Passy (75) : tombeaux remarquables de la 13ème division
par
LES PERSONNALITÉS
Hervé ALPHAND
Edouard DEBAT-PONSAN
Pierre- François Pascal GUERLAIN
Antonio GUZMÁN BLANCO
André MORIZET
Emile-Jacques RUHLMANN
Renée VIVIEN
Pearl WHITE
... mais aussi
Edouard BOURDET (1887-1945) : administrateur de la Comédie-Française de 1936 à 1940, Edouard Bourdet fit la satire des moeurs de son temps dans des pièces telles que Vient de paraître, Les Temps difficiles ou encore Fric-Frac. Ces pièces satiriques ont fait de lui l’un des auteurs les plus répandus du théâtre de boulevard entre les deux guerres. Marie une première fois à Catherine Pozzi, il épousa en seconde noce Denise RÉMON (1899-1967) avec laquelle il tint un des salons littéraires connus de la capitale. Elle même devint critique littéraire pour La Revue de Paris et critique musical pour Le Figaro Littéraire. Ses multiples relations lui facilitèrent l’ouverture de bien des portes. Elle fut en outre membre du jury du Prix Médicis. Ils furent les parents du Compagnon de la Libération Claude Bourdet, qui repose au cimetière Montparnasse.
Cécile CHAMINADE (1857-1944) : compositrice et pianiste française, elle révéla très jeune des dons musicaux que sa famille s’empressa de cultiver. En 1877, elle se produisit pour la première fois en public lors d’une séance de musique de chambre. Elle reçut un accueil chaleureux de la presse et du public. Après plusieurs triomphes, Chaminade fut considérée en tant que pianiste et compositeur hors pair lors de l’audition de son opéra-comique La Sévillane en 1882. Son oeuvre fut importante et éclectique, mais sa carrière fut finalement brève : pendant la première guerre mondiale, alors qu’elle se consacrait aux soins de soldats malades dans un hôpital londonien, elle contracta une infection et dut être amputée d’un pied. Écartée de la vie publique, elle tomba dans l’oubli. Elle fut en un premier temps inhumé au cimetière de Monaco, puis fut transféré ici. Dans ce tombeau repose également le diplomate Serge BOIDEVAIX (1928-2018), qui fut ambassadeur de France en Pologne, en Inde et en Allemagne et conseiller diplomatique de Jacques Chirac dans les années 1970. En 2005, il fut impliqué dans le volet français de l’affaire « Pétrole contre nourriture ».
Paul GUILLAUME (1891-1934) : marchand d’art moderne, il s’intéressa d’abord à la statuaire africaine avant de rencontrer le tout-Paris artistique. Au sein de sa galerie parisienne, il vendit les oeuvres des peintres Soutine et Modigliani (qui le peignit) et fut l’un des premiers à organiser des expositions sur l’art africain. Sa tombe, aussi massive qu’anonyme, est ornée d’un bas-relief d’Ossip Zadkine.
C’est dans cette division que fut inhumé Guy de LA PRADE, auteur d’un guide sur le cimetière de Passy (Le cimetière de Passy et ses sépultures célèbres) dans lequel ne figurent finalement que peu de gens. Je me souviens avoir vu sa tombe il y a plusieurs années (j’avais pris une photo que je ne parviens pas à retrouver), peu de temps après son décès. Il est toujours indiqué sur le plan officiel du cimetière, au niveau de la tombe Guerlain, mais rien n’est trouvable. J’irais prochainement « élucider » ce mystère auprès de la conservation.
Le chirurgien Georges LARDENNOIS (1878-1940), qui fut professeur à la faculté de Médecine de Paris. Une rue du XIXe arrondissement de la capitale porte son nom.
Yves LE TROCQUER (1977-1938) : député des Côtes-du-Nord de 1919 à 1930, puis sénateur de ce même département de 1930 à sa mort, cet ingénieur fut sous-secrétaire d’Etat à la liquidation des stocks, puis ministre des Travaux publics. Il conserva cette charge pendant quatre ans et demi dans sept gouvernements différents. Cette remarquable continuité lui permit de réaliser une oeuvre importante de reconstruction et son nom resta attaché à la reconstitution des voies de fer, de terre et d’eau des régions libérées. Il joua également un rôle capital lors de l’occupation de la Ruhr et dans la mise en état des mines de la Sarre, s’attachant à obtenir des prestations positives de l’Allemagne. Sa chapelle, anonyme de l’extérieur (une plaque indique bien sa présence à l’intérieur), se signale par un petit ange en prière.
Le haut-fonctionnaire Roger LÉONARD (1898-1987), qui fut en particulier préfet de Seine-et-Oise en 1944, préfet de police de Paris de 1947 à 1951, Gouverneur général de l’Algérie de 1951 à 1955, puis Premier président de la Cour des comptes.
