dans la 88ème division du Père Lachaise, un tombeau collectif destiné aux Compagnons de la Libération. Plusieurs femmes s’y firent inhumer, dont l’épouse du Compagnon Henri Marais [1], celle de Louis Cortot, ou encore celle de Fred Moore,

Pendant longtemps, aucun Compagnon ne s’y fit inhumer. Entre 2017 et 2018, quatre Compagnons parmi les derniers survivants s’y firent inhumer :

-  Louis CORTOT (1925-2017) : entré dans la Résistance à 15 ans, en contact avec l’Organisation spéciale (OS) du Parti communiste, il manifesta son désir de participer à l’action directe ; il commença par récupérer des armes, couper des lignes téléphoniques et distribuer des tracts. C’est dans l’usine dans laquelle il travaillait qu’il confectionna les bombes qu’il utilisa lors de ses nombreuses missions. Il retourna à la vie civile après la guerre d’abord comme ajusteur, puis dans la branche aéronautique chez Dassault.

-  Constant ENGELS (1920-2018) : étudiant belge, il s’engagea dans les FFL et fut incorporé dans l’artillerie où il participa aux opérations de Dakar et du Gabon, puis à la campagne d’Erythrée contre les Italiens. Il combattit ensuite en Syrie puis en Libye (il fut blessé à Bir-Hakeim). Il travailla après la guerre au Commissariat à l’Energie Atomique.

-  Fred MOORE (1920-2017) : engagé dans les FFL au titre des Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL), il prit part à l’expédition de Dakar en septembre 1940. Envoyé ensuite au Levant, puis affecté chez les Spahis Marocains, il combattit en Egypte, en Libye puis en Tunisie. Le 10 avril 1944, il embarqua à Oran avec son unité à destination de l’Angleterre. Il débarqua en Normandie avec la 2ème D.B. Lors de la libération de Paris le 25 août 1944, il prit une part active à la prise de l’Ecole Militaire. Ce furent ensuite les Vosges, puis la campagne d’Allemagne. Il intervint encore sur le front de La Rochelle. Elu député de la Somme en 1958, Conseiller technique au cabinet du Ministre de l’Industrie (1962 à 1964), membre du Conseil Economique (1964-1966), il démissionna de toutes ses fonctions politiques en 1969 et se consacra à son métier d’opticien. Il fut chancelier de l’Ordre de la Libération.

- Claude RAOUL-DUVAL (1919-2018) : aviateur, il devint pilote de chasse dans les Forces aériennes françaises libres. Il participa à plusieurs missions en Libye, fut abattu par un chasseur allemand au-dessus du Havre (mais réussit à sauter en parachute). A sa mort, il était le dernier représentant vivant des Forces aériennes françaises libres parmi les compagnons de la Libération. Les honneurs militaires lui furent rendus aux Invalides. Sa sœur fut l’épouse de Roger Nimier.

- François d’ASTIER DE LA VIGERIE (1886-1956) : pilote de chasse, il commanda plusieurs escadrilles durant la première guerre mondiale et obtint cinq victoires homologuées et sept citations. Après avoir accompli plusieurs missions à l’étranger comme attaché de l’Air, il prit part de 1926 à 1930 à des opérations de guerre au Maroc où il assura le commandement du centre de Fez et celui du groupement d’aviation du Sud. Son action lui valut d’être promu lieutenant-colonel et de recevoir deux nouvelles citations. Général de brigade aérienne en 1936, il fut promu en 1939 général de corps aérien et fut placé à la tête des forces aériennes françaises sur le front nord . En mai et juin 1940 il dirigea la bataille aérienne de France. Partisan de replier l’aviation en Afrique du Nord pour continuer la lutte, il fut relevé de son commandement et envoyé au Maroc. Il entra dans la Résistance dès l’automne 1940 et rejoignit le général de Gaulle à Londres en novembre 1942. Le 19 décembre 1942 à Alger, il donna à son frère Henri d’Astier de La Vigerie ainsi qu’au comte de Paris l’ordre d’exécuter Darlan. Après le départ à Alger du général de Gaulle, il fut nommé commandant supérieur des troupes françaises en Grande Bretagne, puis fut chargé, en 1944 d’étudier et de préparer la participation militaire française aux futures opérations de débarquement. Ambassadeur de France à Rio de Janeiro jusqu’en 1946, il milita ensuite politiquement en faveur du retour au pouvoir du général de Gaulle jusqu’à sa mort. Il fut fait, tout comme ses deux frères Henri et Emmanuel d’Astier de La Vigerie, Compagnon de la Libération. Il repose dans la 10ème division où sa tombe est indiquée par une grande stèle portant le nom de Chobert.

