AMBLANS-ET-VELOTTE (70) : cimetière
par
Le petit cimetière d’Amblans-et-Velotte, dont la photo reproduit l’intégralité, possède un tombeau plus massif que les autres : il s’agit de celui de la famille d’Amedor de Mollans.
Dans celui-ci repose le lieutenant de vaisseau Maxime DESTREMAU (1875-1915), connu pour son rôle dans la bataille de Papeete. Quand la guerre éclata, l’île de Tahiti devint l’objectif des divisions navales allemandes qui avaient rallié aux îles Marshall. Pour toute protection maritime, l’île avait la modeste canonnière Zélée, commandée par le lieutenant de vaisseau Destremau, qui avisa au moyen de défendre l’île. Il désarma la Zélée, débarqua ses canons et les défila sur les collines commandant la passe qui permettait seule l’entrée du port. Autour de son équipage, il groupa les forces de police de l’île, un détachement de soixante soldats d’infanterie coloniale et quelques citoyens mobilisables, formant, en tout, un contingent de deux cent cinquante hommes.
Le 22 septembre 1914, deux grands croiseurs allemands, avec l’amiral von Spee, apparaissaient dans les eaux de Tahiti. Destremau, commandant de la défense, décida de résister, malgré les arguments de l’autorité civile. Comme les croiseurs allemands commençaient à bombarder mollement la ville, en économisant leurs munitions, Destremau coula la Zélée et mit le feu au stock de charbon qui était sans nul doute le principal objet des convoitises de l’ennemi. Von Spee, comprenant alors qu’il n’aurait rien à gagner et beaucoup à perdre, mit le cap au large et disparut.
Appelé localement le « tōmānā ʻāpī », « nouveau commandant » en tahitien, il entra en conflit avec le gouverneur William Fawtier, qui défendait les intérêts des commerçants de la place, et fut par la suite renvoyé en métropole. Loin d’être félicité, le ministre d’alors, Augagneur, lui reprocha de n’avoir pas obéi au gouverneur de l’île qui voulait amener le pavillon. Injustement dénigré par les autorités civiles de Tahiti, Destremau mourut quelques mois après à Toulon, le 7 mars 1915.
Il fut réhabilité à titre posthume par l’amiral Lacaze. Une avenue de Papeete porte son nom. Maxime Destremau eut pour arrière petit-fils le skipper Sébastien Destremau.
Dans ce tombeau (celui de la famille de son épouse) repose également Charles d’AMEDOR de MOLLANS (1774-1836), qui fut page de Louis XVI, puis chambellan de l’empereur d’Autriche.
Commentaires