CHASSENEUIL-SUR-BONNIEURE (16) : nécropole nationale
par
Edouard Pascaud, maire du Chasseneuil, et son fils Guy, co-fondateur du maquis AS18 Bir Hacheim, ont fait don du terrain sur lequel se trouve la nécropole à l’Etat, qui en assure l’entretien et la valorisation. Le mémorial de la Résistance a été édifié à l’initiative du colonel André Chabanne, député de la Charente, chef et co-fondateur de ce maquis. Coupée en deux par la ligne de démarcation en juin 1940, la Charente connut une activité résistante importante. Cette nécropole regroupe 2255 tombes de combattants français morts pour la France. Parmi eux figurent 2026 soldats et résistants tombés lors des différents combats qui se sont déroulés entre 1940 et 1945. 226 tombes sont des cénotaphes de résistants dont les corps ont été restitués à leurs proches.
Edifié sur une colline face à la forêt de Cherves-Châtelars, où se trouvait le maquis, ce cimetière national en préserve la mémoire et de manière générale de l’ensemble des résistants charentais. Ce site réunit aussi les dépouilles :
de soldats coloniaux morts durant la campagne de France (1940),
de résistants d’autres régions dont les corps avaient été initialement inhumés dans des cimetières du grand sud-ouest,
trois soldats morts en 1914-1918
onze soldats morts en Belgique durant les combats d’Etalle (1940)
25 membres du maquis de la Parade, fondé dans la région toulousaine, qui furent exécutés par les Allemands en 1944
Le projet vit le jour sous la direction de l’architecte local François Poncelet, lui-même ancien résistant. Ce furent des prisonniers allemands qui en donnèrent les premiers coups de pioche. La Résistance triomphante est symbolisée par une croix de Lorraine de 21m surgissant du V de la victoire. Le mémorial fut inauguré par Vincent Auriol en octobre 1951.
Les bas-reliefs du fronton (Résistance / Déportation / Libération) furent réalisés par le sculpteur Emile Peyronnet.
D’autres bas-relief, la Résistance civile à l’occupant nazi et la Résistance militaire face à l’occupant nazi furent réalisés par Georges Guiraud.
A l’intérieur de la crypte (non accessible lors de ma visite) se trouvent les corps de 30 figures de la résistance locale, parmi lesquels les principaux responsables de la résistance charentaise :
Claude BONNIER (1897-1944) : ingénieur en aéronautique (il fut directeur du cabinet de Marcel Déat, ministre de l’Air en 1936), il rejoignit rapidement la Résistance et s’installa d’abord à Alger puis rejoignit Londres en 1943. Il organisa les forces des groupes-francs et des maquis du sud-ouest de la France, préparant des opérations de sabotage des voies de communication en vue du débarquement. Il réorganisa les maquis charentais, leur donna le nom de Bir Hacheim. Trahi, il fut conduit au siège de la Gestapo. Enfermé dans une cellule, il se suicida en ingérant une pilule de cyanure qui était dissimulée dans sa ceinture. Celle-ci s’étant cassée en tombant par terre, il dut lécher ce qu’il restait du poison et la mort ne fut pas immédiate. Il fut porté dans cette crypte en 1954. Il fut fait Compagnon de la Libération.
André CHABANNE (1914-1963) : instituteur de Chasseneuil, il fut l’un des créateurs du maquis de Bir Hacheim qu’il dirigea. Il participa aux combats de la Libération, notamment dans la poche de Royan. Il fut député de la Charente à la première assemblée constituante (1945-1946). Comme on l’a vu, il fut l’un des instigateurs de l’érection de ce mémorial.
René CHABASSE (1921-1944), responsable du bureau des opérations aériennes, il fut dénoncé par la Gestapo. Arrêté, il s’enfuit mais fut abattu.
Bernard LE LAY (1911-1975), typographe à l’Humanité, puis chef du maquis Bernard.
Jacques NANCY (1912-1987), créateur de la section spéciale sabotage.
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