SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE (86) : abbaye
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Fondé au IXe siècle, elle fut édifiée pour les saints Savin et Cyprien dont on ignore beaucoup de choses encore aujourd’hui. Au XIe siècle a été créé un ouvrage, La Passion de saint Savin et saint Cyprien, qui tient surtout du genre épique. D’après la tradition, c’est au Ve siècle que deux frères, Savin et Cyprien, qui fuyaient la Macédoine où ils étaient persécutés car ils étaient chrétiens, furent finalement rejoints sur les bords de la Gartempe. Ils y furent martyrisés et décapités. Savin fut inhumé par des prêtres non loin de la ville actuelle.
Trois siècles plus tard, les reliques des deux martyrs ayant été retrouvées sur les lieux de leur massacre, Badillus, clerc à la cour de Charlemagne, décida d’y fonder une église abbatiale pour y conserver les précieuses reliques. Saint Benoît d’Aniane, en 821, y fit appliquer la règle de saint Benoît et y fit installer une vingtaine de moines. En 1010, Aumode, comtesse du Poitou et d’Aquitaine, fit un don considérable à l’abbaye pour le salut de son âme et celui de sa famille. Cette somme d’argent permit de construire l’église abbatiale actuelle. La construction et la décoration durèrent de 1040 à 1090. Au XIIIe siècle, le comte Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis, finança la construction des bâtiments conventuels. Durant de très nombreuses années, Saint-Savin resta l’une des plus influentes abbayes de France.
Entre le XIVe et le XVIIe siècle, l’abbaye connut un profond déclin : guerre de Cent ans, guerres de religions, destruction d’une partie des bâtiments... Après une renaissance à partir de la moitié du XVIIe siècle, ce fut à nouveau le déclin à partir de la Révolution. Sauvé par Prosper Mérimée, l’abbaye entra dans une longue phase de rénovation qui aboutit à son inscription par l’UNESCO sur la liste du Patrimoine mondial en 1983.
L’intérieur est orné de peintures murales datant des XIIe et XIIIe siècles qui font la célébrité du lieu. Elles ont été peintes directement sur les murs par un procédé intermédiaire entre la fresque et la détrempe. Les couleurs employées sont peu nombreuses, ocre jaune, ocre rouge et le vert, mélangées au blanc et au noir. Les scènes peintes sont vétérotestamentaires.
Par un escalier, on descend vers les cryptes.
L’une est dédiée à Saint Marin. Elle a une courte nef voûtée en berceau.
La seconde crypte, dédiée aux saints Savin et Cyprien est située sous l’abside. Elle est couverte de peintures. Elle est voûtée en berceau surbaissé. Au fond, on trouve une niche contenant un autel et une ouverture à l’est communiquant avec le déambulatoire. La crypte a été le lieu de la conservation des reliques des saints Savin et Cyprien. Toutes ont disparu.
Sur la voûte du sanctuaire ont été peints un Christ en majesté et sur les murs du vaisseau, les légendes de saint Savin et de saint Cyprien qui racontent leur vie et leur martyre. L’histoire des saints est représentée en quatre registres, répartis de part et d’autre d’une bande faîtière. Il s’agit d’un système de narration en frise continue comme pour la nef principale. Contrairement aux autres peintures de l’église, de nombreuses scènes sont inscrites dans un décor d’architectures peintes.
Dans l’ensemble des scènes, les deux saints sont identifiés grâce à leur nimbe. Saint Savin, étant l’aîné, est représenté avec une barbe. Bien conservées, ces peintures témoignent de la stylisation de l’art roman basée sur un découpage graphique des formes ainsi que sur un système de rehauts appliqués sur des fonds de couleur, notamment pour les plis des vêtements, les yeux et les cheveux.
Les fresques n’ont, toutefois, pas la qualité de celles de la nef. On en a, d’abord conclu, qu’elles étaient d’époques différentes. Pourtant, on admet aujourd’hui qu’elles sont contemporaines, mais que celles de la crypte furent exécutées par des artistes de second rang. Cette équipe n’eut sans doute le droit d’intervenir que dans la crypte, moins fréquentée que le vaisseau central.
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