LE LAVANDOU (83) : cimetière
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Le cimetière du Lavandou à des allures de cimetière méditerranéen qui confinent régulièrement au kitsch dans la partie contemporaine. C’est là un des écueils de pas mal de cimetières de la Côte-d’Azur : être au patrimoine funéraire ce que les pizzerias sont à l’art italien !
Si aucune grande pointure ne repose dans ses allées, quelques personnalités nous y attendent cependant :
Le peintre Henri Edmond CROSS (Henri Delacroix : 1856-1910) : formé en particulier par Carolus-Duran, il débuta au salon de 1881 en traduisant son patronyme Delacroix en anglais Cross, pour se distinguer d’Eugène Delacroix. D’abord naturaliste, il se lia d’amitié avec les peintres néo-impressionnistes, dont il partagea les convictions anarchistes. Il n’adopta le divisionnisme qu’en 1891 avec son ami Paul Signac. Il peignit la Provence à partir de 1900. Son œuvre a influencé Henri Matisse et les peintres fauvistes. Il était l’ami de Theo Van Rysselberghe (voir plus loin), qui réalisa le médaillon en bronze qui orne sa tombe. Les deux peintres reposent proches l’un de l’autre.
Le Compagnon de la Libération Pierre FOURCAUD (1898-1998). Dès juillet 1940, il devint l’un des agents les plus fameux du BCRA, le service de renseignement et d’action de la France libre, de juillet 1940 à 1944. Après avoir tenté de rapprocher les éléments "résistants" de Vichy et la France libre, il connut deux temps forts dans son action centrée sur le Sud de la France : la constitution des premiers réseaux de résistance en 1940 et 1941 dans la Zone non-occupée, dont l’important réseau Brutus puis l’organisation des maquis de Savoie en 1944. Après la Libération, le colonel Fourcaud devint l’un des responsables puis le numéro deux des services secrets français.
Le poète russe Sacha TCHORNY (ou Tcherny) (Alexandre Mikhaïlovitch Glikberg : 1880-1932), qui connut la misère et la censure politique en Russie (dans le contexte de la révolution de 1905), vécut une vie d’exile permanent avant de s’installer en France. Il passa le reste de sa vie à Bormes-les-Mimosas avec sa femme où il fut considéré comme l’âme de la communauté russe qui s’y est installée. Il y fut rédacteur artistique de la revue d’art de l’émigration russe qui abordait tous les aspects de l’art russe moderne. Il repose dans ce cimetière et une plaque fixée sur le mur du reposoir lui rend hommage.
Le sculpteur colombien Marco TOBON-MEJIA (1876-1933), dont l’inspiration oscilla entre le néoclassicisme et l’Art Nouveau. Son oeuvre est éclectique, allant de l’illustration aux médailles commémoratives. Une tête de Christ (dont il fut l’auteur ?) orne sa tombe.
Theo VAN RYSSELBERGHE (1862-1926) : peintre belge, il est connu pour avoir été l’un des principaux représentants du pointillisme (ou néo-impressionnisme) en Belgique. C’est vers 1886-1887 qu’il découvrit l’œuvre de Georges Seurat en compagnie d’Émile Verhaeren. Il fut un des membres fondateurs en 1883 du groupe bruxellois d’avant-garde, Les Vingt. Comme Georges Pierre Seurat et Paul Signac, il réalisa de nombreux paysages marins, mais également des gravures. Son amitié avec Paul Signac porta aussi sur les idées libertaires et anarchistes. Il participa ainsi à l’aventure du journal anarchiste Les Temps nouveaux.
Sa fille Élisabeth (lieu d’inhumation inconnu) eut une fille, Catherine, avec André Gide (dont ce fut l’unique descendance) : cette dernière, décédée en 2013, repose dans ce caveau. Elisabeth épousa par la suite le romancier Pierre Herbart (qui repose au cimetière de Cabris).
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