NEVERS (58) : couvent Saint-Gildard
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Nevers est en particulier connu pour sa présence : le couvent Saint-
Gildard détient la châsse dans laquelle est conservé le corps de Bernadette SOUBIROUS (Maria Bernada Sobeirons : 1844-1879), jeune fille pauvre originaire de Lourdes qui, en 1858, à 18 reprises, aurait vu lui apparaître la Vierge sur le site de la grotte de Massabielle.
Une commission d’enquête menée sur le site dès 1858 par l’évêque de Tarbes conclut à la véracité des apparitions. L’un des arguements les plus importants pris en compte fut que la Vierge, lors de la 16ème apparition, se serait présentée à Bernadette sous l’identité de « l’immaculée Conception », dogme prononcé par le pape Pie IX quatre ans auparavant que Bernadette, illétrée, ne pouvait ni connaître, ni comprendre.
Une commission somme toute bien rapide. Le contexte est intéressant : en 1854, Pie IX, sans véritable concertation (ainsi, il ne réunit pas de concile), proclame le dogme de l’Immaculée Conception : l’Infaillibilité pontificale (proclamé en 1869) se dessine déjà en filigrane. Il donne ainsi une portée universelle à une ancienne tradition selon laquelle Marie n’a jamais connu le mal, étant exempte du péché originel. Mais il renforce également le pouvoir du pape par rapport au Concile. Ce dogme fut d’ailleurs boudé par une grande partie du clergé libéral, en particulier dans la mouvance du catholicisme social opposé aux visées du très conservateur Pie IX. Pour le pape, les apparitions de Lourdes sont une aubaine pour renforcer ce tout jeune dogme.
A la suite des apparitions, l’Eglise prend en charge la gestion des miracles : Bernadette, dont le culte commence à s’établir, devient génante et elle est envoyée au couvent de Nevers, loin de Lourdes, où elle termine sa vie prématurément, rongée par la maladie (tuberculose osseuse et asthme chronique).
Elle est inhumée dans le caveau de l’oratoire Saint-Joseph. Son procès en béatification commence, et lors des trois exhumations (1909, 1919 et 1925), son corps est déclaré intact. Béatifié en 1925, le corps de Bernadette est placé dans une châsse, le visage et les mains recouverts d’une mince pellicule de cire. Le 3 août, cette châsse est transférée du noviciat à la chapelle du couvent Saint-Gildard. Le corps de Bernadette est, selon l’expression des médecins, « comme momifié ». L’utilisation de détergents lors des exhumations a noirci sa peau. Seules quelques reliques ont été prélevées [1] . Sur le visage et sur les mains ont été déposés des masques de cire, moulés d’après les empreintes directes. Ce qui frappe à la vue de ce corps est sa petite taille.
Bernadette fut canonisée en 1933.
A l’extérieur de la chapelle fut reconstituée une réplique un peu naïve de la grotte de Massabielle, lieu des apparitions.
[1] une châsse contenant des reliques de la sainte, une côte notamment, exposée dans un reliquaire dans la chapelle Saint-Joseph de la Crypte de Lourdes.
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