BOURRON-MARLOTTE (77) : cimetière
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Certains cimetières, dans lesquels on cherche des personnalités qu’on y sait inhumées, résistent à la recherche, même fouillées. C’est le cas du cimetière de Bourron-Marlotte, un cas d’école, visité à deux reprises, qui ne m’a jamais livré les célébrités que j’y cherchais. En revanche, j’en ai trouvé d’autres ! Dans les faits, de nombreux artistes et écrivains ont résidé à Bourron-Marlotte aux XIXe et XXe siècles, et quelques-uns y reposent donc
Ce cimetière possède dans sa partie ancienne une belle conservation d’antiques sépultures. Beaucoup sont désormais illisibles, ce qui ne facilite évidemment pas la tâche.
Curiosités
Une partie de ce cimetière, séparée du reste par des arbustes denses, abritent deux chapelles familiales : la première est celle de la famille Montesquiou-Fezensac, qui habitait depuis 1878 le château de Bourron [1], l’autre est celle de la famille Vigrain (voir plus bas).
- Chapelle et tombeau Montesquiou-Fezensac.
Une stèle indique la présence d’Adèle Engelspach, « veuve de Charles Moreau-Vauthier ». Il s’agit du peintre et écrivain qui repose, lui, au Père Lachaise.
Un imposant sarcophage en élévation. Cette sépulture très particulière « suspendue comme au Venezuela » est celle de la mère du peintre vénézuélien d’origine allemande Alexander Kreutzer.
Célébrités : les incontournables...
Aucune
... mais aussi
Auguste ALLONGÉ (1833-1898) : ancien élève de Léon Cogniet et de Ducornet, ce peintre de paysage enseigna le dessin au fusain et publia en 1875 un traité sur cet art traduit en plusieurs langues. Proche de l’École de Barbizon et sensible aux effets de la lumière, il remplaça la couleur par une étude très fine des valeurs. Il repose sous une stèle surmontée d’un relief, restaurée par une association locale.
Jean BRAMAN (dit aussi Fribourg : 1894-1987) : issu de l’extrême gauche, son parcours l’amena vers l’anticommunisme. Sous la IVe République, rallié au général de Gaulle, il devint, à la demande d’André Malraux, propagandiste national du Rassemblement du Peuple Français (RPF). Il effectua de grandes tournées de conférences, notamment dans le Sud-Ouest où son talent oratoire, passionné et emphatique, impressionnait ses auditeurs. Il ne parvint jamais à se faire élire député.
La comédienne Germaine DELBAT (Germaine Fuster : 1904-1988), au visage encore familier pour les plus si jeunes, tant elle joua au théâtre et pour la télévision (moins pour le cinéma). Malgré mes recherches, et étant sans doute passé devant sa tombe, je ne l’ai pas retrouvée.
L’archéologue Gustave FOUGÈRES (1863-1927), qui explora la Thessalie et l’Asie Mineure et fouilla le gymnase de Délos (1886). Spécialiste de la Grèce antique, il publia un Guide qui fit date. Membre de l’Institut, il enseigna l’archéologie à la Sorbonne à partir de 1919.
Célestin NANTEUIL (Célestin Nanteuil-Leboeuf : 1813-1873) : peintre, graveur et illustrateur lié au mouvement romantique, il fit partie du cercle des romantiques autour de Victor Hugo, participa à la bataille d’Hernani en 1830, fit partie des « Jeunes France »... Il était très proche de Gérard de Nerval dont il illustra les œuvres avec Tony Johannot. Il puisa son inspiration dans l’art médiéval, en vogue auprès des romantiques, qu’il réinventa en créant un style « néogothique ». Il illustra les œuvres de Hugo, T. Gautier, Dumas père, et donna les frontispices de nombreuses chansons romantiques. Malgré mes recherches, je n’ai pas retrouvé sa tombe.
Le sculpteur et médailliste Louis RAULT (1847-1903). Il fut ciseleur chez Boucheron, et aima créer des séries d’animaux. Il repose sous une dalle moussue et quasiment illisible.
Paul RODDE (1894-1917), qui fut l’un des 182 pilotes de guerre français de la Première Guerre mondiale figurant parmi les « as » de l’aviation. Ancien mécanicien devenu pilote avec le grade de sergent dans l’Escadrille 69, il remporta 5 victoires homologuées en combat aérien. Il mourut en service commandé, victime d’une chute d’avion après le décollage. J’ai bien trouvé mention de son identité sur le monument aux morts, mais n’ai pas trouvé sa tombe.
Jean Ernest VILGRAIN (1880-1942) : issu d’une famille de minotiers lorrains, il fut sous-secrétaire d’État à l’Agriculture et au Ravitaillement, chargé du Ravitaillement entre 1917 et 1920. Il créa en 1919 les « baraques Vilgrain ». Ces magasins, installés de manière assez sommaire dans des baraques conçues par l’intendant militaire Adrian, offraient aux habitants de Paris et de sa banlieue les produits alimentaires de première nécessité à des prix inférieurs de 20 à 30% à ceux du commerce, à qualité égale. L’initiative de Vilgrain reçut de la population parisienne l’accueil le plus empressé. Vilgrain intervint aussi de manière plus globale sur le marché et organisa notamment un système de transports permettant de diriger les produits sur les centres de consommation rapidement et par trains complets, c’est-à-dire à des tarifs aussi réduits que possible. Ces initiatives hardies contribuèrent à freiner la hausse du coût de la vie au cours de la période critique du retour à l’économie de paix.
[1] Devant la chapelle se trouve un tombeau qui abrite les dépouilles du comte Anatole Wlodimir de Montesquiou (1830-1905) et d’une partie de sa descendance. La chapelle est hermétiquement fermée : n’est-elle qu’un lieu de célébration où d’autres membres de la famille y reposent-ils ? Je l’ignore.
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