CACHAN (94) : cimetière
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Créé en 1823 en remplacement de l’ancien cimetière paroissial, agrandi à plusieurs reprises, le cimetière de Cachan s’étend de l’aqueduc Médicis jusqu’à l’avenue Carnot, près de la station RER d’Arcueil-Cachan. Il est un lieu de passage et de promenade, pour les piétons qui souhaitent aller de la gare au marché Carnot, puisqu’il dispose de deux entrées. Une partie ancienne assez importante subsiste. Il est clairement dominé par l’aqueduc qui lui donne son identité, et permet de le reconnaître parmi n’importe quels autres cimetières de banlieue.
On notera également, à l’époque où j’y suis allé, l’extrême gentillesse du conservateur.
Curiosités
Saluons la conservation du cimetière, auteure d’une brochure assez complète sur les célébrités du cimetière localisée sur un plan.
un logement avait été construit pour le gardien au-dessus de la porte d’ entrée en 1866. Il est désormais muré et se délabre lentement, créant une ambiance nostalgique de poésie banlieusarde.
Le cimetière a conservé sa partie ancienne, et les vieilles tombes enchevêtrées donnent du caractère au lieu. On y voit également de très belles stèles très bien conservées.
Dans un coin du cimetière, sous un arbre, une stèle réemployée signale la présence de l’ossuaire de l’ancien.
Au centre de la partie ancienne, la croix du monument d’un ancien curé tient lieu de calvaire.
Un tombeau collectif signalé par des ifs indique la présence de 230 soldats morts au combat en 1870.
Un tombeau collectif qui se signale par une croix celtique regroupe onze jeunes irlandais, mort entre 1859 et 1891, sans doute en rapport avec un collège irlandais qui existait à Arcueil. Il est intéressant au point de vue artistique dans la mesure où il reproduit les instruments de la Passion du Christ.
Une plaque signale la présence d’un jeune marin de 30 ans, Julien Veyssière, qui embarqué à bord du Bretagne mourut à Mers el Kébir lors du sabordage de la flotte.
Les réalisations artistiques ne sont pas très nombreuses :
- le bas-relief en bronze par C. Lefèvre sur la tombe du militant socialiste Eugène Givort (+1926).
- Deux médaillons en bronze dans la chapelle de l’ancien maire Lavenant.
- Une vierge sur fond d’aqueduc sur le tombeau Rivadeneyra.
Célébrités : les incontournables...
Claude Louis BERTHOLLET (div H)
Dans ce cimetière reposent le père d’Alain Delon, les parents du compositeur Ricet-Barrier (c’est cependant ailleurs qu’il faudra chercher ce dernier) ainsi que ceux du comédien Omar Sharif.
... mais aussi
Edouard BALDUS (1813-1889) : peintre de formation, il s’installa à Paris en
1838 pour perfectionner sa peinture, et exposa aux salons entre 1847 et 1851. Ses premières expériences photographiques datèrent de la fin des années 1840, axées essentiellement sur les éléments d’architecture et les vues citadines. Il fut sélectionné par la Commission des Monuments historiques pour effectuer des missions héliographiques, des enquêtes photographiques du patrimoine architectural, en se concentrant particulièrement sur les monuments à restaurer. De ce fait, il laissa un très grand nombre de clichés d’une valeur inestimable pour notre connaissance de la France urbaine et monumentale du XIXe siècle. Sa tombe, délabrée, était devenue illisible : elle fut refaite il y a quelques années et une plaque signale clairement sa présence (div K).
- Ancienne tombe
Jacques CARAT (Jacques Karaimsky : 1919-2009) : l’ancien maire "historique"
de la ville (il le fut de 1953 à 1998 !) fut également sénateur socialiste du Val-de-Marne à partir de 1968. Ancien journaliste, il se spécialisa dans les domaines de la communication et de la culture. Il fut en outre président de l’Orchestre régional d’Ile-de-France (div C).
L’architecte Paul CHAUDESAYGUES (1861-1916), auteur du collège Paul Bert de Cachan (div L).
Robert CORNMAN (1924-2008), qui mena une triple carrière de compositeur, de chef d’orchestre et de pianiste. Il fut directeur musical et chef d’orchestre de plusieurs troupes de Danse (M. Béjart, P. Lacotte, K. Dunham...) et parut à la tête des orchestres Lamoureux, des Concerts du Conservatoire, de Monte Carlo, de la RAI de Milan, de la Suisse Romande , de Kol Israel... Il enregistra, comme chef et comme pianiste, une quarantaine de disques (div E).
Pierre DESCAVES (1896-1966) : écrivain et chroniqueur de radio français, il était le fils de l’écrivain Lucien Descaves, qui repose au cimetière de la Chapelle, à Paris. Pierre Descaves a été à la Libération l’un des accusateurs de Sacha Guitry, qui fut contraint à 60 jours d’emprisonnement. Il fut en outre administrateur général de la Comédie-Française de 1953 à 1959 (div L).
André DESGUINE (1902 - 1981) : historien de Cachan et de ses environs, directeur de l’Ecole spéciale des Travaux Publics de Cachan de 1942 à 1972, il a légué une importante bibliothèque de 52 000 éditions au département des Hauts-de-Seine, qui l’a confiée aux Archives départementales (div K).
