RENNES (35) : cimetière de l’Est
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Si le cimetière de l’Est est le plus grand de la ville (16 hectares), il n’est ni le plus ancien (il n’ouvrit qu’en 1887), ni le plus beau (un site quelconque coincé entre un quartier pavillonnaire et des immeubles). Ses divisions qui semblent ne pas finir, d’où la végétation est pour l’essentiel absente, rend l’endroit monotone.
Curiosités
Dans la section 19B du cimetière repose Jean Coquelin. Il était un conducteur de locomotive. En novembre 1957, il conduisait son train de voyageurs vers St Malo lorsqu’à 3 kms de cette ville, un retour de flamme se produisit accidentellement le brûlant atrocement. Il fallait qu’il arrête rapidement son convoi. Environ 500 voyageurs occupaient les wagons. Transformé en torche vivante, il fit d’abord, avant de se soucier de son sort, les gestes nécessaires pour sauver le convoi, se jetant ensuite sur l’herbe du ballast où ses compagnons de route lui portèrent secours. Il mourut peu de temps après. Ses obsèques eurent une dimension nationale. Plusieurs villes de France (Lille, Noisy-le-Sec...) possèdent une rue qui porte son nom.
La dimension commémorative militaire est très présente au cimetière de l’Est :
- Par L’ossuaire du Souvenir Français, lieu de repos des anciens combattants de la guerre de 1870 ainsi que des soldats de la garnison de Rennes décédés avant 1914, oeuvre de l’architecte Balle.
- Des carrés français, britannique et allemand de la Première Guerre mondiale.
- Les tombes des résistants fusillés (carré 19C)
- Les pelouses où furent inhumées les victimes du bombardement du 8 mars 1943. Ce jour-là, vers 14h20, sans qu’aucune alerte ne soit donnée, l’aviation anglo-américaine bombarda d’une hauteur de 6000 mètres différents points de la capitale bretonne tuant, en vingt minutes, 262 personnes. L’objectif attribué aux forteresses volantes étant la gare de triage, mais force est de constater que le bombardement fut particulièrement contre-productif. Le cimetière lui-même ne fut pas épargné : des tombes furent éventrées et des morts déterrés par les bombes. L’Etat Français et les médias, sous contrôle allemand, se servirent de ce raté dans leur propagande anti-américaine, comme en témoignent à la fois cette photo prise au cimetière de l’Est et ce film qui retrace l’évènement pour les actualités en territoire occupé de l’époque.
Aux Entrepôts de la Société l’Economique, le personnel était à son poste de travail. Au bruit des premières bombes, suivant les consignes données, les employés se rendirent aux abris. Quand plusieurs d’entre elles s’abattirent sur les bâtiments de la Société, plafonds et cloisons s’effondrèrent sur les malheureux qui se trouvèrent prisonniers de locaux aux issues obstruées. L’incendie se déclara et se propagea rapidement. 71 personnes périrent. Leurs noms sont gravés sur un monument élevé à leur mémoire au cimetière de l’Est, dans une zone qui fut justement particulièrement touchée par le bombardement.
Un monument dédié à ceux qui donnèrent leur corps à la science.
Peu d’oeuvres d’art dans ce cimetière aux tombes contemporaines.
Précisons que la tombe Oberthur - Cartier-Bresson (section 18) n’abrite que des cousins du célèbre photographe.
Célébrités : les incontournables...
C’est dans ce cimetière que fut inhumée en 1937 Christine Papin, l’une des deux protagonistes de la fameuse affaire Papin. Sa tombe a été relevée et ses restes se trouvent désormais dans l’ossuaire.
... mais aussi
De nombreuses personnalités locales reposent ici, nous nous contenterons dans cet article de présenter celles dont la notoriété a pu franchir la commune. Les Rennais qui voudraient en savoir plus sur leur patrimoine pourront consulter la liste de Bertrand Beyern.
Le photographe Raphaël BINET (1880-1961), qui s’attacha à parcourir la Bretagne entre les deux guerres pour saisir, surtout à l’occasion de Pardons, les derniers témoignages de la vie traditionnelle bretonne. Il laissa un grand nombre de clichés de visages et de coiffes sur fond d’églises et de murs dans l’omniprésence du granit.[section 6].
L’historien Noël BLAYAU (1925-1971) [section 6].
Le sculpteur Jean BOUCHER (1870-1939), qui fut l’élève de Falguière et de Chapu, puis enseigna lui-même aux Beaux-Arts. Ayant fait la guerre, il s’attacha dans son oeuvre à à glorifier les combattants morts pour la France. Il fut élu à l’Académie des Beaux-Arts en 1936. Parmi ses compositions les plus connues, on mentionnera le monument Ernest Renan à Tréguier, la statue de Victor Hugo en exil dans les jardins de Candie à Guernesey, ou encore le monument aux Morts des Beaux-Arts, à Paris. [section 6].
