PORNIC (44) : Une princesse polonaise enterrée à Pornic
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Elle a fait rêver une famille pornicaise. Yanina Helena Slepowronska est enterrée depuis 1964 au cimetière de Sainte-Marie-sur-Mer. Gilles Renaudin a fleuri sa tombe à la Toussaint.
L’histoire
« Il était une fois une princesse qui avait fui la Pologne pendant la guerre 39-45. Yanina Helena Slepowronska, âgée alors d’une quarantaine d’années, était la dernière descendante de la lignée des Casimir, les anciens rois de Pologne. Sa soeur était décédée sans postérité en Pologne, avant la première guerre mondiale. Ses trois frères, également sans descendants, sont morts pour la France à Verdun, lors de la guerre 14-18. Le 4 mai 1948, Yanina Helena, devenue Jeanne-Hélène, se maria avec Jacques Landereau, un clerc de notaire, à Nantes, à l’âge de 53 ans. Elle décédera à Sainte-Marie-sur-Mer à 69 ans, le 28 août 1964. Son mari la rejoindra dans le caveau du cimetière pornicais en mai 1981. »
Un héritage qui fait rêver
La tombe ne ressemble pas vraiment à celle d’une princesse. À vrai dire, rien ne la distingue des autres. Si ce n’est une plaque discrète où figurent les armoiries à l’aigle de la dynastie des Piast. Effacées par le temps. Tout comme le nom de la princesse et ses dates : 1895-1964. Seuls trois bouquets... en faïence décorent le monument. Et pour cause, le couple n’a pas eu d’enfants. Avant de mourir, Jacques Landereau a fait de Mme Renaudin, une amie, sa légataire universelle, « en récompense de l’aide morale qu’elle m’a procuré pendant ma maladie », comme il l’indique sur son testament. « À la fin de sa vie, il était paralysé. Ma mère s’est occupée de lui », explique Gilles Renaudin, son fils, qui habite aujourd’hui à Nantes.
Cette histoire de riche princesse a passionné la famille. D’autant plus que l’héritage en question apparaissait considérable : une demeure seigneuriale, des forêts, des parcs... « D’après M. Landereau, il y en avait pour 1,5 milliard de francs. » Mais les Renaudin n’en ont finalement rien récupéré. « On a essayé. On a envoyé des courriers de 1978 à 1990 à l’ambassade, au ministère des affaires étrangères... En vain. On nous a dit que les législations étaient différentes, qu’il y avait prescription, etc. On suppose que l’État communiste a fait main basse sur ses biens. » Gilles Renaudin a baissé les bras.
Le mardi 1 er novembre, alors qu’il faisait la tournée des cimetières avec sa mère, âgée aujourd’hui de 88 ans, Gilles Renaudin a voulu retrouver la tombe de la princesse qui l’avait tant fait rêver depuis ses 25 ans. C’est lui qui a déposé un bouquet de chrysanthèmes sur la tombe. « Je trouverais ça dommage qu’une princesse finisse à la fosse commune. » La concession perpétuelle pourrait être reprise un jour par la commune, le couple étant sans ascendant. Et ça, c’est une histoire vraie.
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