ROUEN (76) : cimetière monumental
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Rouen a bien évidemment suivi le chemin de la totalité des villes à partir de la fin du XVIIIe siècle : la dénonciation des petits cimetières paroissiaux. Déjà en 1778, deux après l’Edit rejettant les cimetières hors des espaces urbains, le Parlement prescrivit l’ouverture de cinq cimetières :
Saint-Gervais (pour le secteur sud-ouest), qui fut finalement désaffecté en 1833
Mont-Gargan, en remplacement de l’aître Saint-Maclou, toujours en place
Beauvoisine (dit "le Lille"), qui fut fermé en 1883
la Jatte (pour le secteur nord-est), fermé en 1890
Saint-Sever (transféré en 1855, puis une nouvelle fois en 1909 sur la commune du Petit-Quevilly).
Le cimetière Saint-Maur, traditionnellement réservé aux défunts de l’Hôtel-Dieu, ferma en 1883.
Ces nouveaux cimetières, bien que plus vastes que les enclos paroissiaux, ne totalisaient qu’une dizaine d’hectares à eux tous ! Incapable évidemment d’absorber la croissance démographique à venir, surtout pour une population de plus en plus sensibilisée à l’idée de bâtir des dernières demeures pérennes à la place d’enterrement anonyme dans des fosses destinées à disparaitre.
Suite au décret napoléonien de l’an XII, et sur le modèle du Père Lachaise ouvert en 1804, Rouen décida en 1823 d’ouvrir un cimetière monumental sur ce qui était alors des pâturages à moutons. L’achat des parcelles et l’aménagement prit plusieurs années - il ouvrit en 1828 - . D’emblée, il devint un cimetière "pour les riches", comme dans beaucoup d’autres communes de France. Se faire inhumer au monumental coûtait cher, ce qui explique le peu de succès qu’il connut au début (moins de 10 inhumations par an durant la première décennie). Avec vingt ans de retard sur son homologue parisien, c’est sous le Second Empire que le cimetière s’épanouit, recherché par une élite marchande ralliée au romantisme.
Cette monumentalité de pierre trancha pour une ville bâtie principalement en briques et en bois. Mais le site était beau ; balcon dominant les toits et les clochers de la ville dont l’élite pouvait contempler sa propre réussite. L’inhumation du cœur de Boieldieu, en 1834, après une cérémonie grandiose, fut l’une des premières grandes manifestations de cette célébration nécropolitaine. Maires, officiers et artistes se firent inhumer au monumental, dans des tombeaux souvent mégalomanes, beaucoup étant édifiés par souscription publique, qui prêtent à sourire désormais, devant l’oubli dans lequel la plupart sont tombés.
Ce fut ici comme ailleurs à la même époque l’explosion des "néo" : néo-roman, néo-classique, néo-gothique, néo renaissance… Mode égyptienne venue planter ses obélisques… Vinrent enduite l’Art Nouveau, puis l’Art déco…
Le cimetière monumental reflète les valeurs de la ville à l’époque : bourgeoise plus qu’aristocrate, enrichie par le commerce du coton ; économiquement libérale et conservatrice sur les mœurs, dans cette foi ragaillardie des boutiquiers du second XIXe siècle, et pas révolutionnaire pour un sou ! Les tombes nous parlent de Rouen au XIXe siècle : la ville des rouenneries, de la fabrication des indiennes, de l’overdose cotonnière, mais aussi des dangers que représentait encore la Seine dans laquelle on se noyait beaucoup !
A y regarder de près cependant, le cimetière monumental de Rouen nous montre des contrastes : celle d’une imposante monumentalité fort entretenue qui côtoie des tombeaux décaties, amoncellement de pierres, tombeaux renversés assaillis par le lierre, vitraux cassés… au gré de la disparition des familles.
Curiosités
Le cimetière possède un monument aux morts de la guerre de 1870-71,
un monument aux pompiers tombés au feu le 8 mai 1909 (incendie d’une usine de vaseline)
, et un monument aux victimes de l’incendie du théâtre des Arts (avril 1876).
