Une deuxième vie pour les chapelles du Père-Lachaise
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Voici une des bonnes idées de l’année 2011 (en matière funéraire, les mauvaises idées dominent généralement). L’article présente le projet comme une initiative du Père Lachaise : je ne suis pas certain que ce soit vrai, dans la mesure où il existe déjà dans d’autres lieux, comme au cimetière de Bardines d’Angoulème par exemple : voir cet article). Il suffira de poser la question à Guénola Groud. Réhabiliter des chapelles à cette fin permet d’intervenir en amont et en aval, à savoir trouver des emplacements cinéraires ET conserver le patrimoine. Une autre excellente idée, plus discrètement présentée dans cette article, est celle des cippes ; un juste retour dans l’Antiquité d’une certaine manière. Ceux-ci peuvent être gracieux, et prennent peu de place. Pour une fois, on s’attelle vraiment au vrai problème des urnes funéraires, que l’on voit disparaître sitôt sorties du crématorium, dans le contexte d’une loi qui n’est pas vraiment applicable.
Recycler certaines chapelles funéraires abandonnées pour en faire de mini-columbariums : telle est la dernière trouvaille des responsables du cimetière du Père-Lachaise (XXe), confrontés à un manque d’espace chronique. Classée en tant que site remarquable à l’Inventaire des monuments historiques, la plus grande nécropole parisienne ne peut évidemment pas s’agrandir.
« Avec près de 70000 concessions, dont 30000 antérieures à 1900 inscrites à l’Inventaire des monuments historiques, le cimetière du Père-Lachaise est plein comme un œuf », constate Guenola Groud, conservatrice en chef du patrimoine au service des cimetières de la Ville de Paris. Même les galeries extérieures du columbarium (monument où sont placées les urnes contenant les cendres des défunts) ne disposent plus de case disponible : les seules concessions possibles désormais sont en sous-sol.
Sélectionnées selon leur état, leur accès et leur style
Plus grand espace vert de Paris, le fameux cimetière du XXe arrondissement qui enregistre deux millions d’entrées de visiteurs par an, est aussi un véritable musée de sculptures à ciel ouvert. Or, des centaines de monuments funéraires, manifestement abandonnés, sont en piteux état. D’où l’idée de les restaurer pour leur donner en quelque sorte une deuxième vie. Trois chapelles funéraires du XIXe siècle ont donc été sélectionnées pour être transformées en minicolumbariums. « Ces trois chapelles ont été choisies sur trois critères. 1. Elles ne sont pas en trop mauvais état. 2. Bien situées, elles sont d’un accès facile. 3. Elles sont d’un style architectural relativement neutre, sans signes religieux trop marqués », explique Guenola Groud.
Expérimentale, cette initiative qui permet de conserver le patrimoine, est très encadrée. « La concession de chacune des chapelles est échue, la procédure administrative d’une durée de trois ans, ayant démontré que personne ne revendique plus aucun droit sur ces tombes », précise Sophie de Vergie, ingénieur responsable de la division entretien et travaux des cimetières parisiens. Les ossements ayant été exhumés, il ne reste plus qu’à effacer les inscriptions gravées dans la pierre. « Les travaux qui consistent à aménager chaque chapelle pour y installer huit cases dans lesquelles seront placées les urnes commenceront courant novembre et seront achevés en mars-avril », indique Sophie de Vergie.
Enfin, sachant que la crémation représente aujourd’hui 40% des funérailles : des cippes, sorte de petites colonnes d’environ 60 cm de hauteur inspirées de l’Antiquité, vont être installés au Père-Lachaise. En métal, en pierre ou en béton, ces petits cylindres, placés au pied d’un arbre ou dans un massif paysager, devraient accueillir deux urnes chacun. C’est la dernière innovation pour accueillir, dès l’an prochain, les cendres des disparus.
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