VENCE (06) : cimetière du centre
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Il existe des cimetières de militaires, ou de grands industriels, selon les régions, les activités. Le cimetière central de Vence témoigne de l’attraction ancienne des artistes sur la côte, en particulier des figures littéraires. Moins connu que celui de Saint-Paul-de-Vence (où repose en particulier Chagall), il n’en possède pas moins pas mal de tombeaux qui éveilleront l’intérêt du taphophile.
Le cimetière témoigne également de l’importante présence de la communauté anglo-saxonne.
Les divisions proches de l’entrée, les plus anciennes, sont très blanches et minérales, comme dans tous les cimetières de la région. Vers le fond, les divisions plus récentes laissent davantage de place à la végétation, et à des tombes à la fois moins massives et plus personnalisées.
Curiosités
L’entrée du cimetière est en retrait par rapport à la rue. Il est signalé par la présence d’un monument aux morts de la Résistance.
L’étrange présence, à l’intérieur du cimetière, d’un four crématoire ! (pour les ordures et les feuillages, précisons...).
Dans un coin du cimetière, une "grotte" tient lieu de tombe à une famille (Court-Einesy).
Une urne, sans doute érigée par la communauté pieds-noirs, contenant de la terre d’Algérie, commémore les "morts abandonnés" au Maghreb après les indépendances.
Comme ailleurs, quelques tombes patrimoniales, ou à caractère artistique :
- Tombe de Jean-Baptiste Calvy (+1855)
- Ancien capitaine de cavalerie de la vieille garde impériale, et ancien maire de la commune.
- Tombe Thiolay.
- Reproduction moderne de la Sainte-Cécile de Stefano Maderno.
Célébrités : les incontournables...
Aucun incontournable, cependant...
L’écrivain britannique D.H. LAWRENCE fut inhumé dans ce cimetière durant cinq ans, de 1930 à 1935 : une plaque rappelle son ancienne présence.
Des mystères restent à élucider, car on trouve tout et n’importe quoi sur le net. En premier lieu, beaucoup confondent le cimetière de Vence et celui de Saint-Paul. Reste à déterminer, comme ces sources l’indiquent, si une partie des cendres de l’acteur britannique Donald PLEASENCE (1919-1995) s’y trouve. Idem pour le photographe Bernard ROUGET (1914-1998), ici où à Saint-Paul.
On notera la présence de la tombe des grands-parents paternels de Brigitte Bardot.
... mais aussi
Le musicien Fernand AMIANDO (1890-1982).
Le peintre John Wright ARMSTRONG (1881-1963).
Henri CALET (Raymond-Théodore Barthelmess : 1903-1956) : journaliste (il collabora en particulier à Combat), il fut l’auteur de romans mettant souvent en scène un Paris populaire de la première moitié du XXe siècle.
Paul GADENNE (1907-1956) : professeur de lettres, il dut abandonner en raison de la tuberculose qui finit par le terrasser (son premier roman en 1941, Siloé, est en partie autobiographique et traite de ses séjours en sanatorium et de la réflexion qu’ils lui inspirent). La rencontre, la séparation et la culpabilité, dans le contexte de la guerre et de la collaboration, sont des thèmes également très importants et récurrents dans son œuvre ; La Plage de Scheveningen (1952) en fournit une parfaite illustration.
Witold GOMBROWICZ (1904-1969) : issu d’une famille lituanienne assez aisée vivant en Pologne, Gombrowicz, formé au droit, à l’économie et à la philosophie, se mit à écrire en 1926. Partit en Argentine pour une série d’articles, la guerre et l’annexion de la Pologne par les nazis le contrainrent à s’y exiler. Interdit de publication dans son pays, par les nazis puis les communistes, il continue à écrire. Son œuvre connut alors un succès croissant en France et en Allemagne : ses œuvres sont caractérisées par une analyse psychologique profonde, un certain sens du paradoxe, un ton absurde et anti-nationaliste. Il revint en Europe en 1963, se fixant près de Paris, puis à Vence. On lui doit des romans (Ferdydurke, Kosmos...), mais aussi des pièces de théâtre (Yvonne, princesse de Bourgogne...).