Léonide MOGUY (Léonide Moguilevsky : 1898-1976) : réalisateur français d’origine russe, il s’exila pour éviter la censure de son pays. Des années 30 à la fin des années 50, il fut le cinéaste spécialiste des films sociaux teintés d’un certain romanesque mélodramatique : ses films s’attachèrent à mettre en scène les grands problèmes sociaux et politiques de son temps, de la prostitution (Le Long des trottoirs, 1956) à la peur atomique (Les Hommes veulent vivre, 1961).. Il fut un réalisateur atypique dont la filmographie peu abondante, mais d’un grand intérêt, mérite d’être redécouverte. L’inscription sur sa tombe l’indique en tant que « réalisateur de films humaniste mondialiste ».
Olga PETIT (Sophie Balachowsky : 1870-1966) : né dans l’empire russe, auteure de plusieurs pièces de théâtre et de quelques romans, elle soutint une thèse en droit, elle devint le 6 décembre 1900, à l’âge de trente ans, la première femme française à prêter serment comme avocate. Après la révolution russe de 1917, elle aida de nombreux compatriotes, dont plusieurs célèbres écrivains, hommes politiques et musiciens, à émigrer et s’installer en France. Chez elle, elle organisa des rencontres de nombreux intellectuels et personnalités politiques. Avec elle repose son époux, Eugène PETIT (1871-1938), avocat et journaliste politique. Neveu de Théophile Delcassé, chef de cabinet de la présidence du Conseil, il fut envoyé de 1916 à mars 1918 à Petrograd pour la promotion des intérêts économiques de la France. Il se transforma pendant 1917, à la suite de la révolution, en agent de liaison entre le gouvernement provisoire russe et le gouvernement français, dans le but de maintenir la Russie dans le camp des alliés contre l’Allemagne et de neutraliser l’influence des bolcheviks.
L’homme de lettres Hubert Paul PIERQUIN (1880-1934), qui fut membre du Conseil supérieur des Beaux-Arts.
L’auteur dramatique belge Albert VAN LOO (1846-1920), qui fut le librettiste de plusieurs compositeurs en particulier Charles Lecoq (Giroflé-Girofla), Offenbach, Chabrier ou encore Messager (Véronique).
Curiosités
Attention : la 13ème division se trouve de part et d’autre de la rampe douce qui, de l’entrée, pénètre dans le cimetière. De ce fait, on assiste dans cette partie de la nécropole à une inflation de sculptures et de tombeaux ouvragés.
Une chapelle abrite la dépouille de Cyrille Lemasson (1842-1894), qui fut ingénieur en chef du canal de Suez auprès de De Lesseps. Alors que les ouvriers dragueurs s’étaient mis en grève, il fut assassiné. Y repose également son gendre, le lieutenant de vaisseau Maxime Bertrand (1877-1916), qui fut secrétaire général de la Compagnie du Canal de Suez.
Eléments artistiques significatifs
L’enfance est signalée ici de plusieurs manières : quelques petites statues subtiles dans leur réalisation, mais aussi une plaque gravée pour la petite Diana, morte à six ans, sur laquelle figurent des jouets d’enfants : corde-à-sauter, raquettes et balle, patins-à-roulettes...
La chapelle Abeille - Gouy d’Arzy contient non seulement un buste de femme par Anatole de Vasselot, mais également une photo d’un défunt sur son lit de mort, ce qui est rare en France (mais fréquent dans les pays latins).
La tombe Clément se signale par son buste en bronze par Emile Fernand-Dubois.
Le médaillon en bronze sur la tombe de Marcelle de Graffenried est l’oeuvre de René Grégoire.
Le fondateur des cafés Dupont, Emile Louis Dupont (1888-1970), repose sous un tombeau orné de deux médaillons et d’une composition dominée par un Hermès au caducée, l’ensemble réalisé par Henri Lagriffoul.
Un chien veillant au pied de la tombe de son maître (Grosset).
A l’entrée d’une division, une statue féminine souvent assimilée à Jeanne d’Arc : il s’agit en réalité de la tombe d’André Laval (+1926), riche industriel marseillais qui y fit représenter pour l’éternité l’amour de sa vie, Liane Degaby, petite vedette de Music hall de la Belle Epoque et… première danseuse de revues qui se produisit sans voile. André Laval lui offrit en 1914, une petite île au large de Marseille : l’Îlot Degaby. Elle est ici représentée en Diane chasseresse.
La tombe de l’ingénieur Célestin Montcocol (1879-1981) (qui se fit un nom dans la réalisation des premières lignes du métro parisien) est ornée d’un ange en bronze.
Un bas-relief « à l’antique » sur le tombeau Oudebert.
La chapelle Virenque est ornée à la fois d’un bel ange en surplomb mais également d’un médaillon en bronze.
Le bas-relief de la tombe Wolf, qui mériterait un nettoyage.
Quelques vitraux.
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