L’archéologue et préhistorien Jacques BRIARD (1933-2002), qui travailla au CNRS. Les nombreux chantiers de fouilles auxquels il a participé et qu’il a dirigés, en Bretagne et à l’extérieur, ont fait de lui un des grands spécialistes de l’âge du bronze en Europe, connu pour ses nombreuses publications scientifiques mais également pour son œuvre de vulgarisation. On lui doit en particulier la découverte de la tombe princière du tumulus de Kernonen (Plouvorn, Finistère) d’une richesse exceptionnelle.[section 19C]
Le marcheur Louis CHEVALIER (1921-2006), qui participa aux Jeux Olympiques (épreuve de marche 10kms) de 1948 et de 1952 [section 6].
L’architecte Raymond CORNON (1908-1982), qui fut professeur d’histoire de l’art à l’École régionale d’architecture de Rennes de 1937 à 1948. aux restaurations et reconstructions de Saint-Malo, Fougères, Rennes, Quimper, Vannes, Nantes et Vitré. Parmi les bâtiments et monuments dont il eut la charge, on peut citer le parlement de Bretagne à Rennes, le château de Châteaubriant, le château de Clisson, la cathédrale et le château de Nantes. Il fut l’auteur en 1968 de la Cité administrative universitaire et de la Faculté de droit (en collaboration) [section 13].
Henri FRÉVILLE (1905-1987) : historien, enseignant et résistant, il fut maire de Rennes de 1953 à 1977, député MRP d’Ille-et-Vilaine de 1958 à 1968, puis sénateur du département de 1970 à 1977. On lui doit plusieurs ouvrages historiques, en particulier sur le nationalisme breton. [section 5].
Le peintre paysagiste Pierre GILLES (1913-1993) [section 4].
Le peintre et décorateur Camille GODET (1879-1966), ancien élève de Léon Bonnat, Benjamin Constant et Jean-Paul Laurens. En 1914, il s’engagea et resta au front jusqu’à la fin du conflit. Durant cette période, il effectua des croquis de guerre qui servirent à illustrer ses futures fresques. Il enseigna toute sa vie le dessin d’ornement et la composition décorative à Rennes, et réalisa pour la municipalité une frise de 26 mètres destinée à devenir un « Panthéon » où figurent les noms des Rennais morts pour la France durant la guerre. Godet a parcouru la Bretagne pour peindre des paysages sur le littoral, des scènes de la vie quotidienne, ainsi que les cérémonies de pardons [section 12].
Le sculpteur Pierre GOURDEL (1824-1892) [section 8].
Alexis LE STRAT (1898-1970) instituteur de formation, il fut député socialiste d’Ille-et-Vilaine entre 1956 et 1958. [section 8].
L’écrivain Paul LEBOIS (1892-1984) [section 14].
Le latiniste Alcide MACÉ (1862-1939), qui fut professeur de langue et de littérature latine et membre de l’école française de Rome. [section 14].
Le bibliographe Jean MALO-RENAULT (1900-1988), connu comme auteur d’une vaste bibliographie rétrospective de la Bretagne par analyse des sources imprimées et périodiques de 1480 à 1960, soient 150 000 fiches conservées à la bibliothèque municipale de Rennes et consultables en microfiches depuis 1988 [section 10].
L’historien Pierre MERLAT (1911-1959), doyen de la Faculté des Lettres de Rennes [section 15].
Le peintre Joseph MOY (1905-1992) [section 10].
Eugène QUESSOT (1882-1949) : maire de rennes par intérim en 1947, il fut sénateur socialiste du département de 1946 à 1948 [section 4].
TRAN Van An (1903-2002) : militant anti- communiste et nationaliste cochinchinois, il connut une longue carrière de journaliste et d’écrivain dans son pays après des études de lettres en France. Il occupa les postes de ministre de l’Information et de la Culture sous le régime de Bao Dai et participa à la négociation des accords de Genève en 1954. Après un séjour au bagne, de retour à la vie publique, en 1967, il participa à la rédaction de la constitution du nouveau Vietnam, avant de s’installer en Bretagne [section 10].
L’entrepreneur de travaux publics Georges TRAVERS (1907-1984), cofondateur de « La Rennaise de Préfabrication », entreprise dont il devint plus tard le P-D.G. et qui compta jusqu’à six usines, qu’il spécialisa dans les éléments préfabriqués. Cette société fournit des matériaux nécessaires à la reconstruction et au développement de l’habitat dans la région rennaise, mais également ailleurs, comme le bâtiment de béton du siège social du parti communiste français , place du Colonel Fabien à Paris [section 12].
Greta VAILLANT (Josette Vaillant : 1942-2000) : présentatrice à la station régionale de l’ORTF à Rennes, mannequin international, puis scripte, scénariste, réalisatrice de documentaires et actrice (elle joua notamment dans le téléfilm La Vallée des peupliers sur TF 1), elle venait de publier son premier roman, Le Géant des sables, quand elle mourut soudain à d’une rupture d’anévrisme) [section 15].
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