La plupart des sites se trompent en indiquant sa présence dans la chapelle en bordure de division qui porte effectivement le nom de d’Astier de la Vigerie, mais qui renferment la dépouille de son oncle, Emmanuel Raoul d’Astier de la Vigerie (1845-1911), et celles de sa descendance.

- Pierre BRISDOUX GALLONI D’ISTRIA (1914-1944) : docteur en droit, il rejoignit l’aviation en 1939 et, après plusieurs essais, s’engagea dans les Forces aériennes françaises libres. Il intégra en 1941 le groupe de chasse Alsace, avec lequel il fit les campagnes de Syrie et de Libye en 1942. Il participa au débarquement, mais fut abattu lors d’une attaque sur le quartier général de l’organisation Todt près d’Utrecht. D’abord inhumé au cimetière hollandais d’Amersfoort, son corps fut ensuite définitivement transféré au Père Lachaise, dans la 97ème division.

- Pierre BROSSOLETTE (1903-1944) : professeur et journaliste au Populaire, Pierre Brossolette s’efforça au cours des années 30 d’alerter l’opinion publique sur la montée du fascisme. Il participa aux combats de 1940, puis entra en contact avec le groupe du musée de l’homme et participa au journal ’Résistance’. Ses vives critiques à l’égard de la Troisième République, qu’il rendait responsable de la défaite, lui valurent l’opposition des partis, soucieux de leur propre survie. Ainsi s’opposèrent a posteriori l’image d’un Jean Moulin homme d’État proche du radicalisme d’avant-guerre, défenseur des valeurs républicaines et de la démocratie voire du statu quo, face à celle, complexe, d’un Pierre Brossolette homme politique certes visionnaire, précurseur du gaullisme bien que socialiste, dénonciateur féroce du danger fasciste et communiste avant la guerre mais partisan de méthodes radicales voire révolutionnaires. Arrêté le 3 février 1944 et envoyé à la prison de Rennes, il y fut torturé par la Gestapo. De peur d’indiquer le nom de ses camarades, il se suicida. Si Brossolette, dans l’immédiate après-guerre, pouvait encore être considéré par beaucoup comme la principale figure de la Résistance de par son action en Zone occupée (Paris) et de par sa notoriété d’homme public, l’entrée au Panthéon des cendres de Jean Moulin en 1964 le relégua à une place de héros d’un parti. Il fut néanmoins fait Compagnon de la Libération. Crématisé, ses cendres furent déposées, ainsi que celles du résistant François Delimal, dans une case anonyme (la 3920 ou 3913). Il fut panthéonisé en 2015.

-  Daniel CORDIER (Daniel Bouyjou-Cordier : 1920-2020).
Après avoir été membre de la Fédération nationale des Camelots du roi, il s’engagea dans la France libre dès juin 1940. Secrétaire de Jean Moulin en 1942-1943 — au contact de qui ses opinions évoluèrent vers la gauche —, il consacra à celui-ci une biographie en plusieurs volumes d’une grande portée historique. Après la guerre, il fut marchand d’art, critique, collectionneur et organisateur d’expositions, avant de se consacrer à des travaux d’historien et de militer pour la cause homosexuelle. Lors de sa mort, à 100 ans, il était l’un des deux derniers compagnons de la Libération encore en vie. Il repose dans la 27ème division.

- Jan DOORNIK (1905-1941) : résistant d’origine néerlandaise, il fut chargé par le SR de la France Libre de reconnaître les installations de la Kriegsmarine sur la côte française. Après avoir mis sur pied la première liaison radio avec la France Libre, grâce aux membres du réseau Nemrod, il fut arrêté avec Barlier et d’Estienne d’Orves. Il fut fusillé au Mont Valérien. Il fut inhumé dans une chapelle de la 61ème division qui fut restaurée en 1996 grâce à des dons néerlandais.

- Constantin FELDZER (1909-1988) : officier d’aviation, il ne parvint pas à rejoindre la résistance avant 1942 (il fut emprisonné à plusieurs reprises). Affecté au Groupe de chasse Normandie Niemen, en opération en URSS, il fut encore fait prisonnier après dans les camps allemands. Il repose dans la 94ème division du cimetière.

