Les Carnot : une dynastie républicaine
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Si le terme de "dynasties républicaines" a un sens, il s’applique sans conteste aux Carnot. De 1791 à la IIIe République, on dénombre sept députés et sénateurs (et c’est sans compter les autres élus liés à cette famille sans en porter le nom). On ajoutera également à ce beau palmarès la présence de quatre membres de l’Institut et de six polytechniciens, car la science occupa également une place primordiale à chaque génération.
1ère génération
Jacques Abraham CARNOT (1719-1797) : avocat à Nolay, dans la Côte-d’Or d’où est originaire la famille, il fut le père de 19 enfants ! On peut supposer qu’il fut inhumé à Nolay.
2nde génération
Parmi ces 19 enfants, on notera la présence de :
Joseph François Claude CARNOT (1752-1835) : Conseiller municipal de Dijon, il fut conseiller à la Cour de Cassation et Membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques. J’ignore où il fut inhumé (il ne semble pas présent dans les deux tombeaux Carnot à Passy).
Lazare CARNOT (dit "le Grand Carnot" : 1753-1823) : Militaire au corps royal du génie d’origine modeste, il se rallia à la Révolution française, et gravit les échelons politiques : élu député du Pas-de-Calais en 1791 à l’Assemblée législative, puis en 1792 à la Convention, il siègea d’abord avec les députés de la Plaine avant de rejoindre les Montagnards. Membre du comité militaire, il fit décréter l’armement d’une nombreuse garde nationale. Membre du Comité de salut public en juillet 1793, délégué aux Armées, il crée les quatorze armées de la République. Il s’occupa exclusivement des opérations militaires et eut la plus grande part aux succès des armes françaises : on le surnomma l’organisateur de la victoire.
Il prit position contre Robespierre et contribua à sa chute : il fut ainsi en 1795 l’un des directeurs du Directoire ; mais il se trouva bientôt en opposition avec Barras, fut proscrit et se retira en Allemagne. Rappelé par le Premier Consul après le 18 brumaire, il reçut le portefeuille de la guerre, qu’il conserva jusqu’à la conclusion de la paix, après les batailles de Marengo et de Hohenlinden. Élu au Tribunat en 1802, il vota contre le consulat à vie, puis contre la création de l’Empire. Il resta sans emploi jusqu’à la campagne de Russie.
Élu membre de l’Académie des sciences en 1796, il dut céder sa place à Napoléon l’année suivante et ne fut réélu qu’en 1800. Lazare Carnot est effectivement également mondialement connu pour ses travaux scientifiques : avec sa Géométrie de position (1803), il apparaît en même temps que Monge comme l’un des créateurs de la géométrie moderne. Il participa par ailleurs avec celui-ci à la fondation de l’École polytechnique.
Il devint ministre de l’Intérieur pendant les Cent-Jours et après la deuxième abdication de Napoléon fit partie du gouvernement provisoire. Exilé à la Restauration, il fut banni comme régicide en 1816. Il se retira à Varsovie, puis à Magdebourg, où il consacra le reste de ses jours à l’étude.
Il mourut en exil à Magdebourg. Ses cendres ainsi que celles de Marceau, La Tour d’Auvergne et Baudin, furent transférées au Panthéon le 4 août 1889 au cours d’une imposante cérémonie, pendant le septennat de son petit-fils Sadi Carnot, devenu président de la République.
Claude Marie CARNOT (1755-1836) : officier militaire, il fut nommé Inspecteur Général des Fortifications. Élu député de Chalon-sur-Saône en 1815, il assura le poste de Ministre de l’Intérieur en remplacement de Lazare lors des Cent-Jours. Parmi ses frères et soeurs, il fut le dernier survivant. Il mourut à Autun : j’ignore s’il y fut inhumé.
3ème génération
Nicolas Léonard Sadi CARNOT (1796-1832) : physicien, fils de Lazare Carnot et oncle de Sadi Carnot, qui devint président de la République en 1887. Il fonda, en 1824, la thermodynamique, en publiant les deux premiers principes de cette nouvelle science dans son unique publication, les Réflexions sur la puissance motrice du feu et sur les machines propres à développer cette puissance. Ces travaux, peu compris des contemporains, furent repris par Rudolf Clausius qui les fit connaître, sous le nom de principe de Carnot-Clausius. Il mourut du choléra à l’âge de trente-six ans, sans postérité. Il fut inhumé au cimetière communal d’Ivry (94) où sa tombe se trouve toujours.
