ÎLE-DE GROIX (l’) (56) : cimetière
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Le cimetière du bourg de l’île de Groix ressemble aux autres petits cimetières des îles bretonnes : les tombes y racontent l’histoire des pêcheurs, des naufrages et des disparus, des cultures locales. On signalera ainsi la présence d’un monumental monument aux Morts "à la mémoire des marins groisillons péris en mer". A son pied, une statue du sculpteur Henri Gouzien, auteur de nombreux monuments de ce type en Bretagne, représentant la veuve et l’orphelin. Ce monument fut érigé en 1931, suite à une tempête de l’année précédente.
Une tombe du cimetière indique qu’y reposent des "naufragés de la Tanche - 19 juin 1940 - morts pour la France" : ce navire, lors de la bataille de France, avait rejoint le port de Lorient pour y embarquer près de 250 personnes qui fuyaient l’avancée des troupes allemandes. Le même jour, il sauta sur une mine dans la passe Ouest des Courreaux de Groix. Seule une douzaine de passagers et de membres de l’équipage survécurent au naufrage. Les nombreuses victimes non réclamées par les familles furent inhumées ici, à Larmor-Plage et à Lorient. On en retrouva pendant des mois tout le long de la côte. Par la suite, on inhuma dans cette tombe collective les prisonniers alliés abattus sur l’île.
On notera l’insolite "bureau" du cimetière, fleuri et décoré, aux allures de petite maisonnette.
La statuaire est également représentée par un gisant d’un curé de l’île. A proximité, la tombe d’un autre curé date de 1786.
La célébrité de celui-ci est est un poète breton de langue bretonne, Jean-Pierre CALLO’CH (Yann-Ber Kalloc’h en breton : 1888-1917), qui natif de l’île, tomba au champ d’honneur. L’unique œuvre littéraire qui le montre comme un des plus grands auteurs bretons est un recueil posthume de poèmes souvent mystiques, Ar en deulin (À genoux) publié en 1925. Dans ces poèmes composés en grande partie au front, il exprime sa profonde foi chrétienne, l’amour de sa langue et ses sentiments politiques teintés d’autonomisme.
Le corps du lieutenant Calloc’h fut transporté au petit village de Cerisy dans l’Aisne et inhumé dans un cimetière de soldats. Après la guerre, un prêtre de la région de Cerisy entama des recherches pour retrouver sa dépouille, les sépultures ayant été violées pendant les hostilités. En mai 1923, le cercueil fut retrouvé puis ouvert : au poignet droit du cadavre se trouvait sa plaque d’identité. Exhumée, sa dépouille fut ramenée à Groix. Une tombe avec croix celtique fut édifiée, par souscription, sur ses reliques. L’inauguration du monument eut lieu en 1924. Taillée dans le granit de Nizon par le sculpteur Alexandre Le Quéré de Pont Aven, la tombe se compose de trois parties : une dalle, un socle et une croix celtique haute de 1m. 86. Cette croix est semblable à de nombreuses croix de l’île d’ Iona (Ecosse). Sur le fût sont gravés trois motifs d’entrelacs irlandais, en des médaillons ronds ou ovales. Ils sont l’oeuvre du Capitaine Huerre de l’armée du Rhin.Sur le cercle du monde entourant les bras de la croix apparaissent des motifs des broderies glaziks.
Source pour JP Callo’ch : http://enguerrand.gourong.free.fr/
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