PONTOISE (95) : cimetière
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Ouvert dans la première moitié du XIX siècle, le cimetière de Pontoise est un vieux cimetière urbain de dimension respectable. Certaines allées sont délimitées par des buis.
Pas mal de tombes fatiguées, conservatoire des sépultures encore entourées de leurs grilles.
Curiosités
Une tombe ancienne subsiste : celle de Jeanne Louise Musquinet (1743-1828). Son épitaphe indique « qu’elle fut précédée dans la tombe par ses trois fils : Victor Emmanuel Leclerc, capitaine général à Saint-Domingue, N.M. comte Leclerc des Essarts, maréchal de camp, J.L comte Leclec, législateur et préfet. Elle laisse après elle deux filles, Madame la comtesse Friant, et Madame la maréchale princesse d’Eckmülh ». Il s’agit évidemment de la mère du général Leclerc, époux de Pauline Bonaparte, qui participa à l’expédition de Saint-Domingue, et qui lui repose dans une de ses terres, au château de Montgobert, dans l’Aisne.
Le cimetière contient une statue intitulée la Paix : elle fut inaugurée en 1984 et remplaça une autre statue, édifiée en 1909 par le Souvenir français à la gloire des combattants de 1870, et qui fut envoyée à la fonte par l’occupant en 1943.
Peu d’œuvres d’art. Il est vrai que plusieurs tombes semblent avoir perdues le buste qui les ornaient : celle de l’intendant général Charles de Boisbrunet, de Cordier, curé de Pontoise, du docteur Gaboriau ...
Une tombe contemporaine, fortement customisée.
Des plaques portent le nom des concessions reprises.
Célébrités : les incontournables...
Charles, comte Léon (1806-1881), fils naturel de Napoléon Ier, fut inhumé dans une fosse commune de ce cimetière.
... mais aussi
L’activiste René BINET (1913-1957), qui passa du trotskisme au fascisme et au nazisme.
L’homme de lettres Henri LE CHARPENTIER (1839-1884), auteur de plusieurs ouvrages sur Pontoise.
Le peintre paysagiste Gustave LOISEAU (1865-1935), qui se situa dans le courant du post-impressionisme. Il peignit les multiples visages de la ville au XIXème siècle.
Arsène MICHOT (1820-1870), « régisseur du théâtre lyrique impérial ». Sa tombe est ornée d’un petit ange musicien abîmé.
Le général Nicolas SCHMITZ (1768-1851), qui commença sa carrière sous la Révolution et participa à toutes les campagnes de l’Empire. Sa tombe, classique chez de nombreux officiers napoléoniens, est un obélisque sur lequel sont gravés ses faits d’armes et les batailles qu’il mena (son nom est sur l’Arc de Triomphe). Baron d’Empire, il termina sa carrière en tant que commandant de la Garde nationale de Pontoise, ce qui explique sa présence ici. Sa tombe sert également de carditaphe à son fils, mort en 1854 lors de la bataille de Sébastopol.
Le peintre paysagiste Georges William THORNLEY (1857-1935), qui fut le lithographe de Claude Monet et de Camille Pissarro. Son oeuvre personnelle se concentra sur le Vexin, mais aussi sur la côte d’Azur, en particulier Antibes.
Le chimiste Eugène TURPIN (1848-1927), qui découvrit dès 1881 le premier explosif panclastique. Ce nouvel explosif breveté en 1885, fut adopté par le gouvernement français en 1887 sous le nom de mélinite [1] , et remplaça la poudre noire dans les obus. Il se diffusa rapidement à l’étranger. Injustement accusé d’avoir vendu son invention a l’Empire allemand, Eugène Turpin fut condamné et incarcéré à Étampes, mais il fut gracié en 1893 par suite d’une campagne d’opinion à laquelle participa Le Petit Journal. Le procès qu’il intenta pour diffamation contre Jules Verne fut un autre moment fort de sa vie. Le romancier se servait d’Eugène Turpin pour le héros de son roman Face au drapeau, qui mettait en scène un savant français inventeur d’un explosif plus puissant que la dynamite. Jules Verne fut défendu par le futur président de la république, Raymond Poincaré ; il obtint la relaxe ; mais on sait désormais par la correspondance de Jules Verne à son frère qu’il s’était inspiré de Turpin pour son roman.
[1] C’est en raison de ses danses mais aussi de sa fragilité nerveuse qu’à la même époque, on donna à Jane Avril ce surnom !
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