NIVILLERS (60) : cimetière
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C’est derrière l’église que se trouve le petit et charmante de Nivillers. Parmi les tombes assez modestes émergent quelques tombeaux plus imposants.
Au centre, un massif caveau abrite la dernière demeure du baron Jacques de REINACH (Jacob Reinach : 1840-1892), banquier français d’origine allemande et juive. Cofondateur en 1863 de la banque Kohn-Reinach avec son beau-frère, le financier international Édouard Kohn, il devint en 1886 responsable de la publicité de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama, créée en 1879 par Ferdinand de Lesseps. Il lança une campagne pour encourager les petits épargnants à investir dans la société en s’appuyant sur ses contacts dans la presse et dans la politique. Il s’appuya, pour avoir le soutien des parlementaires, sur son homme de confiance, Émile Arton. Ainsi se mit en place ce qui aboutit quelques temps plus tard au très médiatique scandale de Panama. Entre temps, Inculpé de corruption, Reinach obtint de rester en liberté contre la promesse de livrer ses livres de comptes, et de séjourner sur la Côte d’Azur. Les journaux nationalistes et antisémites de l’époque menèrent alors une violente campagne de presse contre lui, alimentant à la fois l’antiparlementarisme et l’antisémitisme. Cité à comparaître devant le tribunal correctionnel, il fut retrouvé mort dans son hôtel particulier. Il était propriétaire du château, ce qui explique sa présence ici.
A proximité de l’église, dans un ancien enclos, reposent plusieurs membres des familles Lemaire d’Arion et de Glos. C’est ici que se trouve en particulier Antoine LEMAIRE d’ARION (1759-1833), magistrat de l’Oise, qui fut élu par le Sénat conservateur député du département de 1803 à 1811, avant de retrouver son siège en 1814.
Quelques vieilles pierres tombales du début du XIXe siècle de la famille Grillon des Chapelles, ancêtres des de Glos, ont été posées contre le mur de l’église.
Ce mur est l’ultime source d’intérêt du cimetière : il est couvert de graffitis anciens. Le fait n’est pas rare dans cette région. Les églises anciennes de Picardie, d’Ile-de-France et de Haute-Normandie ont en commun d’être bâties en pierres tendres la craie ou le calcaire lutétien qui se prêtent bien à la gravure de graffiti. Ceux-ci peuvent être très abondants, couvrant les murs extérieurs d’églises qu’entourait jadis et qu’entoure souvent encore le cimetière. D’après les dates qui leur sont associées, les gravures ont été
réalisées, pour l’essentiel, aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elles sont en majorité d’inspiration religieuse : croix innombrables, calvaires, cloches, objets du culte, représentations d’églises, voire de cathédrale A ceci s’ajoutent d’autres figurations très variées : outils et instruments divers, objets manufacturés, animaux, ainsi que différentes catégories de dessins abstraits. Ces graffiti composent tout un langage de signes et de symboles mêlant religion, croyances et superstitions.
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