Père Lachaise : tombeaux remarquables de la 2ème division

samedi 2 mars 2024
par  Philippe Landru

Une division que l’on longe en entrant par la porte principale du cimetière, mais sur laquelle on se s’attarde pas. Les personnalités inhumées ici sont toutes oubliées ou en voie de l’être. Elle fut pourtant lotie à une époque où on investissait encore dans le funéraire : de ce fait, elle contient un assez grand nombre d’œuvres (bustes, sculptures, médaillons...), en particulier quelques beaux témoignages de l’Art déco et de l’Art nouveau.


LES PERSONNALITÉS


- Gilles MARGARITIS
- Joseph OLLER
- PATACHOU


... mais aussi


- Francis BARON d’ALLARDE (Marie François Denis Thérèse Le Roy d’Allarde : (1778-1841), chansonnier et auteur dramatique dont les pièces de théâtre connurent un certain succès, repose(ait ?) dans une chapelle anonyme en bordure de division.

- L’industriel Émile BARRIQUAND (1842-1904), spécialisé dans la production de machines à coudre puis dans la fabrication de machines spécialisées pour la fabrication de pièces de fusils interchangeables, en particulier pour les fusils Chassepot, mais également des équipements pour les fortifications Maginot.

- Charles BRICKA (1845-1899) : directeur des Travaux Publics de Madagascar, il contribua à la réalisation du Chemin de fer Tananarive – Côte Est (TCE) et laissa son nom au pont de Brickaville. Il fut plus tard inspecteur général des Travaux Publics des colonies.

- Le chef d’orchestre Edouard-Fortuné CALABRESI (1824-1904), qui fut directeur de théâtres en Belgique et à la Nouvelle Orléans, orné d’un buste par Antoine Bontoux.

- Le médecin Victor CAMPENON (1846-1916), ancien chef de clinique chirurgicale de la Faculté de médecine et membre de la Société anatomique et de la Société clinique. Sa tombe est ornée d’un bas-relief en bronze en fort mauvais état de Pierre Alexandre Morlon.

-  Sebastián marquis de CASA-CALVO (1751-1820) : colonel du régiment d’infanterie de la milice de La Havane, il participa, pendant la Guerre d’indépendance américaine, à l’expansion du territoire de la Floride espagnole et combattit les troupes anglaises. Il fut nommé en 1799 gouverneur de la Louisiane espagnole par le roi Charles III d’Espagne. Il fut chargé, le second Traité de San Ildefonso de 1800, de redonner la Louisiane à la France. Il se rallia à Napoléon.

- Le diplomate Emile DARD (1871-1947), qui fut ambassadeur de France en Bulgarie (1925-27) puis en Serbie (1927-32). Il fut par la suite nommé représentant du prince de Monaco auprès du Pape. Il fut élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1944. Dans la même chapelle repose son beau-frère, Hervé GRANDIN de L’ÉPREVIER (1889-1959), qui fut ambassadeur en Uruguay et au Chili.

- Le dessinateur industriel Alexandre DARRACQ (1855-1931), qui fut l’un des pionniers de l’industrie du cycle et de l’automobile. Après avoir construit en 1897 un tricycle électrique dépassant les 60km/h, il se lança ensuite dans la construction automobile si bien qu’ en 1910, il devint le troisième producteur national, après Renault et Peugeot. La participation à des compétitions et tentatives de record à but publicitaire apportèrent une grande renommée à l’entreprise. L’un de ses employés à Suresnes fut un certain mécanicien suisse nommé Louis Chevrolet. Pas amoureux des automobiles pour autant (il refusa de se faire transporter avec et de les conduire !), il revendit l’entreprise en 1912 pour se consacrer à la gestion immobilière de l’hôtel Negresco à Nice. Il repose dans un mausolée de marbre blanc commandé à Paul Landowski.

- Louis Pierre DENIS de LAGARDE (1803-1878) : avocat à la cour royale,
puis directeur du service du Secrétariat de la Chambre des députés ; il fut surtout le fils naturel d’Eugène de Beauharnais.

- Le vétérinaire Jean-Baptiste DESPLAS (1758-1823) reposait dans cette division, mais sa tombe n’existe plus.

Le compositeur Maurice DESREZ (1882-1969), qui travailla sous la direction de Vincent d’Indy.

- Charles DIGEON (1868-1936), qui fut maire de Saint-Mandé. Il repose dans la tombe Thinselin.

- L’architecte Henri EUSTACHE (1861-1922), qui participa à l’élaboration de la Grande mosquée de Paris, dont je n’ai pas retrouvé la tombe.

- Les architectes Hippolyte (1827-1899) et son fils Amand (1851-1921) FORGEOT.

-  En 1876, François Auguste GAMICHON (1844-1909), exploitant la découverte de la vulcanisation du caoutchouc qui permettait sa conservation, créa à Paris, rue Saint-Denis, une société fabricant des tricots élastiques. L’entreprise se spécialisa dans la fabrication de ceintures abdominales, de corsets et de tissus élastiques. En 1898, il s’associa avec son neveu, Paul-Maurice Kretz : la société changea de nom et devient les Établissements Kretz. Elle devint finalement en 1949 la société Chantelle. Il repose dans une tombe figurant une grotte devant laquelle se trouve une Douleur signée par Marcel Grouillet.

