VEIL Simone (1927-2017) et Antoine (1926-2013)

Montparnasse - 5ème division, puis Panthéon
vendredi 6 juillet 2018
par  Philippe Landru

En 2013 fut inhumé dans le caveau familial Antoine VEIL (1926-2013). Haut fonctionnaire, il rejoignit le corps des inspecteurs des Finances et poursuivit sa carrière dans divers cabinets ministériels. Il seconda dans l’ombre son épouse, en particulier à l’époque où elle fut très durement attaquée lors de l’élaboration de la loi sur l’IVG.

Il y fut rejoint en 2017 par celle-ci, Simone VEIL (1927-2017). Rescapée de la Shoah, elle entra dans la magistrature comme haute fonctionnaire. En mai 1974, elle fut nommée ministre de la Santé par le président Valéry Giscard d’Estaing, qui la chargea de faire adopter la loi dépénalisant le recours par une femme à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), loi qui fut ensuite couramment désignée comme la « loi Veil ». Elle apparut dès lors comme icône de la lutte contre la discrimination des femmes en France. Elle fut la première présidente du Parlement européen, nouvellement élu au suffrage universel, de 1979 à 1982. De façon générale, elle est considérée comme l’une des promotrices de la réconciliation franco-allemande et de la construction européenne. De 1993 à 1995, elle fut ministre d’État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville, « numéro deux » du gouvernement Édouard Balladur, puis siégea au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007. Elle fut élue à l’Académie française en 2008.

Rare personnalité à être quasi-unanimement célébrée par l’ensemble de la classe politique française (à l’exception de la frange réactionnaire opposée à l’avortement de l’extrême-droite), Simone Veil eut droit à des obsèques nationales, en présence de quatre anciens présidents de la République. Dès son décès, de nombreuses voix appelèrent à sa panthéonisation. La famille, désireuse de ne pas séparer le couple, mettait des réserves. A l’issue de ses obsèques, le président de la République a annoncé que le couple sera ultérieurement panthéonisé.

Simone Veil fut panthéonisée, avec son époux et à ce titre uniquement, le 1er juillet 2018. Ils occupent le caveau central de l’alcôve VI. Son numéro de déportée est gravée sur celui-ci.


Commentaires

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VEIL Simone (1927-2017) et Antoine (1926-2013)
samedi 8 juillet 2017 à 22h51 - par  Ketfi Said

Un remerciement d’interminable reconnaissance, Madame Simone Veil.
Avec grand esprit, soyez dans un heureux continuum.

Sincères condoléances

Ketfi Said
Grenoble France

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VEIL Simone (1927-2017) et Antoine (1926-2013)
samedi 8 juillet 2017 à 11h28 - par  Fred DESCHARLES

Je suis entièrement d’accord avec Philippe que je remercie pour ça mise au point que l’on soit pour ou contre l’IVG cette dame force le respect à plus d’un titre quand à la mise au Panthéon je suis contre le fait du Panthéon d’une manière générale et pas seulement pour Simone Veil

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VEIL Simone (1927-2017) et Antoine (1926-2013)
vendredi 7 juillet 2017 à 21h40 - par  franck 08

pantheon merité surement
mais on devrait laisser un temps de reflexion et de recul par rapport a l emotion recente
cela rappelle les premiers temps du pantheon et de l empire ou on sacralisé et pantheonisé rapidement
et a present ces dieux du moment x n ont pas la meme aura a l instar des personnalités ou le temps a affirmé notre reconnaissance pour leurs personnes .............

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VEIL Simone (1927-2017) et Antoine (1926-2013)
jeudi 6 juillet 2017 à 16h54 - par  ALBERT

Effectivement, tout est dit lorsque l’on dit que « Simone Veil fut une femme de son siècle ».

Site web : Simone Veil
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VEIL Simone (1927-2017) et Antoine (1926-2013)
mercredi 5 juillet 2017 à 11h19 - par  cp

Un peu vite jeune homme ! La bouffonnerie mémorialo-lacrymale ne connaît pas de limites dans l’enflure...

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mercredi 19 juillet 2017 à 21h56 - par  cp

J’ai revu le DVD du film d’Ophuls hier soir (Avantage des mornes programmes télé d’été !) et comme la précédente vision datait de 2003, j’ai écouté avec attention le témoignage de Mendès. C’est au lendemain du procès qu’un homme se présente au cabinet de son avocat Henri Rocherat pour témoigner de son indignation face au jugement, tout en manifestant son maréchalisme ardent. Il demande la sténo du procès, on la lui donne ; on n’entendra plus jamais parler des suites de ce don. Et là Mendès malicieux glisse que l’homme était « un conseiller d’état nommé Giscard d’Estaing ». Il ne donne pas le prénom. Il se trouve que le père de Giscard était inspecteur des finances, pas conseiller d’état ! En revanche il avait un frère, René, qui lui était conseiller d’état. Il est mort en 1945. Le « Chagrin » est tourné au moment où De Gaulle a démissionné et où la gauche harcelle Mendès pour qu’il se présente. Son témoignage n’est pas innocent, c’est un homme impliqué, sous pression, il hésite, mais lance une pique. Edmond a bien eu la francisque mais Mendès mélange-t-il les frères ou est-ce de René dont il parle ? Cela n’ôte pas le souci de vouloir activement faire oublier tout ces dévoiements mais il fallait préciser les choses. Et je suis un adepte de la révision de l’Histoire !