-  Guy FLAVIEN (1920-1945) : élève ingénieur, il entra dans la Résistance et parvint à échapper au STO : affecté en août 1943 à l’Office Régional du Travail (ORT) de Paris, il obtint de se faire confier le service éminemment dangereux mais extrêmement efficace des « cartes de travail » et des « régularisations d’emploi ». Il réussit à créer un véritable centre de résistance, grâce à des complicités dans tous les services, et travailla au profit des divers organismes de résistance. Guy Flavien parvint à arracher ainsi des milliers de français à la déportation en Allemagne et, par la fourniture de faux-papiers, à leur permettre de pouvoir survivre en touchant leurs tickets de ravitaillement. Arrêté en 1944, il est déporté à Buchenwald. Il y mourut quelques jours avant la libération du camp. Sa dépouille, jetée au charnier de Leau par les SS, fut exhumée par les Américains pour être inhumée au cimetière allemand de Leau Plomnitz. Il ne repose donc pas au Père Lachaise mais la tombe familiale rappelle sa mémoire dans la 28ème division du cimetière : il est représenté sur un médaillon en bronze par M. Delannoy. Un collège porte son nom dans le XIIe arrondissement de Paris.

- Michel FOURQUET (1914-1992) : aviateur, il communiqua des renseignements couvrant l’aéronautique et recruta des personnels pour le réseau « Alliance » jusqu’à la fin de 1942, puis rejoignit l’Angleterre. Il se signala particulièrement en menant l’opération historique de projection d’écrans de fumée sur la côte normande lors du débarquement allié le 6 juin 1944. Il poursuivit après la guerre sa carrière dans l’aviation. Il repose dans la 32ème division.

- Jean-Louis GAROT (1916-1990) : engagé dans la Résistance dès juin 1940, il devint instructeur des élèves officiers. Dans le même temps, il se forma à l’aviation. Il assura dès lors le commandement de nombreuses escadrilles. Après la guerre, devenu général, il fut affecté à l’Etat-major du commandement suprême allié en Europe (SHAPE). Il repose dans une chapelle de famille de la 26ème division, dans laquelle repose également l’homme de lettres Roland Lebel (1893-1964).

- Arthur GIOVONI (1909-1996) : enseignant communiste, il fut une courroie essentielle du développement de la Résistance en Corse. Après la guerre, il fut maire (1945-1947) puis député d’Ajaccio à la Constituante puis à l’Assemblée législative (1945-1956), tout en étant membre du Comité central du Parti communiste français. Il fut crématisé au Père Lachaise : on ignore ce que ses cendres sont devenues.

- Jean de GOUJON de THUISY (1915-1944) : aviateur, il rejoignit l’Angleterre en juin 1940. Il participa à la prise du Gabon, puis fut affecté au Groupe de Bombardement « Lorraine » dès sa création en septembre 1941. Il participa aux opérations de soutien de l’armée britannique en Libye. Il mourut en percutant une colline au Pays de Galles. Inhumé à Chester, ses restes furent transférés en 1949 dans la 94ème division du Père Lachaise.

- Georges JOUNEAU (1902-1981) : garagiste engagé dès la première heure dans la Résistance, il camoufla, au prix des pires dangers et de grosses difficultés, toute sorte de matériel militaire au profit des groupes armés de la Résistance dans la région lyonnaise. Pendant des mois, il ravitailla en armes, en munitions, en véhicules, en essence, et en équipements divers, les maquis de Savoie, de l’Ain et du Vercors. Traqué et recherché par la Milice et la Gestapo, il échappa de justesse à plusieurs arrestations. Il rejoignit en juin 1944 le maquis du Vercors. Il repose dans la 88ème division du cimetière.

- Pierre LANGLOIS (1917-2013) : rallié aux FFL en juin 1940, il prit part à la prise de Libreville au Gabon en novembre 1940 avant de combattre avec la Brigade française d’Orient en Erythrée contre les Italiens. Il se battit en Syrie, en Libye et en Tunisie, et participa aux campagnes de libération, de l’Italie à l’Alsace. Après la guerre, il intervint encore en Indochine, puis en Algérie. Général de corps d’armée en 1973, Pierre Langlois exerça les fonctions de gouverneur militaire de Metz (1973-1975) puis de conseiller du ministre de la Défense jusqu’en mars 1977. Il repose dans la 42ème division du cimetière, dans la tombe Marigniez.

