COGNAC (16) : Le cimetière du Breuil à tombeaux ouverts
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Le site abrite quelques sépultures chargées d’art ou d’histoire.
Il y a plusieurs raisons de franchir les portes d’un cimetière. La première, c’est celle d’un voyage sans retour pour la « dernière demeure ». La deuxième, c’est de circonstance, est d’aller rendre hommage à un proche qui repose là. Avec tout le respect que ces motifs imposent, la visite peut aussi s’intéresser à une dimension plus historique et architecturale. Suivons Claude Guindet, conseiller municipal délégué au patrimoine, dans les allées du cimetière du Breuil.
Les caveaux des grandes familles de négoce à l’entrée et en enfilade contre le mur de pierre accueillent le visiteur. L’observateur éclairé pourra déceler un minuscule signe de franc-maçonnerie, ou une sculpture typique de l’époque art déco. La plupart de ces chapelles miniatures datent de la création des deux cimetières, à savoir aux environs de 1860. « À cette période, il existait encore des cimetières en plein centre-ville, notamment place Camille-Godard », précise Claude Guindet. C’est lors de l’aménagement du centre que les deux cimetières furent créés afin de désengorger la ville. « Pour anecdote, le cimetière du Breuil se trouve sur la commune de Châteaubernard… Mais passons ! », relève l’élu.
Un art macabre [funéraire serait plus adapté !] original
Le Breuil, en particulier, foisonne de sépultures de notables de Cognac. Des noms que les connaisseurs apprécieront, tels que Mounier, Maresté, Boulestin, Salignac ou encore Dupuy-d’Angeac. Ces tombes se côtoient, se font face et s’observent depuis plus d’un siècle. Beaucoup ne tarissent pas de signes extérieurs de richesse. Même après la mort, l’apparence était d’or.
Le cimetière du Breuil, c’est aussi l’occasion de découvrir un art macabre particulièrement original. L’extravagance n’est pas en reste. À l’image de la tombe « Grotte de Lourdes », en hommage au célèbre lieu de pèlerinage. Un rocher creux reconstitué en fabrique au fond duquel la famille peut encore y déposer des gerbes. Pas loin, l’imposant caveau des curés de Saint-Léger. « Une communauté importante », d’après Claude Guindet. D’ailleurs, les démonstrations de ferveur religieuse ne manquent pas. Sur certains tombeaux, qu’ils soient protestants ou catholiques, des agneaux, des anges, et évidemment de grandes et solennelles croix de pierre culminent au sommet.
Autres curiosités, rares mais présentes trois ou quatre fois au Breuil : des tombeaux imitent des troncs d’arbre [c’est en réalité très courant : cela correspondait à une mode dans les années30. On en trouve pas mal dans les cimetières de banlieue parisienne]. À une époque où la sensibilité pour la nature émerge, les caveaux reproduisent avec une ressemblance à s’y méprendre, de véritables végétaux. Ou encore un nombre incalculable de tombes aux colonnes tronquées. « C’était une particularité réservée aux personnes mortes jeunes, brisées aux prémices de la vie. La base de ces colonnes le symbolise », explique Claude Guindet.
Des stars locales
Une ribambelle de personnes localement connues sont enterrées au Breuil. François Plumejeau, bienfaiteur de la commune, Jules Balmette, peintre du XIXe ou d’anciens maires et députés comme Henri Fichon.
Le meilleur pour la fin. Claude Guindet n’est pas peu fier de jouer les guides pour un autre personnage illustre. Fernande Olivier, dont la tombe est étonnamment sobre, est un peu la Jim Morrison du cimetière du Breuil. Comme son nom ne le signifie pas, elle fut le premier amour et la compagne de Picasso dans sa période cubiste. Une muse de Picasso enterrée à Cognac, c’est à ne pas en croire ses aïeux !
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