SAINT-SAUVEUR-LE-VICOMTE (50) : cimetière des frères
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« C’est le cimetière de l’hospice des pauvres entre les pauvres , de ceux qui n’ont même plus les parents pour réclamer leurs corps . Une dizaine de croix blanches , toutes du même modèle, un if, un bel aucuba plein de graines rouges , sur la tombe de l’abbé ; puis une forte dalle avec les armoiries si chères. Un calvaire de granit verdissant s’élève au centre de cet espace qui a peut-être trente pas de côté .(...) Ainsi repose le poète auprès des fidélités les plus pures, les plus dépouillées, les fidélités paysannes. »
Jean de la Varende, cité par Herman Queru , in Le Dernier Grand Seigneur
Pour visiter le cimetière des frères, il faut, à partir du parvis devant le château (où se trouve un buste de Barbey d’Aurevilly par Rodin), contourner la motte castrale en descendant par les douves.
L’endroit est minuscule, très confidentiel. La description cité au dessus est assez fidèle : la végétation est bien là, autour du calvaire verdissant.
Quelques tombes humbles, pour la plupart similaires, sont celles des religieux. La plus ouvragée est celle du missionnaire eudiste Léon BARBEY D’AUREVILLY (1809-1876), qui composait des poèmes avant d’entrer dans la carrière ecclésiastique.
Il était le frère de Jules BARBEY d’AUREVILLY (1808-1889). Issu de la petite noblesse normande, austère et profondément catholique, Jules Barbey d’Aurevilly passa son enfance dans la Manche. Il fréquenta l’un de ses oncles médecin, profondément libéral, qui exerça sur lui une grande influence. Un moment républicain et athée, il finit, sous l’influence de Joseph de Maistre, par adhérer à un monarchisme intransigeant qui correspondait mieux à son mépris pour le siècle bourgeois. Sans pour autant renoncer à une vie de dandy, dont il se fit par ailleurs le théoricien avec Du dandysme et George Brummel en 1845, il se convertit au catholicisme en 1846 et devint défenseur féroce de l’absolutisme. Critique littéraire redouté, il dénonça aussi bien les prétentions anticléricales du positivisme que les mesquineries du parti catholique. Jules Barbey d’Aurevilly fut surtout connu pour ses romans, ainsi que pour ses nouvelles Les Diaboliques en 1874, qui mêlent un réalisme historique, enraciné dans son Cotentin d’origine, à un surnaturalisme exalté.
Il fut inhumé dans la 29ème division du cimetière Montparnasse de Paris.
- Tombe du cimetière Montparnasse
- Il s’agit bien de la tombe d’origine qui a été déplacée
En avril 1926, les cendres de Barbey d’Aurevilly furent transférées du cimetière Montparnasse en ce lieu, où il vint ainsi rejoindre son frère.
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