SAINT-QUENTIN-LA-CHABANNE (23) : cimetière
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L’unique préoccupation taphophilique du cimetière de Saint-Quentin est la présence, peu médiatisée, de la tombe de Fernand de BRINON (1885-1947).
Journaliste convaincu de l’échec de la politique dite des « réparations » (imposées à l’Allemagne en 1921), il se montra partisan d’un rapprochement et d’une entente pacifique et durable entre la France et l’Allemagne dans les années 30 et fut invité régulièrement par Hitler en Allemagne. Assez naturellement, il se fit l’avocat de la collaboration avec l’Allemagne en 1940. Il fut appelé par Pierre Laval à représenter le gouvernement français auprès du Haut-Commandement allemand dans le Paris de l’Occupation, puis fut nommé ambassadeur de France auprès des Allemands. A ce titre, c’est lui qui reçut au nom du gouvernement français, la dépouille du duc de Reichstadt, envoyée de Vienne sur ordre de Hitler pour être inhumée auprès de celle de son père, Napoléon Ier, aux Invalides.
Avec la dénonciation du traité d’armistice et l’occupation de la zone libre par Hitler en 1942, Pétain, sachant que Brinon avait l’estime des Allemands, le nomma secrétaire d’État dans le gouvernement que Laval dirigea à son retour aux affaires ; il fut ainsi le seul représentant officiel du Gouvernement à Paris.
Réfugié à Sigmaringen en août 1944, il y présida la « Commission gouvernementale » (forme de gouvernement en exil). Devant l’avancée des armées alliées, début mai 1945, il essaya dans un premier temps de rejoindre par avion l’Espagne. Ses tentatives ayant échoué, il se présenta aux autorités américaines le 8 mai 1945 à la frontière austro-suisse, souhaitant rentrer en France et se constituer prisonnier. Incarcéré, jugé et condamné à mort, il fut fusillé au fort de Montrouge et inhumé dans le caveau de famille au cimetière de Saint-Quentin-la-Chabanne où il possédait le château de La Chassagne. Sur sa tombe est indiqué son titre d’« ambassadeur de France » sans préciser qu’il fut le seul ambassadeur du gouvernement français auprès de l’Occupant allemand à Paris. Son épouse, Lisette de Brinon, ne repose pas avec lui [1].
Contre le mur du cimetière, une dalle d’aspect ancien est posée.
[1] Un prochain article de Marie-Christine Penin vous en apprendra davantage sur son sort.
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