SAINT-OUEN (93) : cimetière communal
par
C’est vers le milieu du XIXe siècle qu’ouvrit l’actuel cimetière communal de Saint-Ouen, en remplacement de l’ancien qui se situait très certainement autour de l’église. Situé dans l’avenue Jean Jaurès, près de la mairie de Saint-Ouen, il ne doit surtout pas être confonfu avec le grand cimetière parisien de Saint-Ouen (ici et ici), divisé en deux parties, qui se trouve au sud de la commune.
De taille bien plus modeste, ce cimetière ne manque pas d’intérêt : à l’entrée de la nécropole, les 10 premières divisions conservent un grand nombre de tombeaux datant des débuts du cimetière, retranscrivant l’histoire d’une commune fortement marquée par son histoire ouvrière. La présence des maires et députés de Saint-Ouen nous permettent de plonger dans l’histoire du mouvement ouvrier, et des mouvances communistes et socialistes des débuts de la République française, mais également des ambiguités de certains durant la guerre (ainsi, le maire de l’ultra-gauche conservant son mandat sous Vichy, et forcé de fuir à la Libération). Les monuments aux morts témoignent également d’un fort sentiment pacifiste et, de manière plus globale, internationaliste, de cette commune fortement ancrée dans la banlieue rouge.
Curiosités
Une tombe assez énigmatique de la quatrième division : aucun nom n’est
inscrit, mais plusieurs plaques signalent la présence de l’Ange blanc (1914-1989), « le seul et grand acrobate mondial qui a réussi cet équilibre au sommet de la Tour Eiffel ». Une photo de l’événement, sans doute issue d’un quotidien, complète « le cousin de Django Reinhardt réussit un périlleux équilibre au sommet de la Tour Eiffel ».
Une table minérale sert de tombeau à Louis-Auguste Dieumegard (1823-1880), marchand de bois qui devint le premier maire républicain de Saint-Ouen en 1876 et qui mourut en fonction. Son épitaphe précise qu’il « fut l’une des nombreuses victimes de la réaction de 1871 ».
Une belle pleureuse en bronze sur le tombeau Bonneville.
Une statuaire assez limitée, hormis quelques pièces en bronze, le plus souvent des médaillons ou bustes d’anciens maires.
Une énigmatique sculpture sur une tombe anonyme.
De beaux ornements en mosaïques d’inspiration Art Nouveau sur la tombe Somsou.
Plusieurs sépultures collectives et monuments aux morts dans le cimetière. Parmi eux :
- Une stèle à l’emplacement où « reposent les restes des corps provenant de l’ancien cimetière de Saint-Ouen supprimé en l’an 1858 ».
- Un monument dédié aux victimes civiles des bombardements aériens du 21 avril au 2 août 1944.
- Un monument général ayant la particularité de présenter une urne contenant des « cendres humaines prélevées dans les fours crématoires des différents camps de concentration ».
- Un tombeau collectif servant de sépulture aux sapeurs-pompiers de Saint-Ouen.
- Une stèle à l’emplacement où « reposent les restes des corps provenant de l’ancien cimetière de Saint-Ouen supprimé en l’an 1858 ».
Contre le mur, une plaque honore également les sapeurs-pompiers de Saint-Ouen morts pour la France.
- Plus étonnant : une plaque, sur le mur, célèbre « la mémoire des jeunes audaniens (habitants de St Ouen) tombés dans la cruelle et injuste guerre du Vietnam ». Elle fut érigée par souscription publique par l’Union des Femmes Françaises. A noter qu’elle fut réparée car brisée en de nombreux morceaux, le message n’ayant pas dut plaire à tout le monde.
- Plus étonnant : une plaque, sur le mur, célèbre « la mémoire des jeunes audaniens (habitants de St Ouen) tombés dans la cruelle et injuste guerre du Vietnam ». Elle fut érigée par souscription publique par l’Union des Femmes Françaises. A noter qu’elle fut réparée car brisée en de nombreux morceaux, le message n’ayant pas dut plaire à tout le monde.
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
Alexandre BACHELET (1866-1945) : maire socialiste de Saint-Ouen de
1927 à 1929, il fut sénateur de la Seine de 1927 à 1944. Il se fit particulièrement entendre lors des débats concernant l’éducation.