Une chapelle devenue columbarium
Un calvaire
Artistiquement parlant, le cimetière monumental est le "Panthéon" des peintres de l’école de Rouen, expression utilisée pour regrouper sous une même étiquette des artistes ou artisans rouennais intéressés par le postimpressionnisme et le néo-impressionnisme (et particulièrement le pointillisme de Seurat) vers la fin des années 1880. Ces peintres réussirent au travers de leurs œuvres à exprimer leur attachement pour leur terre natale mais également à capter l’atmosphère aérienne changeante et brumeuse, si particulière des bords de Seine et du bocage normand. Un grand nombre d’artistes appartenant à cette école repose assez naturellement ici (Albert Lebourg, Charles Angrand, Marcel Couchaux…). Beaucoup furent formés, comme nous le verrons, par le très académique Jean-Léon Gérôme, bien éloigné de l’impressionnisme !
- Tombeau Dumée
- Edme-Pierre Dumée, garde national volontaire, meurt à l’âge de vingt ans sur les barricades lors des échauffourées de juin 1848 "pour la défense de l’ordre et des lois". (M2-5)
- Tombe de Louis Brune
- Jeune sauveteur travaillant sur la Seine, il sauva de la noyade soixante trois personnes. Il mourut à 36 ans (1843) en tombant du pont de pierre sur un bateau. (M2-4)
- Tombe Stevenin - Conseil
- L’architecte Auguste Stevenin et le publiciste du National Louis-Prosper Conseil se noyèrent sur la Seine en 1834 alors qu’ils étaient avec Armand Carrel. Leur inhumation donna lieu à des manifestations libérales. (6-4)
- Une pierre tombale bien bavarde (Lieutaud)
- Ci-gît l’enveloppe matérielle de Louis Aimée Lieutaud / membre fondateur de la société rouennaise des études spirites / incarnée sur la terre le 6 octobre 1790 / retournée au monde des esprits / le 13 avril 1876 / Passant, prie pour elle, elle priera pour toi… (suit la présentation assez similaire de son époux). (E-2)
- Tombeau du chirurgien Antoine Blanche
- Il mourut subitement lors d’un conseil municipal. Beau tombeau néoclassique. (M2-8)
- Tombeau Louis Auber
- Ouvier devenu “chef de 600 ouvriers” comme l’indique son épitaphe. Il est reconnu comme l’introducteur des métiers Jacquard dans l’industrie textile rouennaise. (I2-2)
- Fondeur anglais venu développer l’industrie à Sotteville-lès-Rouen. Tombeau en fonte. (C-7)
- Bas-relief de la tombe des industriels Boissière
- (M1-1)
- Tombeau de Charles Auguste Benoît Vincent (+1890)
- Ce membre de l’Académie des Sciences, Belles-lettres et Arts de Rouen a perdu son buste. (M2-15)
- Tombeau de Charles Verdrel
- Composition mégalomane pour un ancien maire de Rouen. (N2-1)
- Tombeau Dumanoir
- Philanthrope. (M1-13)
- Bas-relief sur le tombeau Dumanoir
- Tombe Faucon
- (M1-a)
- Tombeau Fontaine
- (M2-9)
- Tombeau Knieder
- Industriel alsacien établi à Rouen après l’annexion allemande, il garda assez la nostalgie de terre natale pour avoir fait réalisé sa tombe avec le même grès rose que celui de la cathédrale de Strasbourg. (M1-4)
- Tombe Lamauve
- Médecin. (H1-3)
- Imposante chapelle Maze
- Industriel. (I1-3)
- Tombeau Pillore
- Médecin. (L-4)
- Tombeau Pottier
- Bibliothécaire. (C-8)
- Tombeau Couault
- Lit mortuaire sur lequel , à peine esquissés, figurent deux gisants) (H1)
- Tombeau Saint
- Statue de Robert Delandre. (M2-14)
- Tombeau Prévost
- (V1-a)
- Tombeau Legentil - Godefroy
- (B-d)
- Tombeau Prat
- Tombeau Lamer
- Tombeau Richard
- Maire de Rouen durant 4 mois en 1935 (M2)
- Tombe Bottentuit
- (M1)
- Tombe Brunel
- Tombe Duchet
- Tombe Bellière
- Tombeau Roberty
- Au pied de la tombe de ce pasteur : trois tombeaux miniatures d’enfants morts en bas-âge.
- Le médaillon du haut est signé Richard Dufour.
- La plus étonnante moto du patrimoine funéraire français (car il y en a plusieurs !) se trouve dans la partie contemporaine du cimetière (T2), celle, grandeur nature, de Virgile, un jeune passionné mort à 15 ans 1/2
Quelques beaux vitraux, signés Charles Simon.
