Les tombes de la famille de Victor Hugo à l’abandon
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Un descendant souhaite que les sépultures du petit cimetière de Villequier, en Seine-Maritime, soient classées monument historique. L’Élysée est saisi du dossier.
Les bruyères sont trop volumineuses et les rosiers n’ont pas été taillés depuis belle lurette. À l’ombre de la petite église de Villequier, en Seine-Maritime, village de 832 habitants niché entre le plateau du pays de Caux et la Seine, les tombes de la famille de Victor Hugo sont dans un triste état. Et s’il n’y avait que la végétation galopante… La croix de la tombe d’Adèle, l’épouse de l’écrivain, qui, lui, repose au Panthéon, est cassée, et les épitaphes gravées sont devenues quasiment illisibles.
Plusieurs mois par an, l’auteur des Misérables aimait séjourner dans la grande maison paisible des Vacquerie, en bord de Seine, là où vivait l’une de ses deux filles, Léopoldine. Elle s’était mariée avec Charles Vacquerie, à l’âge de 19 ans. Sept mois après, les jeunes époux périssaient, noyés dans la Seine. « Seul un père qui a perdu une fille au même âge peut comprendre votre douleur », écrivit alors Lamartine à Victor Hugo. La lettre est pieusement conservée dans les vitrines du musée, sur les bords du fleuve.
Descendance compliquée
Une situation qui pourrait changer si les sépultures étaient classées monument historique. Depuis des années, Jacques Bardel, le maire de Villequier, se heurte au refus de la Direction régionale des affaires culturelles. En attendant, l’élu n’a pas compétence sur des tombes qui relèvent du domaine privé. « Il y a quelques années, explique-t-il, j’avais pris le risque de faire restaurer les tombes, mais nous sommes toujours limite. » « La descendance de la famille Hugo est compliquée », souligne de son côté le conservateur du musée, Sophie Fourny-Dargère, qui, malgré tout, a suggéré au jardinier du musée de faire un tour régulier au cimetière.
L’affaire vient cependant de connaître un rebondissement. À la recherche de ses origines, un hôtelier d’Arles s’est rendu cet été à Villequier. Michel Albagnac est l’un des descendants de la famille Vacquerie, petit-fils d’un des neveux de Charles, le mari de Léopoldine.
« Ces tombes appartiennent au patrimoine. Un tel classement permettra de les sauvegarder. Car, dans cinquante ans, qui pourra encore s’en occuper ? » s’interroge-t-il. Le nouveau directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, Christian Frémont, a été saisi du dossier.
Les hommes au Père-Lachaise
« Au moins, les choses seraient claires, et des collectivités pourraient s’engager financièrement », souligne Jacques Bardel, qui, dès lors, sollicitera le département, la Région et l’État. Ce classement est aussi l’objectif du conservateur du musée. « C’est très important, déclare Sophie Fourny-Dargère. Les visiteurs viennent aussi pour voir les tombes. »
Victor Hugo avait décidé que les femmes de sa famille seraient enterrées à Villequier, les hommes, eux, au Père-Lachaise. Mais aujourd’hui, à flanc de colline, en Normandie, plus personne ou presque ne s’occupe des tombes Hugo et Vacquerie.
La ministre de la Culture Christine Albanel annonce mercredi qu’elle va classer aux titre des Monuments historiques les tombes de la famille de Victor Hugo, situées en Seine-Maritime, afin d’assurer leur sauvegarde.
Dans un communiqué, Mme Albanel explique qu’elle a été informée dans la journée de "l’état très dégradé" des tombes de l’épouse de Victor Hugo, Adèle, de leur fille Léopoldine et de son mari Charles, à Villequier (Seine-Maritime). L’écrivain repose pour sa part au Panthéon.
Mme Albanel, qui s’est entretenue au téléphone avec Michel Albagnac, un descendant de la famille Hugo, fait part de son intention "d’inscrire ces tombes au titre des Monuments historiques, car ces sépultures font pleinement partie du patrimoine historique et littéraire de la France".
Selon la ministre, cette procédure "permettra que des fonds publics de l’Etat et des collectivités locales soient mobilisées pour l’entretien de ces tombes". Dans "Le Figaro" de mercredi, M. Albagnac et le maire de Villequier, Jacques Bardel, s’étaient émus de la lente dégradation des sépultures
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