DENAIN (59) : cimetières
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le cimetière de Denain est un très vaste cimetière divisé en deux, entre partie ancienne et partie moderne. Pas de star ici, mais une foultitude de mini détails rendant la visite vraiment attrayante, malgré un site plat d’où les arbres sont absents.
Curiosités
Par tous les aspects, nous sommes ici dans un cimetière populaire : comme nous le verrons plus loin, le monde de la mine est omniprésente. Les réalités sociales apparaissent ici aussi de manière criantes : enfants morts en bas-âge surreprésentés, victimes de la guerre, d’accidents... J’ai rarement vu un cimetière qui, par la quantité de témoignages souvent humbles, de plaques, de statuettes, d’épitaphes... parle autant du folklore, des activités professionnels et des aléas existentiels de la population !
Peu d’oeuvres d’art évidemment, hormis quelques modèles conventionnels.
- Le buste de l’ancien maire Victor Tricart réalisé par le sculpteur valenciennois Elie Raset.
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
L’ancien maire de Denain Henri FIEVEZ (1909-1997), qui fut député PCF de 1946 à 1951 puis de 1962 à 1973.
André JURÉNIL (Julien Renard : 1867-1954) : issu d’un milieu modeste, ouvrier sidérurgiste, il fut aussi un historien local, un chroniqueur des fêtes populaires, du patrimoine local sous toutes ses formes. En 1900, il crée le journal Le Galibot [1]. Ayant discerné parmi les premiers la valeur littéraire des œuvres poétiques de Jules Mousseron à qui il conseilla judicieusement d’écrire en rouchi, il s’attacha à les faire connaître. À la mort de Jules Mousseron, en 1943, il se consacra à sa mémoire. Il fut l’auteur d’ouvrages sur l’histoire de Denain mais également de recueils de poèmes.
L’aviateur Lucien MOREAU (1906-1932) qui, parti avec le capitaine Goulette et deux passagers en mai 1932 de Brindisi pour Marseille, s’écrasa au sol, en pleine montagne, à cause d’une tempête en Italie. Sa stèle reproduit un très bel avion.
Jules MOUSSERON (1868-1943) : mineur de fond, il se mit à écrire des poèmes en français, puis en rouchi [2], sur les conseils de son ami André Jurénil. Il connut le succès et devint le chantre des mineurs. Il « créa » en 1899 le personnage de Cafougnette, qui prit progressivement de l’importance dans son œuvre jusqu’à devenir le thème comique central : équivalent de Tartarin à Tarascon, Cafougnette était le modèle de l’anti-héros sur lequel s’abattaient toutes les misères du monde. La ville de Denain a matérialisé le personnage de Cafougnette en créant en 1950 un géant à son image, qui dirige le carnaval.
- Le géant Cafougnette de Denain.
Julien VINCART (1925-2002) : à l’entrée du cimetière, une massive et insolite stèle représentant un sculpteur dans son atelier intrigue le visiteur. Il s’agit de la tombe d’un marbrier d’une famille connue dans ce métier sur plusieurs générations à Denain. Comme l’indique cette stèle, la tête du géant Cafougnette dont il a été question a été sculptée par Julien Vincart, arrière-petit-neveu de Jules Mousseron.
[1] Les galibots étaient les jeunes mineurs.
[2] Variété locale du picard en usage dans la région de Valenciennes.
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