Célébrités : les incontournables...
François BOIELDIEU (carditaphe)
Joseph-Désiré COURT
Marcel DUCHAMP
Gustave FLAUBERT
Jacques HÉBERTOT
Jules SENARD
... mais aussi
Le peintre paysagiste Henri ADAM (1864-1917). (X)
Le peintre néo-impressionniste Charles ANGRAND (1854-1926), il fut l’ami de Georges Seurat dont il subit l’influence et fut ainsi un pionnier du pointillisme : lui-même influença Vincent van Gogh. Après des toiles à la peinture à l’huile, il se dirigea vers le pastel, qui devint sa technique de prédilection jusqu’à la fin de sa vie. Il fut également un militant libertaire. (V1)
Le lieutenant des sapeurs pompiers Roger AUBERT (1903-1944), animateur d’un réseau de résistance, fut fusillé par les Allemands. Une place de Rouen porte son nom. (M2)
Thédodore BACHELET (1820-1879), professeur dans différentes villes de France, auteur d’ouvrages historiques.Musicologue averti, il fit don de son importante collection de partitions du XVe siècle au XVIIIe siècle à la bibliothèque municipale de Rouen dont il fut aussi conservateur après 1873. (M2)
L’industriel Henry BARBET (1789-1875), qui fut maire de Rouen de 1830 à 1847, député de la Seine-Inférieure de 1831 à 1846, siégeant avec la majorité ministérielle, pair de France en 1846, puis élu au corps législatif entre 1863 et 1869. Grand notable libéral et conservateur, Henry Barbet avait été le promoteur sous la Monarchie de Juillet d’un système de « protection sociale » bien spécifique à Rouen : le « système Barbet ». Ce dernier devait remettre tous les pauvres au travail y compris les plus indigents et tous les assistés (mendiants, vagabonds, pauvres aliénés, « mauvais pauvres », « paresseux »...). Henry Barbet développa notamment des ateliers de travail et de charité permanents pour lutter contre la mendicité et limiter les revendications ouvrières depuis la Révolution de 1830. (I2)
Le chef d’orchestre et compositeur Albert BEAUCAMP (1921-1967), qui fut le plus jeune des directeurs de conservatoire. Il a fondé le conservatoire de Rouen et a organisé des concerts qui firent de Rouen un centre musical de premier ordre. Sa plus belle réalisation fut la création de l’Orchestre de chambre de Rouen, qui prit rapidement place parmi les formations internationales les plus réputées. (R2)
Michel BÉRÉGOVOY (1931-2011) : frère de Pierre Bérégovoy, membre du Parti socialiste dès 1969, il milita sur les positions de Jean Poperen, ancien dirigeant du PSU. Il devint député de la Seine-Maritime de 1981 à 1986 puis de 1988 à 1993. Il conduisit en 1983 et 1989 les listes de rassemblement de gauche contre le maire Jean Lecanuet, sans succès, mais siégea dans l’opposition municipale de 1983 à 1995.
Le peintre Edouard de BERGEVIN (1861-1925), qui fut l’élève de Jean-Léon Gérôme. Portraitiste très apprécié de ses contemporains, illustrateur et affichiste, il fut aussi un paysagiste délicat. Il réalisé des vues de Paris, des ports de Rouen et de la Bretagne. Il était le frère de la romancière Colette Yver, qui repose à coté. Son médaillon en bronze fut réalisé par Richard Dufour. (P)
Le peintre Adolphe-Gustave BINET (1854-1897), ancien élève Jean-Léon Gérôme et d’Etex, qui affectionna représenter les chevaux et les scènes de chasse.(D)
Georges BOUCTOT (1858-1929), qui fut député (1898-1919, 1928-1929) et sénateur (1920-1927) du département.(M1)
Le poète Louis-Hyacinthe BOUILHET (1822-1869), condisciple de Gustave Flaubert au collège royal de Rouen avant de devenir l’un de ses proches amis. Il est celui qui lui souffla l’idée de s’inspirer du fait divers de Delphine Delamarre pour créer Madame Bovary. Professeur de littérature et de conservateur de la bibliothèque de Rouen, il a appartenu aux mouvements littéraires romantique et parnassien. Sa tombe se trouve a proximité de celle de son ami. Son médaillon est de Albert Ernest Carrier-Belleuse. (M2)
Le colonel Louis Auguste de BOURBEL de MONTPINÇON (1774-1858), qui après avoir fait la campagne de 1792 dans l’Armée des Princes, fit ensuite toutes les campagnes de l’Empire. Il fut blessé de deux coups de feu lors de la campagne d’Égypte.