- Jacques LECOMPTE-BOINET (1905-1974) : fonctionnaire dans les services financiers de la Préfecture de la Seine, il s’engagea également dans la Résistance. Organisateur de réseaux, il participa à la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR), le 27 mai 1943. Passé à Londres en octobre 1943 puis à Alger, pour participer à la première session de l’Assemblée consultative, il devint en 1944 pendant quelques jours ministre des Travaux publics. Après la guerre, il devint ambassadeur (Colombie, Finlande, Norvège). De 1955 à 1961, il occupa également les fonctions de délégué de la France au Conseil de l’Europe puis. Il repose dans le même tombeau, dans la 44ème division, que son beau-frère, Stanislas Mangin qui suit.

- Stanislas MANGIN (1917-1986) : ancien élève de Saint-Cyr comme son père, le général Charles Mangin, il entra dans la Résistance où il fut chargé du renseignement. Il participa également à la libération de l’Italie, puis de la France. Il fut après la guerre haut fonctionnaire, en particulier Maître des requêtes au Conseil d’État puis conseiller d’État. Sa mémoire est évoquée dans le tombeau familial de la 8ème division du cimetière Montparnasse, mais c’est bien dans un caveau de la 44ème division du Père Lachaise qu’il repose, avec son beau-frère également Compagnon de la Libération.

- Henri MANHES (1889-1959) : ancien combattant de la Première Guerre mondiale, militant syndical, membre des Croix de feu et franc-maçon, il prit contact en 1940 avec Jean Moulin qu’il connaissait et entra très rapidement dans la Résistance. Il travailla à ses côtés en qualité d’adjoint à l’organisation de la résistance française en zone non occupée, s’attachant plus particulièrement au recrutement du personnel, à la recherche des terrains d’atterrissage, à la propagande anti-vichyssoise jusqu’en mai 1942. Arrêté, torturé, condamné à mort puis déporté à Buchenwald, il y créa le Comité des intérêts français et des groupes d’autodéfense rassemblés sous le titre générique de « Brigade française d’Action libératrice », dont le but était, le moment venu, d’entrer en lutte avec les SS pour s’opposer à l’extermination des français. Il repose dans le caveau collectif de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes dans la 97ème division.

- Christian MARTELL (Lucien Montet : 1914-1945) : engagé dans l’aviation, apprenant l’Armistice au Maroc, il ne parvint en Angleterre qu’après bien des péripéties. Il fut affecté sous les ordres de René Mouchotte, au Groupe de Chasse « Alsace » dont il commanda l’Escadrille « Strasbourg ». Il s’y illustra, en particulier en abattant le grand as allemand, le major von Graff. Le 31 août 1945, alors qu’il décollait pour aller observer le travail des patrouilles à l’entraînement Christian Martell s’écrasa près de sa base, victime d’une défaillance moteur. Il repose dans la 62ème division du cimetière. Dans ce même caveau repose une des filles du peintre Picabia, Laure.

- René MOUCHOTTE (1914-1943) : un des premiers aviateurs à rejoindre l’Angleterre en 1940 depuis Oran via Gibraltar, Mouchotte devint l’un des grands pilotes des Forces Aériennes Françaises Libres. Il fut en outre un des premiers étrangers à être nommé flight commander (chef d’escadrille) dans la RAF. Il participa à la création du groupe de chasse Île-de-France, puis le groupe Alsace, où il commanda notamment Pierre Clostermann. C’est aux côtés de ce dernier qu’il fut abattu le 27 août 1943. Son corps fut retrouvé sur une plage belge. Il fut inhumé en 1949 au cimetière dans la 69ème division.

-  Edmond NESSLER (1907-2004) : journaliste, il rejoignit l’Angleterre en 1941. Il participa à la campagne de Libye, puis à celle de la Tunisie. Il combattit en Italie puis participa à la libération de la France. Il reprit après la guerre sa carrière de journaliste : il fut en particulier envoyé spécial du Monde, puis directeur des Cahiers de l’Algérie Nouvelle (1960-1962). Député UNR-UDT de l’Oise de 1962 à 1978, Edmond Nessler fut, de 1974 à 1977, Président de l’Assemblée de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), seule compétente en matière de Défense. Ses cendres se trouvent au columbarium, dans la case 19056.

