SEDAN (08) : cimetière Saint-Charles

visité en avril 2024
lundi 13 janvier 2025
par  Philippe Landru

Le cimetière Saint-Charles est le grand cimetière de Sedan. Les tombes que l’on trouve ici sont à l’image de l’identité industrielle de la ville : beaucoup de manufacturiers - en particulier dans le domaine de la draperie - qui se firent bâtir d’imposantes chapelles sur les allées principales ; des magistrats et des officiers militaires.


Curiosités


-  Un monument d’inspiration antique, érigé en béton par les Allemands en 1915, œuvre de l’architecte Ludwig Lony, rend hommage aux soldats germaniques inhumés tout autour, au sein d’un enclos réservé, aménagé en terrasses. Il n’est pas sans rappeler la Porte de Brandebourg de Berlin. Un grand mur d’enceinte encerclait tout le carré où étaient inhumés près de 500 soldats allemands. Une grande inscription, aujourd’hui en partie disparue, orne le frontispice. Il s’agit d’un texte poétique de Joseph von Lauff, ici traduit : « Combattant pour l’Empereur et l’Empire, Dieu nous a pris le soleil terrestre. Maintenant, libérés de toutes choses terrestres, sa lumière éternelle nous illumine. Sacrée soit cette place, que vous avez consacrée par des victimes sanglantes. Trois fois sacrée pour nous par le sacrifice du remerciement ». Les corps des soldats ont été déplacés dans les années 1920 vers le cimetière de Noyers-Pont-Maugis, et le mur d’enceinte a été détruit en 1937. Le monument aux morts reste donc aujourd’hui le seul témoin de cette nécropole allemande ; il figure aussi parmi les plus importants monuments commémoratifs construits par l’armée allemande en territoire occupé pendant la Grande Guerre. Il fut restauré en 2017-2018 par la Ville de Sedan grâce à des fonds publics français et allemands.

Le long de l’allée centrale du premier carré de gauche, six rangées avant le fond du carré, se dresse la tombe de Louis Busson, directeur de l’usine à gaz de Sedan fusillé par les Allemands le 13 juillet 1916 pour espionnage. La Kommandantur fit fermer le cimetière pendant plusieurs jours après son inhumation pour empêcher les Sedanais de venir se recueillir en masse sur sa sépulture.

Le cimetière Saint-Charles possède aussi un grand carré militaire de la Grande Guerre où reposent 1489 corps : des soldats et victimes civiles français « Morts pour la France », des victimes civiles belges « Morts pour la Patrie », des soldats britanniques ainsi que des soldats russes et roumains morts en captivité.

- Le cimetière dispose d’un carré israélite dans lequel se trouve un monument dédié aux victimes de la barbarie nazie.

- Un monument aux morts des sapeurs-pompiers de Sedan.

- Le 15 mai 1893, la chaudière de la machine à vapeur de l’usine de draps d’Auguste Robert explosa. Les cinq étages du bâtiment s’effondrèrent et firent une dizaine de morts. Un monument leur rend hommage dans le cimetière.

En terme de statuaire, c’est quasiment le vide absolu.


Célébrités : les incontournables...


Aucune


... mais aussi


- Pierre BONHOMME (1922-1984), "consul de Belgique".

- Le général Auguste Henri BRINCOURT (1823-1909), qui se distingua, notamment au sein des zouaves, lors de la conquête de l’Algérie, de la guerre de Crimée, de la campagne d’Italie en 1859 puis de l’expédition du Mexique. Promu général de brigade à 40 ans, il devint l’un des plus jeunes généraux de l’armée française, et commanda une brigade de la Garde impériale au cours de la guerre de 1870.

- L’avocat Albert BRUNOIS (1911-1995), bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris, qui était membre de l’académie des sciences morales et politiques.

- Pierre CONGAR (1899-1989), historien du Sedanais.

- Les frères Ferdinand (1819-1873) et Victor (1821-1898) CRUSSY, qui après avoir fait fortune dans les chemins de fer, effectuèrent de nombreuses donations à la ville de Sedan.