Emile HUGUES (1901-1966) : maire de Vence, député radical-socialiste des Alpes-Maritimes de 1946 à 1958, puis sénateur du département de 1959 à sa mort, il fut ministre à plusieurs reprises, en particulier un éphémère garde des Sceaux en 1954.
Sœur Jacques-Marie (Monique Bourgeois : 1921-2005), dominicaine qui avait servi de modèle pour Henri Matisse, et qui avait encouragé l’artiste à concevoir la chapelle du Rosaire de Vence.
Marcelin MAUREL (1807-1877) : avocat et maire libéral de Vence, il fut représentant du Var à l’Assemblée constituante de 1848.
L’auteur-compositeur Bob MEHDI (Robert Medhi : 1939-1988), à qui l’on doit un très grand nombre de titres dans les années 70 tous plus oubliés les uns que les autres, malgré la notoriété de certains de ses interprètes (une exception pour Mademoiselle Chante Le Blues, son dernier titre, qu’il cosigna avec Didier Barbelivien). Sa tombe est une ode mièvre à sa mère : deux poèmes gravés de sa composition, et des mentions multiples ("Protégé de sa maman", "Il est mort comme il a vécu : toujours seul avec sa maman").
Jacques MORALI
Raoul MORETTI (1893-1954) : musicien et compositeur de chansons marseillais, il se fit rapidement connaître, en particulier avec Quand on aime on a toujours vingt ans. Raoul Moretti monta à Paris et créa des chansons pour de célèbres artistes de music-hall, tels que Maurice Chevalier, Mistinguett ou Marie Dubas. À partir de 1924, il composa également pour l’opérette et l’opéra-bouffe et obtint des succès durables avec de nombreux titres, notamment La Fille du bédouin, chanté par Georges Milton. Fin mélodiste et orchestrateur, il composa pour le cinéma dès l’arrivée du parlant, en collaborant en particulier avec René Clair (Sous les toits de Paris, interprété dans le film éponyme en 1930 par Albert Préjean). Les succès s’enchaînèrent jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, Raoul Moretti réalisa une dernière comédie musicale, mais il était alors passé de mode.
Le poète provençal Fernand MOUTET (1913-1993).
Marthe OULIÉ (1901-1941) : archéologue de formation, elle entreprit en 1925 une croisière sur la Méditerranée (entre Marseille et Athènes), à bord d’un bateau à voiles à l’équipage exclusivement féminin. Elle mena ensuite des fouilles archéologiques en Crète. Elle fit le récit de ce voyage (Cinq filles en Méditerranée, Quand j’étais matelot).
Albert PARAZ (1899-1957) : chimiste de formation, il se lia d’amitié avec Louis-Ferdinand Céline et entretint avec lui une correspondance fournie. C’est Céline qui le recommanda à son éditeur, Robert Denoël, qui publia ses premiers ouvrages. Il le défendit après la guerre. Mobilisé dans une unité de recherche nucléaire, gazé accidentellement, il passa le reste de sa vie en milieu hospitalier ou para-hospitalier, notamment à Vence. Polémiste, Albert Paraz collabora à divers journaux et revues d’extrême droite telles que Rivarol. Il fut le créateur du personnage de Bitru, citoyen français moyen en butte aux vexations de la société et du monde du travail.
Le compositeur italien Joseph RICO (1876-1957), auteur de plus de 300 oeuvres, qui connut un véritable succès (en particulier avec ses valses lentes). Il fut interprété par des pointures de l’époque, comme Bérard (son grand tube fut J’ai tant pleuré). Il fut également l’un des fondateurs de la manufacture d’anches Rico International, à laquelle il donna son nom. Avec lui repose son fils, le journaliste Francis RICO (1913-1971).
La danseuse russe Ida RUBINSTEIN (1885-1960) Elle reposait sous une lourde dalle portant seulement ses initiales I.R, mais sa sépulture a été refaite récemment.
Le journaliste de l’ORTF Robert SADOUL (1914-1966), dont je n’ai pas retrouvé la tombe.
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