Léon BRIÈRE (1837-1900), qui fut propriétaire du Journal de Rouen. (E)
Le contre-amiral Jean-Baptiste CÉCILLE (1787-1873), qui explora le Japon : il donna son nom aux îles Lieou-Kieou qui devinrent plus tard Okinawa. Reconverti dans la politique, il fut représentant de la Seine-Inférieure à l’Assemblée constituante de 1848 et à l’assemblée législative. Soutien de Louis-Napoléon Bonaparte, il fut également ambassadeur de France à Londres. Il a été élevé à la distinction de sénateur en 1852. Les sculptures sont de Edmond Lévêque. (M1)
Jacques CHASTELLAIN 1885-1965) : blessé durant la Première Guerre mondiale, résistant durant la Seconde, il fut député à la Première et à la Seconde Assemblée nationale constituante, puis député de la Seine-Inférieure à l’Assemblée nationale sous les couleurs des Républicains indépendants. Il siégea au Palais Bourbon de 1946 à 1955. Maire de Rouen durant toute la IVe République, il fut ministre à trois reprises entre 1949 et 1954 : Sous-secrétaire d’État à la Marine marchande (1949-50), Ministre des Travaux publics, des Transports et du Tourisme (1950) et à nouveau entre 1953 et 1954. (M2)
Georges CHEDANNE (1861-1940) : architecte, il remporta le prix de Rome en 1887. Il fut attaché au château de Fontainebleau. Bien qu’influencé par l’Art nouveau, son style reste personnel et éclectique. L’une de ses œuvres parmi les plus connues à Paris est l’ancien Élysée Palace Hôtel en haut de l’avenue des Champs-Élysées à Paris, aujourd’hui siège de la banque HSBC ; mais il fut également l’auteur des Galeries Lafayette à Paris. On lui doit un bon nombre d’hôtels de prestige, ainsi que les ambassades de France à Vienne et Bruxelles. Plus près de notre actualité, il était l’auteur du modèle réduit de l’Arc de Triomphe de l’Étoile, vandalisé le 1er décembre 2018 lors d’une manifestation des Gilets jaunes. Les sculptures de son tombeau furent réalisées par Henri Bouchard. (M2)
L’architecte Pierre CHIROL (1881-1953). Nommé architecte régional des PTT en 1924, il fut l’auteur d’une trentaine de bureaux de poste dans toute la Normandie. Catholique très pratiquant, il a également construit une dizaine d’églises. Il utilisa les matériaux locaux et le style régionaliste en l’alliant avec des éléments plus modernes. (E)
Jean CLOGENSON (1785-1876) : préfet de l’Orne de 1830 à 1833, il fut ensuite député de ce même département de 1835 à 1839.
L’abbé Jean Benoît Désiré COCHET (1812-1875), qui fut inspecteur des monuments historiques pour le département de la Seine-Inférieure en 1849 et conservateur du musée des antiquités de Rouen. Archéologue et préhistorien, il fut avec Jacques Boucher de Perthes, l’un des fondateurs de l’archéologie comme discipline scientifique en France. Il étudia les tombeaux des rois mérovingiens. (I2)
Marcel COUCHAUX (1877-1939) : peintre de l’École de Rouen, il trouva ses sujets de prédilection des les campagnes du pays de Bray ainsi que chez les animaux. (N2)
Le manufacturier Jean-Baptiste Claude CURMER (1782-1870), qui fut maire de Rouen en 1815 durant les Cent jours. Il fut député de la Seine-Maritime de 1837 à 1839, siégeant dans la majorité soutenant les ministères de la Monarchie de Juillet. Il fut transféré ici lors de la fermeture du cimetière Saint-Gervais. (M1)
Adrien Charles DESHOMMETS de MARTAINVILLE (1783-1847) : maire de Rouen de 1821 à 1830, il fut député de la Seine-Inférieure de 1824 à 1827. C’est sous son mandat de maire qu’ouvrit le cimetière monumental en 1828. (H1)
Louis-Philippe DESSEAUX (1798-1881) : Avocat à Rouen, il fut député de Seine- Maritime de 1869 à 1870, siégeant dans l’opposition de gauche. Le 4 septembre 1870, il fut nommé préfet de Seine-Maritime. Il fut à nouveau député de Seine-Maritime de 1876 à 1881, siégeant au groupe de la Gauche républicaine. Le buste qui ornait sa tombe a disparu. (E)
Le peintre Georges "Myop" DUBOSC (1854-1927), élève de [Jean-Léon Gérôme- >261] et de Léon Bonnat, qui se réorienta, une fois revenu à Rouen, vers le journalisme culturel. (E)
