MESNIL-AU-VAL (le) (50) : église et cimetière
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C’est dans l’église de Mesnil-au-Val que fut inhumé un personnage inconnu du grand public mais connu de tous les étudiants en histoire : Gilles PICOT, Sieur de GOUBERVILLE (1521-1578).
Gentilhomme normand, de petite mais ancienne noblesse, Gilles succéda à son père pour la charge de lieutenant des Eaux et Forêts pour la vicomté de Valognes en 1543. En 1544, il hérita de son père des seigneuries de Gouberville et du Mesnil-au-Val, puis en 1560 de la seigneurie de Russy de son oncle Jean Picot, prêtre.
Si ce personnage est si connu, c’est qu’il fut l’auteur d’un journal, dont les années 1549 à 1562 ont été conservées et dont le manuscrit original a été découvert dans le chartrier du château de Saint-Pierre-Église. Cet ouvrage est l’un des plus extraordinaires témoignages de la vie d’un gentilhomme campagnard dans le Nord-Cotentin au XVIe siècle. Lorsqu´il commença son journal, le sire de Gouberville avait environ trente ans. On y voit un homme résistant, adroit, bien entraîné, sachant tenir une épée. Il tire à l´arbalète et au mousquet. Habile aux jeux d´adresse et de force, il se plait à jouter avec ses amis. Il sait à l´occasion manier les outils de la ferme et conduire les lourds charrois. C´était un homme cultivé. Il lisait le latin et utilisait des caractères grecs pour transcrire des phrases françaises, quand il voulait noter dans son journal des faits que ses gens ne devaient pas lire.
Son esprit méthodique et ordonné, tel qui transparaît dans son Livre de raison, met en évidence le sens pratique dont il fait preuve en toute occasion. Mais les traits les plus marquants du caractère de ce jeune seigneur, ce sont ses qualités de cœur et sa valeur morale qui le rendent si sympathique. Le 28 mars 1553, dans son Journal, il mentionne la pratique de distiller du cidre en vue d’obtenir une eau-de-vie, première évocation connue de ce que qui est appelé aujourd’hui calvados.
Pour preuve de son succès, un Twitter quotidien, publie chaque jour une page de même date du Journal !
Rien ne subsiste dans l’église de son tombeau. On ignore même avec exactitude à quel endroit précis il fut mis sous terre. C’est d’autant plus dommage que l’édifice possède encore une épitaphe du XVIe siècle, celle d’un dénommé Auvre, de son épouse et de son fils, datée de 1564.
Sa personne n’est plus évoquée que par des témoignages ténus : le cimetière atteste d’une présence actuelle des Picot dans la commune (à dire vrai, c’est un patronyme fréquent dans tout le nord-Cotentin). Vitraux et statues de l’église sont dédiés à Gilles, populaire dans cette paroisse, ce qui explique sans aucun doute le prénom du sieur de Gouberville.
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