SAINT-JUST-SAUVAGE (51) : cimetière
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Rural, le petit cimetière de Saint-Just-Sauvage a conservé une bonne partie de ses tombes anciennes. Dès l’entrée, la monumentale chapelle d’un ancien maire accueille le visiteur.
Plusieurs officiers militaires se distinguent dans ce département marqué par la guerre à plusieurs reprises : on remarquera tout particulièrement l’ornementation sculptée de l’obélisque du commandant Bertin, où sont sculptés les différents attributs du soldat (épée, fourreau, épaulettes...).
La personnalité principale du lieu est le maréchal Guillaume Marie-Anne BRUNE (1763-1815).
Journaliste sous la Révolution, il fut l’un des principaux fondateurs du club des Cordeliers avec Danton et Marat. Volontaire en 1791, il est déjà général de brigade en août 1793 après avoir écrasé l’armée des fédéralistes dans l’Eure, entre Vernon et Pacy. Il passa sous les ordres de Bonaparte, et partit avec lui en Italie : à Rivoli, il gagna son grade de général de division. Appelé au commandement de l’armée de Hollande, il vainquit les troupes anglo-russes puis
contribua, sur un autre front, à la pacification de la Vendée en 1800. Après Marengo, Bonaparte le nomma commandant en chef de l’armée d’Italie. Brune remporte en décembre 1800 la victoire de Monzembano, qui contraignit l’Autriche à signer la paix.
Ambassadeur à Constantinople en 1802, il fut fait maréchal de France. Gouverneur des villes hanséatiques en 1806, il reprit du service en 1807, cette fois contre la Prusse. Pourtant, à l’apogée de sa renommée, il est disgracié pour des raisons peu claires : Napoléon s’était, il est vrai, toujours méfié de lui car Brune avait conservé des attachements à la République. Il reste à la retraite jusqu’en 1814, puis fut contraint de se rallier aux Bourbons, qui rechignèrent pourtant à accepter ses services.
Rallié à Napoléon aux Cent-Jours, il se vit confier le commandement du camp d’observation du Var. Pour s’assurer la fidélité de celui qui avait toujours été plus un général de la Révolution qu’un maréchal d’Empire, Napoléon le nomma pair de France, faisant de Brune, ipso facto un comte de l’Empire. Après Waterloo, il resta fidèle à ses idées. Rappelé à Paris pour s’expliquer, il remonta par la route : à Avignon, il fut prit à partie par une foule agressive et revancharde, fanatisée par le contexte de la Terreur blanche.
Assassiné, son corps fut mutilé et jeté dans le Rhône, suite à quoi une main anonyme écrit sur le parapet du pont : "Ici est le cimetière du Maréchal Brune". Retrouvé quelques jours plus tard vers Tarascon, il fut inhumé en catimini. Sa veuve le rechercha durant deux ans. Elle le récupéra en 1817 et le porta en leur château de Saint-Just-Sauvage. Le cercueil resta plusieurs années au milieu d’un salon, car sa veuve avait juré de le conserver là tant qu’elle n’aurait pas obtenu justice. Ce n’est finalement qu’en 1829 que Le maréchal fut inhumé dans ce cimetière de Saint-Just-Sauvage.
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