Louis DUBREUIL (1873-1943) : maire de Rouen de 1922 à 1928, il fut député de 1924 à 1928. Sa responsabilité dans l’incendie de l’hôtel de ville en 1926 ayant été mise en cause, il démissionna lors des élections d’avril 1928. (V1)
Le sculpteur Raymond DUCHAMP-VILLON (voir tombe Duchamp)
La peintre Suzanne DUCHAMP (voir tombe Duchamp)
Edmé DUMÉE (1792-1961) : directeur du matériel théâtral de la ville de Rouen, il peignit les décors pour l’opéra dans les années 1830. Peintre de paysages, il envoya de nombreuses aquarelles au Salon de Paris à partir de 1831, représentant des vues de sa région. Il était le père de Pierre qui mourut sur les barricades (voir plus haut) et son tombeau se trouve en face de celui de son fils. (M2)
L’organiste Albert DUPRÉ (1860-1940), qui fut titulaire des grandes orgues de l’église abbatiale Saint-Ouen à Rouen. Il était le père du compositeur et organiste Marcel Dupré. (V1)
L’architecte Eugène FAUQUET (1850-1926). (V1)
Le Compagnon de la Libération Philippe FAUQUET (1921-1944) : engagé dans les parachutistes des FFL, il servit en Afrique du Nord puis fut largué en Bretagne en juin 1944. Il se fractura la mâchoire à l’atterrissage mais accomplit sa mission de sabotage de la ligne Paris-Brest. Il prit part à la libération de Saint-Brieuc, mais mourut peu après dans un accident de jeep.
Ambroise FLEURY (1789-1857) : ancien soldat des armées napoléoniennes, il devint architecte puis maire de Rouen de 1848 à sa mort. C’est la ville qui lui fit élever son imposant tombeau. (M1)
Le négociant Alexandre de FONTENAY (1848-1933), qui fut député de la Seine-Inférieure en 1815, pendant les Cent-Jours. (A)
Edouard FORTIER (1836-1915) : sénateur de la Seine-Maritime de 1898 à 1915, il siégea au groupe de la Gauche démocratique. (U1)
Le sculpteur Jean-Baptiste FOUCHER (1832-1907), qui travailla à la restauration des grands monuments de la ville (cathédrale Notre-Dame de Rouen, église Saint-Maclou, hôtel de Bourgtheroulde…). Son fils Alphonse (1860-1942) repose dans ce tombeau et fut l’auteur du médaillon qui l’orne). (G)
L’architecte Antoine Joseph FOUREZ (1824-1891). (E)
Henri GADEAU de KERVILLE (1858-1940) : zoologiste, entomologiste, botaniste, spéléologue et archéologue ; il fonda en 1910 un laboratoire de spéléobiologie expérimentale. Les résultats de ses voyages ont fait l’objet de nombreuses publications scientifiques. Deux prix scientifiques portent aujourd’hui son nom. Crématisé, ses cendres se trouvent au columbarium du cimetière.
Le batteur de jazz Christian GARROS (1920-1988), qui remporta la coupe Jazz-Hot dans l’orchestre de Claude Abadie avec Boris Vian à la trompette puis fit ses débuts dans le Quintette du Hot Club de France et dans le grand orchestre de Django Reinhardt. Il intégra ensuite l’orchestre de Jacques Hélian, joua dans les clubs de jazz parisiens, et forma le Paris Jazz Trio. (columbarium)
Le chimiste Jean GIRARDIN (1803-1884) : professeur de chimie à Rouen, titulaire de la chaire de chimie (1838) à l’école départementale d’agriculture jusqu’en 1857 ; il contribua au développement de la chimie et fut membre correspondant de l’Académie de médecine. Il fut nommé directeur de l’école supérieure des sciences et des lettres de Rouen à sa création en 1855. Successeur de Louis Pasteur à Lille, il devint doyen et professeur de chimie à la faculté des sciences de Lille de 1857 à 1862, où il publia de nombreuses études. Son médaillon en bronze fut réalisé par Maximilien Louis Bourgeois. (M2)
L’historien et géographe Gabriel GRAVIER (1827-1903) qui s’intéressa surtout à l’Amérique du Nord et aux explorateurs français, particulièrement aux navigateurs normands. Il fut un membre fondateur et un président de la Société normande de géographie. (U1)
L’architecte Fernand HAMELET (1884-1955). (U1)
L’historien Alexandre HÉRON (1829-1903), qui enseigna la littérature au collège de Rouen. Il eut Guy de Maupassant parmi ses élèves. (S1)
Le chimiste Auguste HOUZEAU (1829-1911), dont le nom est attaché à la découverte de la présence de l’ozone dans l’air. Il fut nommé membre correspondant de l’Institut en 1887.
