LE NEUBOURG (27) : cimetière
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Vaste quadrilatère à la sortie nord du Neubourg, le cimetière ne brille pas par sa végétation. Du moins a-t-il le mérite d’avoir conserver une partie de ces tombes anciennes, donnant un peu de caractère au lieu.
L’une des particularités de ce cimetière (on la trouve également dans d’autres cimetières de l’Eure) est l’emploi, pour les identités des tombeaux, de grosses lettres gravées qui résistent au temps.
Autre singularité : la présence, en plein centre, d’une chapelle fermée.
Pas de scupture particulière ici (hormis un médaillon en bronze sur la tombe du résistant local Lucien Delaunay, signé R. Blondel).
C’est dans ce cimetière que fut inhumé Jacques Charles DUPONT de L’EURE (Jacques Charles Dupont : 1767-1855).
Issu d’une famille de petite bourgeoisie, il entama jeune une brillante carrière judiciaire et politique. Il se fit appeler Dupont de l’Eure pour se distinguer des autres porteurs de ce patronyme. Accusateur public près le tribunal criminel de l’Eure en l’an VI, il fut élu en 1798 député de l’Eure au Conseil des Cinq-Cents : il ne joua dans cette assemblée qu’un rôle effacé, mais se montra favorable au coup d’État du 18 brumaire. Napoléon Ier le créa chevalier de l’Empire en 1810.
Lors de la Première Restauration, vice-président de la chambre, il fit substituer aux formules de serment plus ou moins féodales de l’Ancien Régime le serment de « fidélité au roi et à la Charte ».
Député dans la « Chambre introuvable » de 1815, il prit place, à partir de 1817, dans l’opposition constitutionnelle. Il fut constamment député sous la Restauration et durant ces différentes législatures, fut constamment aux premiers rangs de l’opposition libérale. Il signa l’adresse des 221 contre le ministère Polignac et se rallia à la monarchie de Juillet. Nommé ministre de la Justice dans le ministère nommé par la commission municipale de Paris, puis dans le ministère provisoire, Dupont de l’Eure reçut, en cette qualité, le serment de Louis-Philippe Ier comme roi des Français. Il ne tarda pas à entrer en conflit avec le roi, qui n’aimait guère sa rugosité, son franc-parler et son langage fleuri, aussi démissionna-t-il dès 1830 pour entrer dans une opposition à la monarchie parlementaire.
En 1848, déjà âgé, il fut porté au fauteuil de président de l’Assemblée et présida à la proclamation de la Deuxième République. Il fut nommé membre du gouvernement provisoire, puis président provisoire du Conseil des ministres, devenant de fait le Chef de l’État. Il fut le premier dirigeant de la République française à avoir porté le titre de Président, bien que l’inauguration de la fonction de Président de la République française revienne à Louis-Napoléon Bonaparte. Sa fonction fut essentiellement symbolique : il évitait à la coalition hétéroclite qui avait renversé la monarchie de Juillet d’avoir à s’entendre sur un chef. Sa popularité permit en outre de tenir en respect le peuple, qui semblait pencher beaucoup plus à gauche que la plupart de ses dirigeants. Il s’installa au Petit Luxembourg où il put jouir d’un éphémère état de grâce, déléguant de facto la totalité de ses pouvoirs à Lamartine.
Le 4 mai 1848, il remit à l’Assemblée les pouvoirs du gouvernement provisoire et refusa de faire partie de la Commission exécutive. Lors du conflit entre Louis-Napoléon Bonaparte et le général Cavaignac, il prit ouvertement parti pour le second. Il quitta la vie publique en 1849.
La tombe contiguë à la sienne abrite la dépouille de son fils, Charles DUPONT de L’EURE (1822-1872), qui fut élu député de l’Eure en 1871 mais mourut peu-après.
Quelques tombes plus loin repose Alexandre DUVAL (1875-1943), notaire au Neubourg qui fut député de l’Eure de 1919 à 1932 et de 1934 à 1942.
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