GROUSSET Paschal (1844-1909)
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Journaliste, opposant résolu du régime impérial, il devint rédacteur en chef de La Marseillaise d’Henri Rochefort. Son journal s’estimant diffamé dans un article signé par Pierre-Napoléon Bonaparte, cousin de Napoléon III, Grousset lui envoya ses collaborateurs Victor Noir et Ulrich de Fonvielle pour convenir d’une réparation par les armes. La rencontre de Noir et de Bonaparte tourna mal, et Noir fut assassiné. Bonaparte fut condamné, par la Haute Cour de justice, à payer des dommages et intérêts. Les journalistes de La Marseillaise Rochefort, Fonvielle, Pain et Grousset, eux furent condamnés pour outrage envers l’Empereur durant le procès, et emprisonnés à la prison Sainte-Pélagie.
Malgré ses opinions, il s’engagea durant la guerre de 1870. Au moment de la Commune de Paris, il débuta une troisième carrière d’homme politique. Le 26 mars 1871, il fut élu membre du Conseil de la Commune par le XVIIIe arrondissement. Après l’écrasement de la Commune, il fut condamné à la déportation en Nouvelle-Calédonie où il arriva en 1872. Il s’en échappa en 1874 en compagnie d’Henri Rochefort, et plusieurs autres, rejoignit l’Australie puis se réfugia en Angleterre où il enseigna. Il rentra en France lors de l’amnistie de 1880.
En 1893, il devient député socialiste indépendant du XIIe arrondissement de Paris et le resta jusqu’à sa mort. Il vota la loi de Séparation des Églises et de l’État en 1905. Il fut l’auteur de plusieurs mesures favorables aux milieux les plus démunis. On lui doit notamment l’électrification de plusieurs musées et librairies parisiens et leur ouverture tardive ; il espérait par là amener les masses populaires à la culture. Si Grousset fut profondément socialiste dans ses idées, il n’est pas pour autant internationaliste, l’engagement à gauche s’inscrivant pour lui dans un cadre avant tout patriotique, voire parfois cocardier.
Il fut en outre un homme de lettres : sous divers pseudonymes, il écrivit plusieurs romans d’aventure, dont certains en collaboration avec Jules Verne (c’est ainsi le cas des 500 millions de la Bégum).
Il fut enfin un grand défenseur du sport comme outil d’élévation des masses : il fut l’un des premiers introducteurs du football en France, cherchant cependant davantage à promouvoir les jeux français que les sports anglais qu’il discrédita dans plusieurs de ses articles. En octobre 1888, il créa la Ligue nationale d’éducation physique qui, globalement, rejette la compétition sportive en la considérant comme politiquement et moralement néfaste. En effet, si Grousset était favorable à la pratique des sports en tant qu’hygiène de vie, il rejetait toute idée de compétition, au profit d’un idéal de fraternisation et d’éducation populaire. Cela le plaça, à tous les égards (tant en politique qu’au niveau de l’idéal sportif), totalement à l’opposé d’un Pierre de Coubertin qui le méprisait.
Il repose dans la 89ème division du Père Lachaise.
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