SAINT-MALO (35) : cimetière de Rothéneuf
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Quiconque est allé à Saint-Malo connaît forcément cet étonnant ensemble naïf d’art brut que constituent les rochers sculptés de Rothéneuf. L’inspiration de l’abbé Fouré, leur créateur, fut variée. Elle ne représente pas comme on l’a trop souvent dit, la légende d’une imaginaire famille de contrebandiers ou corsaires de cette côte, mais bien plutôt des personnages connus ayant un rapport avec l’actualité de son époque… C’est ainsi que dans cet immense bas-relief subissant les embruns, on peut retrouver le président Krüger, Jacques Cartier, des saints bretons...
C’est assez naturellement au cimetière de Rothéneuf (naguère une commune, désormais un quartier de Saint-Malo) que réside l’abbé Fouré.
L’abbé FOURÉ (Adolphe Julien Fouéré : 1838-1910) : prêtre à partir de 1863 à 18994, il fut contraint à l’abandon de son sacerdoce, étant devenu sourd et muet. C’est ainsi que, retiré à Rothéneuf, il entama son œuvre monumentale, qui dura de fin 1894 à 1907. Il sculpta plus de trois cents statues sur cet ensemble de rochers granitiques surplombant la mer et créa de nombreuses sculptures en bois dans sa maison.
C’est également en ce lieu que repose le « poète de la mer » Théophile BRIANT (1891-1956). Breton, un temps galeriste à Paris, il coupa les ponts avec l’univers parisien et jeta l’ancre dans un ancien moulin de la commune de Paramé, aujourd’hui Saint-Malo. Il se lança dans une sorte de sacerdoce poétique, au service des poètes inconnus ou maudits. Il défendit Max Jacob et fit connaître Milosz, publia des inédits de poètes connus à l’instar de Tristan Corbière et Gérard de Nerval. Il créa une revue littéraire et un concours de poésie. Ami de Céline, il rédigea les biographies de Saint-Pol-Roux et de Jehan Rictus. Il mourut des suites d’un accident de voiture.
Merci à Nicolas Badin pour les photos.
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