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samedi 8 juillet 2017 à 21h25 - par  cp

L’éviction de René Bousquet du CA d’UTA résulta de la forte pression de la CGT qui menaça de grève l’Administrateur et Directeur général (1971-80) de l´Union de transports aériens (UTA) Antoine Veil. Dans les années 60 Hersant se vantait encore d’avoir giflé les vendeuses des magasins juifs des Champs Elysées en descendant l’avenue du même nom en août 40, avec ses complices de « Jeune Front », ivres du bonheur de se faire bien voir de l’occupant. C’est Jean Lecanuet qui entendît le papivore raconter tout ça.
En fait, Simone Veil aura été la caution juive de la bourgeoisie pétainiste dont l’élection de Giscard marque le retour au premier plan après l’intermède gaulliste. Dans le « Chagrin et la Pitié » c’est le témoignage de Mendès France qui dans un hommage paradoxal était le plus dur pour la famille de VGE. Mendes au terme du procès de Clermont Ferrand, en 1941, où il est condamné pour l’affaire du « Massilia » voit un spectateur venir à lui pour lui dire : « Monsieur, je suis maréchaliste mais je suis indigné de ce que je viens de voir, le maréchal doit savoir... ». Il s’agit d’Edmond Giscard d’Estaing, le père de VGE.
Imaginons cette scène à la télé en 1970, comment le père du président, pétainiste ? (On aurait fini par découvrir qu’il avait aussi la francisque). Bref il y avait urgence, l’heure de la retraite était encore loin pour plein de gens à la jeunesse occupée.
Pour l’histoire de Hersant sur la liste Veil (Hersant voulait l’immunité que garantissant la députation), Veil menaça de faire des révélations si on la chatouillait là-dessus (Sans doute sur Mitterrand), Couverte de gloire, d’honneur et d’argent (Belle affaire que l’acquisition du luxueux appartement de la Place Vauban, propriété de la Sécu ! Elle ministre de la Santé...), pour une piètre oratrice, médiocre débatteuse, écrivaine très vaine, ingrate qui ne remercia guère la gauche d’avoir voté sa loi, qui défila à la « Manif pour Tous » avec ceux descendant de ses insulteurs à l’Assemblée, belle carrière !...

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jeudi 6 juillet 2017 à 14h50 - par  Philippe Landru

Mon site n’a jamais eu pour but de faire le panégyrique de quiconque, et ce sera le cas de Simone Veil comme des autres. M’en faire le reproche serait assez gonflé. Elle avait comme tout le monde sa part d’ombre, et selon qu’on soit admiratif ou opposé à son parcours politique, cette part ne sera pas la même : les opposants à l’IVG ne se réconcilieront pas avec celle qu’ils considèrent avoir trahi son « propre camp », c’est certain. Quand aux libéraux, ils lui reprocheront son grand conservatisme dans d’autres domaines, comme ses positions lors de la Manif pour tous, et c’est tout à fait audible. Et j’entends aussi ceux qui lui reprochent d’avoir eu le vichyssois Hersent comme colistier aux Européennes, ou même un relatif silence au moment où son époux était en relation avec Bousquet (même s’il l’a fait démissionné de son poste d’administrateur par la suite). Bref, la Gauche reprochera toujours à Simone Veil d’avoir été une femme de Droite ; et la Droite lui reprochera ses combats qualifiés « de Gauche ». Ceci étant, et pour une fois l’expression n’est pas galvaudée, Simone Veil fut une femme de son siècle. Son parcours force le respect régulièrement. Je n’ai jamais dit que tous les catholiques étaient intégristes, car c’est loin d’être le cas, mais qualifier sa frange pro-vie radicale d’ultra réactionnaire est une réalité, à moins d’être dans un déni étrange (certains se targuent de l’être d’ailleurs). Combien de victimes des Magdalen sisters de tous les pays faut-il invoquer pour s’en convaincre ?

On dit que son décès est médiatisé à l’excès : il l’est comme de ils le sont tous maintenant, les médias jouant la caisse de résonnance (il suffit de voir le cas, par exemple, avec Louis Nicollin). La différence est qu’elle est clivante. Sa mort renvoie à d’autres dimensions que celle d’un propriétaire de club de foot : elle renvoie à la mémoire, celle de la Shoah bien sur, à une époque où la France était dans le déni sur bien des points de sa responsabilité à cette époque, mais aussi à ses combats contre bien des formes d’oppressions. Elle incarne la croisée des chemins entre une France libérale et une France réactionnaire qui a relevé la tête ces dernières années, et qui fut l’un des enjeux de la récente élection présidentielle. Et ce n’est pas être panégyriste que de dire, malgré tout, qu’elle fut une conscience morale en bien des points, une vigie attentive dans un Monde où elles ne sont jamais trop. Le Panthéon a été élaboré contre ceux « qui se sont levés », et parfois même « contre leur propre camp ». A ce titre, même si je n’aime pas cet endroit uniforme, elle y a toute sa place.

Cela désespère les réacs, et peut-être certains esprits de gauche qui n’accepteraient de l’honorer qu’à la condition qu’elle ait été une sainte de son vivant, mais c’est bien une France quasi unanime qui honore sa mémoire aujourd’hui, consciente que ses combats ne sont jamais gagnés pour l’éternité. Quant aux femmes évidemment, car c’est bien entendu un homme qui écrit ici, c’est une marée humaine qui lui est reconnaissante.

Cette mise au point étant faite, je précise évidemment que sa fiche ne servira pas à l’avenir de tribune de joutes oratoires stériles entre les pro et les anti IVG.

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jeudi 6 juillet 2017 à 12h06 - par  ALBERT

Où on apprend que l’église, opposée à la culture de la mort et qui défend la vie depuis la conception jusqu’à la fin naturelle de la vie est donc assimilée à « la frange réactionnaire de l’extrême droite ». Simone Veil a fait part de ses doutes à Christine Boutin lorsqu’elle a été élue à l’assemblée. Elle a rencontré régulièrement, en privé, le cardinal Lustiger et s’est opposée à la loi Taubira.

Site web : Jean-Michel Albert