PONT-AVEN (29) : cimetière
par
- La pension Gloanec
- Au centre du village, elle demeure l’une des étapes du périple artistique breton.
Pont-Aven doit sa notoriété universelle à son école de peinture autour de Paul Gauguin. En 1886, il débarqua à Pont-Aven. Fatigué de la vie parisienne, à court d’argent, à la recherche d’une inspiration nouvelle (il a exposé un moment avec les Impressionnistes, de 1880 à 1882, sans être convaincu), il s’installa à la pension Gloanec où il rencontra de nombreux artistes, dont Emile Bernard et Paul Sérusier. C’est autour d’eux que se constitua « l’école de Pont-Aven ». Ces peintres donnèrent naissance au « synthétisme » ou « symbolisme pictural » : il s’agissait l’impressionnisme idées et sensations par la forme et la couleur. L’oeuvre devait être expressive par elle-même et non par le sujet. L’utilisation de couleurs denses et vives, les sujets simplifiés à l’extrème, la force primitive des contrastes furent en rupture totale avec l’esprit de l’Impressionnisme, qui diluait au contraire les formes comme à travers un filtre liquide.
- La plaque apposée contre la façade de la pension rappelle la naissance en ces lieux de l’Ecole de Pont-Aven. Le médaillon en bronze représente son plus illustre représentant, Gauguin.
Village d’artistes, au même titre que Barbizon, Chailly-en-Bière, Saint-Paul-de-Vence ou Septeuil, le cimetière de Pont-Aven rappelle cette vocation artistique. Pourtant, contrairement aux autres villages artistiques cités, l’essentiel des membres importants de l’Ecole de Pont-Aven ne reposent pas ici. Rappelons que Gauguin repose loin de là dans le cimetière d’Atuona à Hiva Oa, dans les îles Marquises, en Polynésie française. Paul Sérusier sera à chercher à Morlaix (cimetière Saint-Charles), Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye (78), Edouard Vuillard aux Batignolles de Paris, Emile Bernard au cimetière de Pantin (95), Pierre Bonnart au cimetière du Cannet (06), Charles Filiger à Plougastel (29)... Bref, Pont-Aven n’est pas devenue la nécropole des membres de l’Ecole à laquelle elle avait donné son nom !
Curiosités
L’austère monument aux morts en granit se signale par un très beau bas-relief.
Terre catholique oblige, un autre monument est dédié aux prêtres de Pont Aven morts durant la guerre. Il est orné d’un relief en bronze du père Joseph Tanguy, mort à Buchenwald en 1944 (sa tombe se trouve dans le cimetière).
Ce cimetière à toutes les caractéristiques de la Bretagne : omniprésence du granit, trisquels, calvaires naïfs gravés sur les tombes... C’est essentiellement cet aspect qui fait l’intérêt du cimetière, plus que le faible nombre de personnalités d’envergure qui y reposent.
Quelques fresques mettent un peu de couleurs dans l’austérité grise du cimetière granitique.
- Celle-ci est de Georges Oriot
Célébrités : les incontournables...
...mais aussi
L’architecte alsacien Louis-Michel BOLTZ (1816-1882), qu’on imaginerait ailleurs, à qui l’on doit de très nombreux édifices dans sa région d’origine, en particulier à Colmar (Théâtre municipal, marché couvert...).
Henri DELAVALLÉE (1862-1943) : ancien élève de Carolus Duran et de Luc-Olivier Merson, il découvrit Pont-Aven en 1881. En 1886, il y fit connaissance de Paul Gauguin et de Emile Bernard. Il travailla à Marlotte en 1887 auprès de Pissarro et de Seurat, puis réalisa des toiles divisionnistes et des pastels pointillistes. Après plusieurs années passées à Constantinople, Il s’installa en Bretagne et continua de peindre et de graver des estampes. Il est finalement le seul membre important de l’Ecole de Pont Aven à être inhumé ici. La palette qui ornait la tombe avait disparu, mais elle est réapparue
Berthe SAVIGNY (1882-1958) : née dans une famille d’artistes (qui compte en particulier Henri Delavallée), elle fréquenta elle-même l’Ecole de Pont Aven, en particulier Emile Bernard. peintre, sculptrice et céramiste, elle se spécialisa dans la production de ses « bébés », en grès ou en en faïence, créés dans les années 20. Sur la stèle on peut découvrir une reproduction d’un masque d’Emile Bernard. Dans le même tombeau se trouvent d’autres artistes de la famille, tels le céramiste Paul SAVIGNY (1915-1997) ou la sculptrice Yvonne SAVIGNY-DERRIEN (1928-2008).
Le peintre et sculpteur américain Robert WYLIE (1839-1877), qui s’installa à Pont-Aven en 1860 et y passa le reste de sa vie, peignant des scènes paysannes ou de l’histoire de la Bretagne. Il repose dans la tombe de Julia Guillou (1848-1927), aubergiste de l’Hôtel des Voyageurs qui accueillit tant d’artistes désargentés.
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