Joseph LAFOND (1851-1921) : originaire du Forez, rédacteur en chef du Globe, il devint en 1882 rédacteur en chef du Journal de Rouen qu’il racheta. Ce quotidien était alors une vénérable institution. Ses origines remontaient à 1762 ! Il était l’organe de la bourgeoisie et des armateurs, longtemps propriété de la famille des imprimeurs Brière (voir plus haut). Grand quotidien de la ville, il s’afficha républicain modéré… Joseph Lafond sut le rénover : les sports - un phénomène nouveau - trouvèrent place : dans ses colonnes, ainsi que les feuilletons, alors très en vogue, choisis dans la production régionale. Le médaillon qui se trouve dans sa chapelle est signée Edmond Lévêque. (M1)
Les acteurs Albert LAMBERT père (1847-1918) et Albert LAMBERT fils (1865-1941) : le premier fut sculpteur, puis comédien à l’Odéon ; le second fut sociétaire de la Comédie-Française de 1891 à 1935.(C)
Le peintre, graveur et archéologue Eustache Hyacinthe LANGLOIS (1777-1837). Elève de Jacques-Louis David, il réalisa plus de 1000 gravures, dessins et croquis sur des bâtiments d’intérêt historique, des sculptures, des vitraux, du mobilier… et ce principalement sur la Normandie médiévale. Donnant lui même des leçons, il devint professeur à l’école des Beaux-arts de Rouen. Il sensibilisa de nombreux artistes et chercheurs à l’étude du Moyen Âge alors que l’Antiquité faisait – presque – l’unanimité. De ce fait, il contribua à la préservation des vestiges de l’époque médiévale, qui passaient alors pour des ruines bonnes à être rasées ou à laisser s’écrouler. Il passe pour être l’inventeur de l’expression « gothique flamboyant » qui désigne le stade ultime du gothique où les sculptures sont les plus riches qui prennent, parfois, les courbes ondulées de flammes. Il participa à la sensibilisation culturelle d’une nouvelle génération de chercheurs tels qu’Arcisse de Caumont autour de l’héritage architectural. Il aurait servi de modèle à Jacques-Louis David pour le Romulus de « L’Enlèvement des Sabines ». Le médaillon qui orne sa tombe est de David d’Angers. (M2)
Gaston LE BRETON (1845-1920) : directeur du musée de la céramique de Rouen, directeur du musée départemental des antiquités de la Seine-Inférieure puis directeur des musées de la Ville de Rouen ; il fut est membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen. Il était membre correspondant de l’Institut de France. (T1)
Amédée LE FROID de MÉREAUX (1802-1874) : musicologue , pianiste et compositeur pour le piano issu d’une famille de musiciens ; sa musique, quoique obscure, est quelque peu connue pour ses difficultés parfois immenses. La révolution de 1830 conduisit en Angleterre celui qui était le pianiste du duc de Bordeaux. (I2)
Le peintre paysagiste Georges LE MEILLEUR (1861-1945) (D)
Maurice LEBON (1849-1906) : maire de Rouen de 1886 à 1888, député de la Seine-Inférieure de 1891 à 1898 ; il fut Sous-secrétaire d’État au Commerce à l’Industrie et aux Colonies de 1893 à 1894.
