TONNERRE (89) : Hôtel-Dieu
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L’Hôtel-Dieu de Tonnerre est l’un des plus anciens et des plus vastes monuments hospitaliers de la France Médiévale. Elle est due à une fondation de Marguerite de Bourgogne. La construction dura trois années, l’édifice fut achevé en 1293. Ses proportions sont grandioses, à l’origine 101 mètres de long (de nos jours 90m après les remaniements du XVIIIème siècle), 18,50 mètres de large et une hauteur de presque 20 mètres. Elle présente un plafond lambrissé et une gigantesque charpente en forme de carène de vaisseau renversé.
La salle pouvait contenir quarante lits de malades alignés le long des murs et séparés par des cloisons de bois, ce qui était suffisant pour une petite ville comme Tonnerre. Au-dessus des alcôves courait une galerie qui servait à surveiller les malades. Chaque jour la messe était célébrée à l’autel qui se trouvait dans la salle. Marguerite de Bourgogne fit également édifier à côté de l’hôpital sa propre demeure, ensemble aujourd’hui entièrement détruit, dont ne subsiste que quelques fragments de carreaux émaillés conservés au musée de l’hôpital.
Au centre de la salle, on remarque un mausolée néoclassique : il s’agit du tombeau de la fondatrice, Marguerite de BOURGOGNE (1250-1308). Fille d’Eudes de Bourgogne, comte de Nevers, d’Auxerre et de Tonnerre, elle avait épousé Charles Ier, roi de Sicile, de Naples et de Jérusalem, comte d’Anjou, du Maine et de Provence, le frère de Saint-Louis. Elle se retira à Tonnerre en 1287 après la mort de son mari, et fonda cet Hospice Notre-Dame des Fontenilles dans lequel elle exprima le souhait d’être inhumée. Le tombeau de cuivre et de bronze dans lequel elle fut enterrée fut détruit en 1793 : une petite reproduction de ce tombeau initial est présenté dans une vitrine de la salle. En 1828 fut édifié l’actuel tombeau à l’endroit exact où elle était inhumée.
Dans une chapelle à gauche de l’autel, un autre mausolée est visible : c’est celui de François Michel Le Tellier, marquis de LOUVOIS (1641-1691). Secrétaire d’Etat à la Guerre de Louis XIV, il intrigua contre Colbert et, à la mort de ce dernier, obtint sa place de surintendant des Bâtiments, des Arts et Manufactures, ce qui lui permit de prendre en main la construction du château de Versailles. Il réorganisa l’armée et fut l’instigateur des sinistres dragonnades contre les protestants.
Louvois acheta le comté de Tonnerre en 1684. Il mourut à Versailles sept ans plus tard et fut inhumé aux Invalides, mais sa disgrâce posthume lui valut en 1699, sur les ordres de Louis XIV, d’être transféré en l’église des Capucins à Paris. A la Révolution, les cendres du marquis furent dispersées et son tombeau démantelé. Quelques pièces du monument funéraire échappèrent cependant à une destruction totale en étant apportées au musée des Augustins de Paris, en particulier la statue allongée de Girardon, où elles restèrent une trentaine d’années, jusqu’à ce que l’hôpital décide de les transférer dans l’Hôtel-Dieu. C’est donc en 1819 que le marquis de Louvois revint définitivement en ses terres !
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