- Paul Charles GASNAULT (1828-1898), qui fut conservateur du musée des arts décoratifs et du musée de céramique de Limoges reposa dans cette division jusqu’à la reprise de sa tombe.

- L’auteur dramatique Pierre Nicolas Ambroise GÉRARD (1814-1880), sous une stèle quasiment illisible.

- Les architectes Jacques (1882-1962) et Pierre (1912-1992) GRÉBER.

- Lucien GROU de FLAGNY : voir Margaritis

- Louis Pierre d’HUBERT (1779-1848) : maire du 5e arrondissement de Paris, il fut député de la Seine de 1839 à 1842. Sa tombe a disparu.

- L’organiste Georges JACOB (1877-1950) qui fut professeur de piano à la Schola Cantorum, organiste dans plusieurs églises parisiennes, et compositeur. Un minuscule médaillon le représentant sur son lit de mort par Edmond Henri Becker orne sa tombe.

- Amélie Suzanne KELSEN-PLASSARD (1853-1917) : épouse en première noce de François-Émile Morin (+1914 [1]), directeur-gérant des magasins Au Bon Marché, elle se fit offrir par ce dernier une salle des fêtes japonisante rue de Babylone, édifice connu aujourd’hui comme le cinéma La Pagode. Elle y organisa de nombreuses réceptions (à l’inauguration un dîner de cent couverts avec l’orchestre de l’Opéra de Paris, ou quelques mois plus tard une soirée déguisée en empereur et impératrice de Chine), mais dès l’année de l’inauguration, elle quitta son mari pour son associé, Joseph Plassard, lui apportant La Pagode comme dot. Elle mourut en 1917 et ce dernier se remaria avec Antoinette Mougel [2] ; le couple racheta en 1919 les hôtels particuliers alentour, faisant du bâtiment leur salle de fêtes.

- Alexandre Auguste LE SOUEF (1829-1906) : bibliophile, il consacra sa vie et sa fortune à réunir une collection de livres, d’estampes, de plans et de manuscrits. Il fut lié au fameux libraire et éditeur parisien, Honoré Champion, et fut également un philanthrope.

- Édouard MANGIN-BOCQUET (1837-1907) : ancien élève de Marmontel, compositeur, il fut chef d’orchestre du Théâtre Lyrique de Paris jusqu’en 1870. Installé à Lyon, il fut le fondateur et premier directeur du Conservatoire de la ville. Il fut par la suite chef d’orchestre de l’Opéra de Paris de 1893 à 1906.

- Zoroastre Alexis MICHAL (1801-1875), ingénieur des ponts et chaussées qui fut attaché au service de navigation de la Seine et qui participa à la construction de nouveaux ponts sur le fleuve (pont Notre-Dame, pont d’Austerlitz, pont de l’Alma…). Il fut maire du Plessis-Bouchard. Dans le même caveau repose son gendre, Edmond HUET (1827-1906), Ingénieur et directeur des travaux de la Ville de Paris à la suite d’Alphand, qui travailla avec Fulgence Bienvenüe sur la construction du métro de Paris, ouvert en 1900.

- Les aviateurs Léon (1885-1918) et Robert (1886-1968) MORANE, pionniers français de l’aéronautique. En 1910, ils effectuèrent une tentative en vue de remporter le prix Michelin d’aviation qui consistait à relier Paris au sommet du Puy de Dôme en moins de six heures. Leur tentative échoua et ils s’écrasèrent près de Boissy-Saint-Léger, furent blessés mais survécurent. L’année suivante, avec Raymond Saulnier et Gabriel Borel, ils créèrent la Société Anonyme des Aéroplanes Morane-Borel-Saulnier : ils construisirent le monoplan Morane-Borel, qui fut piloté par Jules Védrines dans son vol Paris-Madrid. Léon mourut de la grippe espagnole en octobre 1918. Après la disparition de Léon, emporté par la grippe espagnole, Robert s’investit alors complètement dans leur firme qui se développa surtout dans les années 1930 dans le domaine du transport aérien en créant une compagnie qui devint Air Union avant de se fondre dans Air France.

- L’ancien communard Henri RANVIER (1857-1918), devenu conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine. Il fut l’un des fondateurs du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire (POSR), qui fusionna en 1902 avec la FTSF et les jauressiens pour fonder le Parti socialiste français, lui-même composante de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en 1905. Sa stèle était lors de ma visite dissimulée derrière un aucuba.

- L’architecte Eugène RIGAULT (1841-1892), ancien Second prix de Rome qui devint architecte du gouvernement, reposait dans cette division mais sa tombe a disparu.

- Pierre de ROLLAND (1772-1848) : général des campagnes révolutionnaires puis impériales (durant lesquelles il eut la jambe gauche emportée par un boulet), il fut faire baron d’Empire.