Auguste LEBLOND (1856-1934) : peintre en bâtiments, il fut maire de Rouen entre 1902 et 1919, avant de devenir député (1910-1913) puis sénateur (1913-1920) du département. (M1)
Le peintre impressionniste Albert LEBOURG (1849-1928), qui enseigna le dessin pendant cinq ans à l’École supérieure des beaux-arts d’Alger. En 1878, il retourna en France et étudia avec Jean Paul Laurens ; il exposa avec les impressionnistes en 1879 et 1880, et au Salon de 1883 à 1895. Les paysages d’hiver et les sites au bord de l’eau furent la prédilection de cet artiste. (B)
Théodore LEBRETON (1803-1883) : ouvrier, autodidacte, poète religieux, Lebreton peignit la misère du travailleur sans y voir d’autre remède que la résignation sur la terre et le repos dans le ciel. Devenu chansonnier, il publia différents recueils de chansons dans sa ville natale de Rouen : Marceline Desbordes-Valmore fit connaître les essais du poète ouvrier au Journal de Rouen, et il reçut les encouragements de Chateaubriand, de Béranger, de Lamartine et de Victor Hugo. Il écrivit une Biographie normande, entre 1857 et 1861, en trois volumes, où il retraçait la vie et l’œuvre de personnages célèbres en Normandie. Il fut député entre 1848 et 1849. (G)
Léon-Jules LEMAÎTRE (1850-1905) : peintre français de l’École de Rouen, ancien élève de Jean-Léon Gérôme aux Beaux-Arts, il se passionna pour la peinture de plein air et l’impressionniste, sans connaître le grand succès : il le connut en revanche avec ses scènes urbaines à Paris ou à Rouen, qu’il anime par la présence d’un grand nombre de petits personnages, le plus souvent dans une atmosphère vaporeuse de pluie et de brouillard. (E)
Valerius Alphonse LETEURTRE (1837-1905), maire de Rouen en 1890 et député de Seine-inférieure de 1893 à 1898. (M1)
L’architecte Juste LISCH (1828-1910), ancien élève de Léon Vaudoyer
avant de rejoindre l’atelier d’Henri Labrouste, il fut attaché aux travaux de restauration du palais de l’Élysée à Paris, puis intègra le service chargé de l’entretien des édifices religieux de l’État (restauration de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens…).
De 1878 à 1901, il occupa le poste d’Inspecteur général des Monuments historiques et réalisa de nombreuses constructions, en particulier des gares (agrandissement de la gare Saint-Lazare à Paris). Avec lui repose son gendre, l’architecte Lucien LEFORT (1850-1916) (I2)
Charles-Félix MAILLET du BOULLAY (1795-1878), qui fut architecte de la ville de Rouen et architecte départemental de la Seine-Inférieure. Parmi ses réalisations, ce même cimetière dans lequel il repose. Sa tombe a été récemment refaite. (6)
Le naturaliste Alexandre Louis MARQUIS (1777-1828). Inhumé primitivement au cimetière de la Jatte, il fut transféré ici en 1837. (M2)
Le ferronnier d’art Ferdinand MARROU (1836-1917), dont les réalisations sont visibles dans toute la Normandie. (I2)
le baryton Camille MAURANE (1911-2010), qui commença sa carrière comme chanteur en 1940 à l’Opéra-Comique de Paris. Il fut très connu pour ses interprétations de Pelléas dans l’opéra Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, dont il a enregistré trois versions intégrales. Il est aussi considéré comme un des meilleurs interprètes des mélodies françaises, tout particulièrement celles de Fauré. Il aura été aussi l’un des premiers à enregistrer la musique de Rameau, à une époque où la musique baroque ne jouissait pas de la vogue actuelle.
Georges MÉTAYER (1869-1945) : maire de Rouen de 1935 à 1940, il fut député de Seine-Inférieure de 1932 à 1940. Il quitta la ville lors de l’arrivée des Allemands en juin 1940. (H1)
Etienne NÉTIEN (1820-1883), qui se fit élire au conseil municipal de cette ville en tant qu’opposant à Napoléon III. Il avait cependant la réputation d’être un républicain très modéré. Il fut maire de Rouen au lendemain du 4 septembre 1870 jusqu’en 1876, et dut faire face à l’occupation de la ville par les Prussiens. Devenu conseiller général, il fut également député de la Seine-Inférieure de 1871 à 1876. Emphase de son mausolée où l’on voit l’aigle impérial se prosterner devant les armoiries de la ville ! (L)
Le peintre et graveur Emile NICOLLE (voir tombeau Duchamp)
Le critique d’art Marcel NICOLLE (1871-1934), qui fut conservateur au musée de Lille de 1895 à 1897, puis au musée du Louvre. Son médaillon est de Henry Nocq.
