L’alter ego de Heinrich Heine, devenu son adversaire politique, le pamplétaire révolutionnaire Ludwig Börne est enterré au Père Lachaise ( div 19). Il ne figure pas dans la liste des personnalités qu’on trouve à l’entrée du cimetière, ni dans la liste que vous donnez sur ce site. C’est pourtant un écrivain allemand très important qui a croisé le fer avec beaucoup d’ennemis politiques dont justement Heine qui lui a consacré un livre dans lequel il ne lui épargne aucune critique. Börne a joué un rôle essentiel parmi les révolutionnaires allemands du 19ème siècle. Un prix qui porte son nom récompense chaque année un homme de lettres, essayiste ou critique littéraire. Ce serait l’équivalent du prix Médicis en France. L’écrivain français Georges-Arthur Goldschmidt, le philosophe Sloterdijk, l’écrivain George Steiner l’ont obtenu. Il est dommage qu’on fasse l’impasse sur un homme qui, en Allemagne, est aussi connu que l’est Jules Vallès ou Emile Zola chez nous. Curieusement, sa tombe ressemble à celle de Heine avec un buste qui la surplombe. Une autre particularité : une faute d’orthographe sur le nom de sa ville de naissance, on peut lire : Francfort sur le Mein (au lieu de Main). Je ne sais pas qui l’a érigée, mais elle semble assez ancienne, pas en très bon état en tout cas. Pour Heine, je crois que c’est la ville de Düsseldorf qui veille à la conservation du monument, nettoyé chaque année. L’entreprise funéraire Lescarcelle a un contrat avec la ville si je ne m’abuse. Il serait bien que la ville de Francfort en fasse de même pour ce brave Börne, né dans le ghetto juif de Francfort, mort exilé à Paris (comme Heine). Je propose une autre traduction de l’épitaphe de Heine :
Où se trouvera la dernière demeure
du promeneur las d’errer ?
Sous les palmiers dans le Sud ?
Sous les tilleuls au bord du Rhin ?
Est-ce qu’une main étrangère
creusera ma tombe quelque part dans un désert ?
Ou bien reposerai-je dans le sable
au bord d’une mer quelconque ?
De toute façon que ce soit ici ou là
Dieu me donnera la protection de son ciel
Et la nuit les étoiles veilleront sur moi
comme autant de lampes funéraires
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