- Alexandre PARODI (1901-1979) : il fut un des hauts fonctionnaires qui suscitèrent et fédérèrent la résistance. Fondateur ou dirigeant de plusieurs instances de la résistance intérieure, il devint en mars 1944 délégué général du Comité de libération nationale en France occupée. Ministre des territoires libérés en août 1944, il participa à l’insurrection de Paris et organisa la mise en place des nouvelles autorités civiles. Il mena après la guerre une brillante carrière de diplomate (représentant permanent de la France auprès des Nations unies, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, représentant permanent à l’OTAN, ambassadeur au Maroc). Enfin, vice-président du Conseil d’État de 1960 à 1970, il modernisa l’institution. Il était membre de l’Institut, au titre de l’Académie des sciences morales et politiques. Il repose sous un grand astérisque de la 40ème division.

- René PARODI (1904-1942) : frère du précédent, magistrat, il entra dans la résistance en 1940 et publia le journal Résistance. Il contribua à la fondation du mouvement Libération-Nord et dirigea un groupe de résistants. Arrêté en février 1942, il mourut en prison, vraisemblablement exécuté. Il repose dans la 32ème division du Père Lachaise, auprès de leur père, Dominique PARODI (1870-1955), qui était philosophe et membre de l’Institut.

- Antoine PÉRONNE (1914-1946) : aviateur engagé dans la Résistance en 1940, il participa à des missions aériennes périlleuses en Crète et en Libye. Fait prisonnier, il fut transféré en Allemagne et passa quatre années en captivité. Il mourut prématurément victime d’un accident d’avion en Allemagne. Il repose dans la 16ème division.

- Jean PILLARD (1914-1989) : il fut l’un des premiers ralliés à la France libre. Il combattit en Libye, en Syrie, puis en Libye. Après les opérations d’El Alamein, de Tunisie et d’Italie, il débarqua en Provence où il se distingua dans les combats de Toulon fin août 1944. il participa ensuite à la remontée de la vallée du Rhône, combat dans les Vosges et en Alsace. Il mena après la guerre une carrière d’administrateur colonial. Il repose dans la 82ème division.

- Christian PINEAU (1904-1995)  : proche de Léon Jouhaux, membre de la CGT, il en fut cadre avant la guerre. Au début de la guerre, il fut nommé chef de cabinet de son beau-père, le mari de sa mère, Jean Giraudoux, commissaire à l’information et écrivain. Résistant, il fut l’un des fondateurs du mouvement Libération Nord dès octobre 1940. Il fut membre du comité d’action socialiste, mis sur pied par Daniel Mayer pour impulser la résistance au sein de la SFIO. Il se rendit à Londres en 1942 et rallia de Gaulle (tout en étant sceptique sur les convictions républicaines du Général). Il plaida pour une unification des mouvements de Résistance et des partis politiques, ce que fut effectivement le Conseil national de la Résistance. De retour en France, il fut arrêté par la Gestapo en mai 1943 et déporté au camp de Buchenwald. Après la libération, Pineau devient député socialiste de la Sarthe de 1945 à 1958. Après avoir déjà été plusieurs fois ministre et afin de résoudre la crise gouvernementale succédant à la chute du gouvernement Pierre Mendès France, il fut désigné comme président du Conseil des ministres et constitua en février 1955 un gouvernement qui ne fut pas investi par l’Assemblée nationale. De février 1956 à mai 1958, il fut ministre des Affaires étrangères et participa à la mise en œuvre de l’expédition de Suez. Il négocia le Traité de Rome créant la CEE, qu’il signa avec Maurice Faure au nom de la France. Il tenta une « ouverture vers l’Est » en se rendant à Moscou avec le président du Conseil Guy Mollet. Le retour du Général de Gaulle et la fin de la IVe République lui font cesser toute activité politique.

- Philippe ROQUES (1910-1943) : journaliste parlementaire,
il se livra dès 1940 à une vigoureuse action de propagande dans ce milieu. En juillet 1942, il fut chargé par le général de Gaulle de remettre en main propre des lettres manuscrites à plusieurs personnalités politiques dont MM. Mandel, Herriot, Blum, Daladier, etc. Il remplit sa mission et, restant en liaison avec Georges Bidault, prit part aux premières rencontres qui précèdent la création du Conseil national de la Résistance (CNR). Arrêté par la Gestapo, il fut tué alors qu’il tentait de s’enfuir. Il repose dans la 97ème division.

