SAINT-CLAUDE (39) : cimetière
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Saint-Claude est une commune de montagne très enclavée, mal reliée au reste du territoire, entourée par les sommets du Haut-Jura, tels que le mont Bayard, qui domine le cimetière. Le cadre de la nécropole est donc sévère, mais loin d’être sans charme.
Le dimanche 9 avril 1944, sous couvert d’une vérification d’identité dans le cadre de la lutte contre les maquis, la Gestapo organisa une grande rafle à Saint-Claude, en présence de Klaus Barbie. Tous les hommes de 18 à 45 ans furent rassemblés et 302 furent retenus en otage et déportés à Buchenwald. 186 ne rentrèrent pas et plusieurs tombes du cimetière témoignent de cette épisode dramatique. Parmi les otages figuraient Paul Delacour, le maire de Saint-Claude nommé par Vichy qui mourut en déportation. Le tombeau de la famille Delacour rappelle sa mémoire. Il était le grand-père de Marie-Josèphe Delacour, l’épouse d’Edouard Balladur.
Y reposent :
Dany DAUBERSON (Suzanne Gauche : 1925-1979) : chanteuse et actrice, elle eut son heure de gloire dans les années 1950. Avec la chanteuse Mathé Altéry, elle a co-représenté la France lors de la première édition du Concours Eurovision de la chanson, en 1956, à Lugano (Suisse). Elle fréquenta le cabaret de Suzy Solidor, icône du mouvement lesbien qui la prit sous son aile. Dans les années 1960, elle fut la compagne de l’actrice Nicole Berger : elle était dans l’auto de cette dernière qui trouva la mort sur une route de l’Eure. Dany resta inconsolable et ne recouvra jamais une santé parfaite. Cet accident mit quasiment un terme à sa carrière.
Pierre DESNUELLE (1911-1986) : Ingénieur chimiste, docteur ès sciences physiques, il fut directeur de l’Institut de chimie biologique de la faculté des sciences et du Centre de biologie moléculaire du CNRS, à Marseille. Il était membre de l’Académie des sciences.
Henri PONARD (1861-1928) : ouvrier tourneur, militant socialiste, il fut élu maire de Saint-Claude puis député du département de 1924 à sa mort. Il repose sous un médaillon en bronze par Ernest Diosi.
Jean-Baptiste VUILLOD (1850-1917), au destin assez étonnant : engagé volontaire en 1870, Jean Vuillod participa à la charge de Reichshoffen, où il fut blessé par un éclat d’obus. En 1881, à la suite d’un pari, il se produisit pendant deux mois aux Folies Bergère sous le nom de scène d’Achille « l’homme-canon , étonnant les spectateurs en arrêtant un boulet de canon avec une planchette qu’il tenait dans ses mains. Il prit ensuite la direction d’une imprimerie et d’un journal, L’Écho de la Montagne, s’engagea en politique et fut élu maire de Saint-Claude (1892-1893 et 1897-1906). Auteur de La Nouvelle-Calédonie et ses produits en 1890 à l’issue d’une mission qu’il a effectuée dans l’archipel pour le compte du sous-secrétariat des Colonies, Vuillod fut pressenti pour devenir administrateur du Sénégal en novembre 1892. Sa nomination fut cependant annulée au dernier moment en raison des persiflages sur son passé d’« homme-canon ». Député du Jura de 1893 à 1897, inscrit au groupe de la Gauche démocratique, il fut élu sénateur en 1897. Tout au long de sa carrière politique, Vuillod accorda beaucoup d’intérêt aux questions coloniales.
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