CASTÉRA-VERDUZAN (32) : cimetière
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C’est sous des conifères que s’épanouit le petit cimetière de Castéra-Verduzan. Au centre, à une place d’honneur où on ne peut pas le louper, se trouve le tombeau d’un médecin que tout le monde connaît sans pour autant connaître son identité. Odilon LANNELONGUE (1840-1911) repose avec son épouse dans sa commune natale dont il fut maire.
Chirurgien réputé, professeur à la faculté de médecine de Paris, membre de l’Académie des sciences, président de l’Académie nationale de chirurgie, puis de l’Académie de médecine, ses titres et honneurs ne manquent pas ! En 1876, il rencontra sa future femme Marie CIBIEL (1836-1906) qui l’aida grâce à sa fortune à financer l’ouverture de deux établissements (le centre chirurgical Marie-Lannelongue au Plessis-Robinson a été nommé en sa mémoire). Il se lança en politique et devint député (1893-1898) puis sénateur (1906-1911) du Gers. Après le décès subit de sa femme Marie, Odilon Lannelongue entreprit avec sa nièce un tour du monde dont il ramena un récit de voyage qui connut du succès.
Pourtant, ce ne sont pas tous ces événements qui le rendirent célèbre ! Médiatique avant l’heure, il était le médecin de nombreuses personnalités de la fin du XIXe siècle. Il soigna le gotha de l’époque, fut l’ami et le médecin de Gambetta [1], opéra Sarah Bernhardt et devint le médecin d’hommes politiques en vue comme Sadi Carnot, Fallières et Poincaré, ou Madame Thiers. Il fut aussi appelé en consultation à la cour de Russie pour soigner le tsarévitch hémophile.
Et c’est en tant que médecin officiel du Président de la République qu’il fut appelé, en 1899 au chevet de Félix Faure qu’il avait rencontré chez Gambetta et qui était devenu son ami. Ce dernier fut victime d’une hémorragie cérébrale foudroyante dans des circonstances qui firent la joie des journaux et qui valurent à Marguerite Steinheil, (fille d’une riche famille d’industriels, les Japy) alias « Meg » le surnom de « pompe funèbre » !
- Les derniers instants de Félix Faure : Lannelongue, à son chevet, lui tient la main
On notera également dans ce cimetière l’insolite tombe de la famille Caillavet-Lemonnyer.
[1] Lorsque le « père fondateur de la IIIe République » mourut d’une infection intestinale, son corps fut démembré… son cœur alla au Panthéon, son cerveau à l’Institut de Médecine, son unique œil à Cahors et ses restes à Nice. C’est en tant qu’ami que le professeur Lannelongue hérita d’un bras de Gambetta et de sa main blessée. On perdit la trace de ce fameux bras en 1910 à Castéra-Verduzan et malgré les investigations menées, la disparition paraît manifeste et le mystère reste entier !
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