Augusto BALDI (Antoine Balderacchi : 1884-1957) : auteur compositeur,
joueur d’accordéon, il donna son nom a un célébre dancing de Paris « le Baldi ». Il tenait un café à Saint-Ouen. Une gravure le représente jouant de son instrument.
Adolphe BÉRARD (1870-1946) : rêvant de faire carrière
comme chanteur d’opéra, il se produisit très jeune dans des salles de quartier. Après des débuts à Marseille dans divers concerts, son nom fut à l’affiche de l’Eldorado et de la Gaité Rochechouart dés 1890. Il se spécialisa dans le genre mélodramatique avec des chansons comme Le loup de mer ou Le train fatal. Pendant la Première guerre mondiale son registre devint patriotique avec des chansons comme La valse bleu-horizon ou L’étendard étoilé. Il joua à plusieurs reprises des revues et operettes et effectua de nombreuses tournées en province et à l’étranger. Petit, inélégant, boiteux presque, affecté de surcroît d’un léger strabisme, Bérard, contre toute attente, ne connut que du succès, du presque tout début de sa carrière jusqu’à
sa toute fin, quarante ans plus tard. - Et il fut non seulement populaire mais adulé ; au point où il lui arrivait, certains soirs, de voir son cabriolet dételé par ses admirateurs qui insistaient pour le ramener à force de bras, de l’Eldorado au Faubourg Saint-Martin où était sa résidence. Il fut, de fait, au cours d’une exceptionnelle carrière, une incontestable vedette de la chanson populaire, un de ces incontournables de : la Belle Époque, de la Grande Guerre, de l’après-guerre, des années vingt... Il avait épousé la chanteuse Charlotte GAUDET (1869-1934), soprano légère qui connut le succès avec un répertoire grivois. Tous deux reposent dans ce cimetière où je les y aient déniché après de nombreuses années de recherche.
Victoire Zoé Talon, comtesse du CAYLA (1785-1852) : admise dans
l’intimité de Louis XVIII, puis devenue sa maîtresse, elle prit sur lui un grand ascendant et fut le lien principal entre les ultra-royalistes et le roi. Elle reçut en don du roi le château de Saint-Ouen, près de Paris, dans lequel elle décéda. Elle fut peinte par Gérard.
l’acteur Jean DROZE (Jeandroz : +1995)
Marie-Joseph FARCOT (1798-1875) : inventeur et industriel parisien, il créa en 1823 une entreprise de machines à vapeur. Inventeur infatigable, son entreprise prospèra et, en 1846, l’industriel décida de transférer ses activités à proximité de la gare d’eau des docks de Saint-Ouen. Une politique d’achats successifs de parcelles alentour constitua aux Etablissements Joseph Farcot un domaine de près de quatre hectares. Le raccordement avec les embranchements industriels relia l’entreprise aux chemins de fer du Nord et de l’Ouest. Si la principale production de l’usine demeura les machines à vapeur, la diversification de la fabrication s’ouvrit sur les chaudières, les pompes, les machines électriques et les machines-outils. Sa tombe, dissimulée derrière un sapin, est ornée d’un buste en bronze. Près d’elle se trouve l’ensemble des tombeaux de la famille : dans l’un d’entre-eux repose son fils, Joseph FARCOT (1824-1908), surnommé « l’homme aux cent quatre vingt quatorze brevets » : il obtint effectivement un nombre important de brevets dans des domaines très variés : machines à vapeur, régulateurs, pompes, alternateurs, grues, moteurs thermiques, servomoteur… Il fut l’un des premiers expérimentateurs de la cybernétique, discipline qui attendit encore longtemps ses théoriciens.
L’entraineur de boxe José JOVER (1911-1989).
Gustave LESESNE (1878-1958) : instituteur à Saint-Ouen, il fut député indépendant de la Seine de 1928 à 1936 et siégea avec l’extrême-gauche. Maire de la ville en 1919, puis de 1929 à 1944, il fut maintenu en fonction par les autorités de l’État Français de Pétain, et dut fuir la Mairie quand les groupes de la Résistance s’en emparèrent.
Jean PERNIN (1850-1925) : élu maire de Saint-Ouen en 1887, il fut le premier maire socialiste de France.
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