Antoni ORLOWSKI (1811-1861) : violoniste, chef d’orchestre, compositeur et professeur de musique polonais vivant en exil en France à partir de 1832, il était l’ami de Chopin avec lequel il avait étudié au conservatoire de Varsovie. (A)
Le médecin Félix-Archimède POUCHET (1800-1872), avocat de la théorie de l’hétérogénie qui est une théorie de génération spontanée et adversaire des thèses de Louis Pasteur (Selon lui, si des microorganismes se tenaient dans l’air, il faudrait tant de germes dans l’air que celui-ci deviendrait un épais brouillard et serait irrespirable). Il fut, avec Charles Négrier, l’un des deux premiers chercheurs à avoir décrit scientifiquement le mécanisme de l’ovulation dans l’espèce humaine et chez les autres mammifères. (C)
Augustin POUYER-QUERTIER (1820-1891) : industriel dans les cotonnades, il fut élu député avec l’appui du gouvernement (1857) et siégea avec la droite jusqu’en 1869. Député à l’Assemblée nationale (1871), il devint ministre des Finances (25 février 1871) et prit part comme plénipotentiaire aux négociations du traité de Francfort où , ayant pris un fort ascendant sur Bismarck, il permit aux communes de Villerupt et de Thil de rester françaises. Sénateur de la Seine-Inférieure de 1876 à 1891, il fut également maire de la ville de Fleury-sur-Andelle dans l’Eure de 1854 à sa mort. Fondateur de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York, dénommée « P. Q. », d’après les initiales de son président-fondateur, il donna un coup d’accélérateur aux agences de presse. (I2)
L’historien Raymond QUENEDEY (1868-1938), auteur d’un ouvrage sur les habitations rouennaises. (M2)
Le vicomte Marie-Antoine de REISET (1775-1836). Général français de la Révolution et de l’Empire, il servit dans l’état-major du général Moreau, puis à l’état-major du général Richepanse. On le fit baron et chevalier d’Empire. Sous la Restauration, il servit encore en Espagne en 1823.
L’écrivain Jean REVEL (Paul Toutain : 1848-1925) qui écrivait sous pseudonyme la nuit. Il avait la charge d’une étude notariale à Rouen durant la journée, la plupart des Rouennais ignoraient sa double personnalité. Tout comme son confrère normand, Guy de Maupassant, Revel a dépeint la vie quotidienne de la Normandie pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Il fit paraître des Contes normands. (VI)
Louis RICARD (1839-1921) : maire de Rouen de 1881 à 1886, député de la Seine- Inférieure de 1885 à 1902, il fut ministre de la Justice et des Cultes en 1892, puis ministre de la Justice entre 1895 et 1896. (C)
Moïse SCHUHL (1845-1911), qui fut grand rabbin de Vesoul, puis d’Epinal. (O)
Jean-Aimable TRUPEL (1771-1850). Forgeron de formation, il s’engagea dans l’armée en 1791 comme simple soldat et finit sa carrière en tant que colonel de l’armée impériale et baron d’Empire. (L)
Le peintre et graveur Jacques VILLON (voir tombe Duchamp)
Le poète Francis YARD (Athanase François Yard : 1876-1947). Surnommé « le Poète des Chaumes » à Montmartre et au Quartier latin, il publia nombre de poésies et d’almanachs célébrant ses racines champêtres normandes. Il fut également graveur. (R2)
L’écrivaine et poète Colette YVER (1874-1953), qui commença à publier, dès l’âge de dix-huit ans, des romans pour la Bibliothèque morale de la jeunesse. Ses ouvrages sont représentatifs des fictions antiféministes qui abondent sous la IIIe République. Destinés à un public féminin, ces types de romans mettent en scène des femmes émancipées confrontées à de multiples malheurs qu’elles n’auraient pas subis si elles avaient choisi la vie au foyer. En 1907, elle reçut le prix Femina (à l’époque prix Vie Heureuse) pour Princesses de science, un ouvrage évoquant les difficultés rencontrées par les femmes pour concilier vie familiale et carrière scientifique. En 1913, elle entra au jury de ce prix, dont elle fut longtemps la doyenne. Elle repose à côté de son frère, le peintre Édouard de Bergevin. Le bas-relief est de Josette Hébert-Coëffin. (P)
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