Henri DIDON (1840-1900) : prêtre dominicain, il fut Grand promoteur du sport
moderne et participa aux côtés de Pierre de Coubertin au renouveau des Jeux olympiques dont il inventa la devise « Citius, Altius, Fortius » (« Plus vite, plus haut, plus fort »). Il mena au collège Albert-le-Grand d’Arcueil un enseignement rigoureux, voire martial, où le sport occupait une place prépondérante (il était convaincu que les élites intellectuelles et sociales qu’il formait devaient aussi être des élites sportives). Il compta parmi ses élèves le turbulent Sacha Guitry, qui s’opposa souvent à l’autorité du prieur et subit diverses punitions. Il repose dans le caveau collectif des Dominicains du
collège, dans lequel se trouve également le père Eugène CAPTIER (1829-1871). Ce disciple de Lacordaire dirigea également le collège lorsque survint la Commune. Dans des conditions aujourd’hui encore mal élucidées, il fut, avec onze de ses compagnons, tué près de la place d’Italie où il avait été conduit par les communards. Les corps des victimes furent en un premier temps inhumés dans une grotte, sur la propriété du collège. Lorsque le terrain fut récupéré pour élargir le boulevard, en 1938, leurs restes rejoignirent le caveau collectif du cimetière (div G).
Le général DIEU (1813-1860), qui mourut en tombant de cheval à la bataille de Solferino. Je l’indique dans la mesure où il donna son nom à une rue du Xe arrondissement de Paris. Sa stèle délabrée a perdu la plaque qui indiquait son identité, mais celles de ses ancêtres, à l’arrière, ne laisse aucun doute sur l’identité du tombeau (div H).
L’architecte Wilhelm Carl EICHMULLER (1868-1915) (div J).
Léon EYROLLES (1861-1945) : entrepreneur français issu des Ponts-et-Chaussées, il créa en 1891 "L’école chez soi", un des plus anciens instituts privés de formation à distance, spécialisé dans le bâtiment et les travaux publics. Peu à peu, avec le soutien des pouvoirs publics et de la profession, il acheta un vaste terrain à Cachan vers 1902, pour y installer des ateliers nécessaires aux épreuves pratiques et bientôt un internat : ce fut l’acte de naissance de l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie. En 1925, il créa également la Librairie de l’enseignement technique, qui devint le Groupe Eyrolles. Il fut maire de Cachan de 1929 à 1944 (div A).
Le violoniste international Christian FERRAS (1933-1982), très apprécié des
mélomanes pour son jeu tout en instinct, qui se donna la mort. Il laissa de très nombreux enregistrements. Son identité est très peu lisible sur sa tombe (div P).
René-Louis LAFFORGUE (1928-1967) : auteur, compositeur et chanteur
français d’origine espagnole (il quitta l’Espagne pour fuir la guerre civile), il exerça plusieurs métiers avant de devenir comédien puis chanteur. Les années cinquante virent son talent reconnu, après les premières parties des spectacles de Georges Brassens, il passa à l’Olympia. Ses chansons comme : Julie la Rousse (1956) lui assurèrent la popularité (div J).
Julie La Rousse par René Louis-Lafforgue
Le peintre et illustrateur Marcel LECOULTRE (div I).
La très oubliée Antoinette LEGAT (1869-1920), qui fut comédienne à l’Odéon et au Théâtre Antoine. Sa tombe à l’antique est ornée d’un buste (div K).
Le comédien Louis LYONNET (Ghazar Yeretzian : 1930-2007), qui fit l’essentiel de
sa carrière à la télévision (div S).
L’ingénieur Guy MAILLÉ (1925-1997), qui contribua aux essais du Concorde avec
André Turcat.
Félix MARTEN (1919-1992) : après avoir suivi les cours d’art dramatique de
Dullin, il s’orienta vers la chanson et se produisit dans les cabarets parisiens. Il fit également une carrière au cinéma (Le huitième jour, Dans la gueule du loup...) (div S).
Le clown blanc PASTIS (Fernand Videcoq : 1921-1992) (div R)
.
Henry POULAILLE (1896-1980) : autodidacte, journaliste et écrivain populaire,
il fût le chef de file de la littérature prolétarienne à laquelle il consacra toute son énergie. Ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses éditions et de multiples traductions. Il a légué l’ensemble de ses collections, manuscrits et bibliothèques à la ville de Cachan, qui a ouvert en 2006, avec ce fond, un Centre de littérature prolétarienne. Sa dalle plus que contemporaine est grignotée par la végétation (div I).
Le violoncelliste Georges SCHWARTZ (1919-1997), qui fut soliste aux concerts Colonne et Pasdeloup (div C).
Pierre-Daniel TEMPLIER (1905-1987) : fils du maire d’Arcueil, et plus tard haut fonctionnaire au ministère de l’agriculture, il fut l’auteur, dans son jeune âge, de la première biographie d’Erik Satie, à une époque où celui-ci était encore méconnu (div G).
Merci à Olivier Camus pour les photos Lyonnet et Maillé.
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