- Pierre ROUGÉ (1911-1941) : officier de l’infanterie coloniale, il se trouvait à Brazzaville lors de l’armistice. Il fut l’un des artisans actifs du ralliement des colonies africaines à la France libre, participant notamment à l’arrestation du gouverneur général Husson, puis au ralliement du Gabon. Envoyé en Syrie, il est tué la veille de la prise de Damas, où il fut inhumé avant d’être transféré au Père Lachaise, dans la 79ème division. Il repose dans la chapelle Chaudoye-Tassain.

- Charles SANTINI (1912-1986) : légionnaire ayant servi en Algérie puis au Maroc, il s’engagea dans les FFL en 1941 : il se distingue particulièrement à Bir-Hakeim, puis sur les champs de batailles alsaciens. Il fut crématisé au Père Lachaise : on ignore ce que ses cendres sont devenues.

- André THOREAU (1899-1985) : assureur en Egypte, il s’engagea dès 1940 dans les FFL. Il participa aux campagnes d’Erythrée, à celles de Syrie et de Libye, puis à la lente remontée passant de la Tunisie à la France via l’Italie. Crématisé, ses cendres se trouvent dans la case 17804 du coilumbarium.

- Paul TRIPIER (1921-1944) : engagé à 19 ans dans les FFL alors qu’il était en train de passer les concours de Saint-Cyr, il fut envoyé en AEF en 1941. Il participa à partir de décembre 1942 à la campagne du Fezzan, puis de Tunisie, qu’il quitta en 1944 pour l’Italie. Il y meurt après avoir reçu, au cours d’une attaque, des éclats de mortier.Inhumé d’abord à Rome, il fut rapatrié en France après la guerre et inhumé à Paris, dans la 29ème division du Père Lachaise. Avec lui repose l’ambassadeur de France en lettonie Jean TRIPIER (1878-1969).


Photos crypte des Invalides : Marie-Christine Penin.
Photos Roquere, Rogier et Langlois : Didier Brunet.
Merci à Didier Brunet,à Herbert et à (+) Patrick pour leurs précieux compléments.


[1qui repose au cimetière parisien de Thiais.


Commentaires

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Les Compagnons de la Libération inhumés à Paris
vendredi 15 décembre 2017 à 18h00 - par  cp

On ne saurait dire si le grave visage de Georges Jouneau se sera un peu déridé, au fil du temps quand sa fille, née en 1949, est devenue la comique Marianne Sergent, auteur du sketch « La Recette de la fellation »...

Les Compagnons de la Libération inhumés à Paris
lundi 25 novembre 2013 à 17h02

@Philippe
LANGLOIS : Div 93 ; 3° ligne face à la 92 et 22° tombe en partant de la 41. Inscrit sur le côté.
H. Lallment

mercredi 27 novembre 2013 à 00h06 - par  Philippe Landru

@Herbert : petite correction Herbert : P Langlois est dans la 42ème, pas la 93

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Les Compagnons de la Libération inhumés à Paris
lundi 18 novembre 2013 à 22h04 - par  DB

Bonsoir Philippe.

Dans le cadre de nos échanges de bons procédés, merci pour les infos Bingen et Rosenwald.

Montmartre : cénotaphe de Paul-Jean ROQUERE (9è bordure avant de prendre l’avenue des Anglais)
chapelle du baron Jules de KOENIGSWARTER (3è chemin Halévy)
Vous avez la photo de la sépulture de mon compatriote berrichon Mathieu ROGIER ?

Père-Lachaise : Pierre PENE est inhumé au cimetière de Gentilly (Près de la Poterne des Peupliers 75013)
Avez-vous la photo du caveau du général LANGLOIS ?

Amitiés. Didier

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lundi 25 novembre 2013 à 12h51 - par  Philippe Landru

@ Didier : merci encore pour ces compléments. Je ne possède pas les photos des tombes Langlois et Rogier. Pouvez-vous me donner les divisions dans les deux cimetières concernés ? Je connaissais la tombe Koenigswarter et vais l’ajouter, mais n’avais en revanche pas identifié le cénotaphe Roquere. J’ajoute Pene à Gentilly (et l’enlève donc de cet article) : au passage, avez vous la localisation à Gentilly de Robert Marchand ? merci.

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