Lazare Hippolyte CARNOT (1801-1888) : fils du Grand Carnot (et donc frère du précédent). Républicain actif et Saint-Simonien pendant la Monarchie de Juillet, député de Paris de 1839 à 1849, puis de 1850 à 1852, il fut ministre de l’Instruction publique dans le gouvernement provisoire de 1848. Député au Corps législatif pendant l’Empire, maire du VIIIème arrondissement de Paris (4 septembre 1870), il fut encore représentant du peuple en 1871 et sénateur inamovible (élu en 1875) pendant la Troisième République. Il fut élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1881. Malgré une carrière plus qu’honorable, il fut éclipsé par les autres membres de sa famille. Il repose dans le caveau de son épouse dans la 11ème division du Père Lachaise. Son fils Adolphe repose également ici (voir plus bas).
4ème génération
Lazare Hippolyte qui précède eut deux garçons survivants :
Marie-François Sadi CARNOT (1837-1894) : ingénieur de formation, il fut
plusieurs fois ministre. Après la démission de Jules Grévy en 1887 suite au scandale des décorations, il fut élu président de la République. Ce fut un mandat difficile qu’il exerça, dans le contexte du Boulangisme et du scandale de l’affaire de Panama, mais également de l’agitation syndicale et anarchiste. C’est en se rendant à l’exposition de Lyon qu’il fut assassiné par un anarchiste italien, Geronimo Caserio. De ce fait, il reçut les honneurs de la République et fut inhumé au Panthéon, face à son grand-père. Pendant longtemps, son habit ensanglanté était visible dans la chapelle de famille au cimetière de Passy.
Marie-Adolphe CARNOT (1839-1920) : chimiste et géologue, il mena d’importantes recherches sur les méthodes d’analyse chimique et de dosage des substances minérales, rassemblées dans son Traité d’analyse des substances minérales. Il fut à l’origine de l’établissement de cartes donnant les compositions des sols, destinées à l’agriculture. Président du Conseil général de la Charente de 1902 à 1908, il fut également membre de l’Académie des sciences. Il repose avec son père dans le tombeau maternel de la 11ème division du Père Lachaise (voir plus haut)
5ème génération
La descendance du président Sadi repose dans une chapelle du cimetière de Passy à Paris. On y trouve en particulier :
Ernest Claude CARNOT (1866-1955), son fils, industriel et député de la Côte-d’Or de 1895 à 1898.
François Adolphe CARNOT (1872-1960), son autre fils, également député de la Côte-d’Or de 1902 à 1910, puis de la Seine-et-Oise de 1910 à 1914. Il abandonna ensuite la carrière politique. Membre du Conseil des Musées nationaux il fut l’animateur de la grande exposition internationale de 1925. Il dirigea la manufacture des Gobelins de 1932 à 1937, et lui donna une orientation nouvelle (modernisation des techniques, appel à des artistes modernes). Il fonda le musée Fragonard de Grasse et fut président du jury de l’Exposition de 1937.
C’est ici qu’avait été déposé l’habit ensanglanté que portait Sadi Carnot lors de son assassinat à Lyon. Par peur des profanations, celui-ci fut enlevé depuis.
Parmi la descendance de Marie-Adolphe, on citera :
son fils Paul CARNOT (1869-1957) : médecin et membre de l’Académie de médecine, il découvrit les cytopoïétines et les hormones embryonnaires. Son caveau de famille se trouve dans le cimetière de Chaville (92), et évoque également la mémoire de son gendre, le Compagnon de la Libération Roger Coquoin.
son autre fils Jean CARNOT (1881-1969) : ingénieur civil des mines, il fut député de la Charente de 1924 à 1928. J’ignore où il fut inhumé.
sa fille Marie CARNOT (1877-1969), épouse de Jean Armagnac, est inhumée au cimetière de Chabanais (16). Y repose également leur fille Françoise (1918-1944), fusillé par les maquisards le jour de son mariage.
6ème génération
Lazare CARNOT (1903-1990), fils d’Ernest Claude (voir plus haut), repose également à Passy, mais pas dans la chapelle familiale. Il occupe avec son épouse et son fils (mort en Afrique du Nord) une tombe de la 10ème division.
Merci à Michel Vié pour la tombe de Marie Carnot.
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