- Laurent CUNIN-GRIDAINE (Laurent Cunin : 1778-1859) : ancien ouvrier de Etienne Gridaine [1], fabricant de draps, il en devint l’associé puis le gendre après son mariage avec Marguerite Gridaine. Il développa l’entreprise familiale puis entra en politique. Attentif au climat et aux préoccupations sociales et économiques, il fut élu député en 1827 et le resta jusqu’en 1848. Appartenant à l’opposition libérale à Charles X, il prit part à la révolution de 1830. Secrétaire puis vice-président de la Chambre, il devint en 1840 ministre de l’Agriculture et du commerce, poste qu’il conserva jusqu’en 1848. En 1840, il fut le premier homme politique français à proposer une loi portant sur le travail des enfants et diminuant leurs heures de travail ; encouragea la construction de voies ferrées, en particulier la ligne entre Paris et Reims, et fut un apôtre du libre-échange. La Révolution de Février 1848 mit fin à sa carrière politique. Avec lui repose son fils, Charles CUNIN-GRIDAINE (1811-1880), associé à son père en tant que manufacturier, avant de lui succéder avec succès dans la direction de l’importante manufacture dont il était le propriétaire. Il fut député des Ardennes de 1849 à 1851, siégeant dans les rangs de la majorité conservatrice. Orléaniste au fond, il se rallia aux idées républicaines modérées et devint, de 1876 à sa mort, sénateur du département.

- Le dessinateur Jules DEPAQUIT (1869-1924), qui présenta jusqu’à la caricature tous les traits de l’artiste montmartrois de 1900, fastueux et criblé de dettes, grandiloquent et amateur de canulars. Élève au collège Turenne de Sedan, il y rencontra son cadet Georges Delaw. Les adolescents, tous deux doués pour les croquis, devinrent des amis. Venu très jeune à Montmartre, il fut accueilli par Rodolphe Salis au cabaret du Chat noir. Il collabora à de nombreux journaux satiriques et entra en 1916 au Canard enchaîné comme dessinateur. Élu avec sa liste antigrattecieliste, il fut le premier maire-dictateur de la Commune libre de Montmartre fondée le 11 avril 1920, avec le journaliste Pierre Labric, le poète beauceron Maurice Hallé et Raoul Guérin, à la suite d’une réunion tenue dans la salle du Lapin Agile. A sa mort, le maire successeur élu de Montmartre fut Roger Toziny. Il repose dans le caveau de famille, dans lequel repose son père, l’architecte Edouard DEPAQUIT (1839-1898), qui dirigea les travaux d’embellissement de Sedan de 1876 à 1889.

- Le médecin Antoine LAPIERRE (1853-1938), qui fut l’auteur de plusieurs ouvrages historiques sur la région.

- L’industriel Elizé de MONTAGNAC (1808-1882), qui développa et perfectionna la fabrication des draps de Sedan. Il inventa notamment une nouvelle étoffe, le velours Montagnac, qui fit connaître son nom dans le monde entier. Il fut député des Ardennes entre 1860 et 1870.

- Auguste PHILIPPOTEAUX (1821-1895), maire de Sedan de 1855 à 1873 puis de 1876 à 1886 - il était ainsi maire de cette ville pendant la guerre franco-allemande de 1870 et le siège de Sedan à l’issue duquel la ville fut occupée par les troupes allemandes -. Rallié à la IIIe République, il fut député des Ardennes de 1871 à 1885 puis de 1863 à sa mort. Durant son mandat de maire, il fut un grand bâtisseur de la ville de Sedan : profitant du déclassement de celle-ci comme forteresse, il fit raser des bastions, ce qui permit d’étendre la ville et de construire de nouveaux boulevards. Marié à Marie-Jenny Bernard (qui repose avec lui), cousine germaine de Charles Cunin-Gridaine, il fut le père de l’avocat Auguste Philippoteaux dont la fille, Jenny, épousa en 1918 François de Hérain, époux en premières noces d’Annie Pétain.


Merci à Jean-Pierre Remiche pour les tombes Bonhomme et Brunois.


[1Qui repose dans la tombe contiguë.


Commentaires

Brèves

Mise à jour et conseils aux contributeurs

samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

Contrairement aux articles, vous ne pouvez pas interagir sur les rubriques : aussi, si vous avez une information nouvelle à apporter sur un département, merci de laisser votre message en indiquant clairement le département et la commune concernée sur un article dédié uniquement à cela : Le patrimoine funéraire en France : classement par départements

Merci et bonne lecture.

Qui est derrière ce site ?

vendredi 14 février 2014

Pour en savoir un peu plus sur ce site et son auteur :

- Pourquoi s’intéresser aux cimetières ?
- Pourquoi un site sur les cimetières ?
- Qui est derrière ce site ?