LE TÂTRE (16) : La statue de bronze continue à veiller sur le cimetière
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En août 1917, le jeune lieutenant Henri Seguin décédait de ses blessures à Fez au Maroc.Au début des années 1920, la famille Seguin-Mori lui faisait édifier un curieux tombeau surmonté d’une statue de bronze dans le cimetière du Tâtre.
En cette période de la Toussaint, bien des personnes passent par le cimetière du Tâtre pour entretenir, fleurir des tombes. « Au cours de l’été 2008, la construction d’un monument funéraire en forme de pyramide de cinq mètres de hauteur, en granit rose d’Espagne, a un certain temps interpellé les visiteurs, puis tout le monde s’est habitué à la vue de la future dernière demeure d’un couple de retraités parisiens » commentait le maire, Bernard Desse. Mais non loin, plus personne ne porte attention non plus à cet étrange tombeau au socle en pierre, surmonté d’une remarquable statue en bronze de 1,75 mètre de hauteur, représentant un militaire, le lieutenant Henri Seguin. Aucune fleur n’a été déposée...
« Elle m’a pourtant toujours et beaucoup intrigué, reconnaissait Claude Besson, pensif. Et l’ancien maire tâtrien, retraité, passionné d’histoire locale a interrogé, passé des heures de recherches. Autrefois dans les registres d’état-civil, aux archives départementales, alors qu’il rédigeait la « Monographie d’une petite commune rurale : LeTâtre », publiée d’ailleurs en 1993. Puis plus récemment sur internet. « En 1990, j’ai écrit au service historique de l’Armée de terre à Vincennes, confiait-il. Ils ont bien retrouvé le dossier administratif du lieutenant (matricule 1 915 des troupes coloniales) et ont même envoyé copie d’un ordre de citation. »
« Lieutenant au 18° bataillon sénégalais, commandant une section de mitrailleuses au combat de Scourra (Maroc) le 8 juillet 1917 et assailli par un ennemi nombreux et mordant, Henri Seguin a montré la plus grande bravoure et a permis le repli des fractions en contact immédiat. A été grièvement blessé en voulant occuper une nouvelle position. » Le 13 juillet 1917, il était décoré de la Légion d’Honneur par le général Lyautey et se voyait décerner la Croix de guerre avec palme. Mais le 23 août suivant, à l ’âge de 27 ans, il décédait des suites de ses blessures à Fez...
« Le corps a-t-il été rapatrié ? Est-il sous le tombeau même ?, s’interrogeait Claude Besson. Au recensement de 1896, sur Le Tâtre, le père, Henri Seguin aussi, avait 34 ans et était cultivateur « Chez Bourraud », après des études au séminaire de Richemond. En 1918, quand la concession est achetée au cimetière, Henri Seguin père est voyageur de commerce habitant Agen.
« La légende veut que la famille se soit ruinée pour faire édifier ce tombeau vers 1920,une œuvre de Augustin Fumadelles, sculpteur faisait constater Claude Besson. Aujourd’hui, plus aucune descendance connue des Seguin.
Voilà 4 ans,l’entourage de pierre a été vandalisé. La grande plaque a été brisée et n’est plus qu’un puzzle dont il manque des morceaux. « En partenariat avec la municipalité, nous allons voir comment le restaurer » annonçait Michel Merle, président de l’association autonome des anciens combattants du canton de Baignes.
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