- Mathilde SALLE (1862-1934), qui fut danseuse à l’Opéra de Paris. Elle fut également modèle de nombreux artistes à la fin du XIXème siècle, dont Degas. La chapelle dans laquelle elle repose (Watigny-Salle-Clérice-Ruinard) est ornée d’un buste par Paul Bartholomé et d’un vitrail.

- La soprano italienne Eugénia TADOLINI (1811-1872), qui fut un temps l’épouse du compositeur Giovanni Tadolini (qui repose au cimetière de la Certosa de Bologne) et fit ses débuts à Venise en 1828. Il faut être très attentif pour débusquer sa tombe discrète dans la division.

- Le graveur Pierre-Alexandre TARDIEU (1775-1865), qui fut l’un des derniers à conserver la tradition de l’école de gravure des XVIIe et XVIIIe siècles. Il était membre de l’Académie des beaux-arts. Sa tombe a disparu et on trouve un arbre à la place.

- La tombe de l’architecte Charles Alphonse THIERRY (1830-1907) fut reprise en 1977.

- Le maître de verrerie Léon TISSIER (1851-1921).


Anecdotes et curiosités


- Sous la stèle de la tombe familiale Faure-Cuisard reposent les ancêtres du président de la République Félix Faure, qui reposa brièvement ici avant l’édification de son tombeau dans la 4ème division.
- Dans cette division se trouve la tombe d’Eric de Vriendt (1957-1992), dont l’assassinat par sa compagne afin de toucher des assurances vie défraya la chronique.
- Cette division abrite un monument érigé par l’Assistance publique au Personnel des hôpitaux de Paris victime du Devoir.


Réalisations artistiques


- La magnifique tombe Art Nouveau d’Ernest Caillat (+1899), négociant en vins, réalisée par Hector Guimard. Tombe Ernest Caillat
- La chapelle Adam (qui a connu de meilleurs jours) contient un bel autel Arts déco, un vitrail à motif floraux par R. Proye et une porte en fer forgé.
- Belle fresque et vitrail dans la chapelle Arnaud-Jeanti.
- Très belle ornementation Art nouveau de porte de la chapelle Chazeret.
- Ornementations variées de la chapelle Hanoteau.
- Porte de la chapelle Laumonier-Redly.
- La chapelle Pascal se signale par une riche ornementation : une belle porte et un vitrail signés Jean-Louis Beuzon et, sur le fronton, le fameux petit ange pleureur de la cathédrale d’Amiens.
- Un médaillon et une pleureuse (non signés) sur la tombe Lambert.
- Porte et vitrail dans la chapelle Duhamel-Larré.

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Buste Edouard Dehan (+1899)
Signé par Léon Delagrange.
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Buste François Le Mardelé (+1899)
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Buste dans la chapelle Dupont-Lamotte
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Tombe Picquée

Plusieurs œuvres disparues

- Le buste en bronze par Jean-Ossaye Mombur d’Auguste Valentin est à la Conservation.
- Un médaillon en bronze sur la tombe disparue de Victor Mongrolle (+1847)
- Un buste en terre-cuite sur la tombe disparue de Marie-Adélaïde Louis (+1842)

- Pour une division pas très grande, elle possède un très grand nombre de chapelles avec vitraux.

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Chapelle Beaurain
Signé Guyonnet
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Chapelle Belvoix
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Chapelle Deharambure-Pinson
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Chapelle Duchapt
Signé Collinet
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Chapelle Chevalier-Leemans
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Chapelle Gamara-Gomez
Signé Collinet
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Chapelle Gasne
Signé Guyonnet
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Chapelle Genty
Signé Mathieu
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Chapelle Gogois
Signé Mathieu.
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Chapelle Grillet-Boisguillaume
Signé Guyonnet.
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Chapelle Guillot
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Chapelle Hagnauer-Lobjois
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Chapelle Heurtaut-Gondole
Signé Collinet.
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Chapelle Hurand et Buret
Signé Proye.
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Chapelle Lafon et Polette
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Chapelle Lefebvre et Deslandes
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Chapelle Lemaur de Santa-Cruz
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Chapelle Ligier
Signé Collinet.
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Chapelle Luyssen-Cave
Signé Guyonnet.
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Chapelle Marsat
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Chapelle Mattos-Vieira
Signé Guyonnet.
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Chapelle Martin de Katow 1
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Chapelle Martin de Katow 2
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Chapelle Niclausse
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Chapelle Pigache
Signé Mathieu.
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Chapelle Rivière-Anglade
Signé Mathieu.
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Chapelle Rivoire
Signé Guyonnet.
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Chapelle Roche-Nidiau
Signé Lelay.
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Chapelle Schaeffer
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Chapelle Sigaut-Dieudonné
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Chapelle Thomas
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Chapelle Tranchard-Dubois
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Chapelle Luchaire
Signé Mathieu.
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Chapelle Périnaud
Y reposent des Melcion d’Arc, qui seraient apparentés à Jeanne d’Arc.

[1Inhumé dans la 18ème division du cimetière Montparnasse.

[2Qui ne repose pas dans ce caveau.


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samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

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vendredi 14 février 2014

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