MONTOIRE-SUR-LE-LOIR (41) : cimetière
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Dans le genre "visite urbaine insolite", Montoire est davantage connu pour sa gare que pour son cimetière.
Digressons, digressons : l’« entrevue de Montoire », entre le maréchal Pétain et Adolf Hitler eut lieu le 24 octobre 1940 en gare de Montoire. C’est à l’occasion de cette entrevue que fut envisagée la collaboration française au régime nazi. La gare de Montoire avait été choisie pour son relatif isolement et sa proximité avec l’axe Paris-Hendaye - Hitler revenant d’une entrevue avec Franco se déroulant à Hendaye dans le but de convaincre l’Espagne d’entrer en guerre-. De plus, en cas d’attaque aérienne, le train pouvait se mettre à l’abri dans le tunnel de Saint-Rimay proche.
Bon, il ne reste plus grand chose à voir, surtout que le musée se visite "sur commande" (amusant "musée de la rencontre"). De toutes les voies, il n’en reste plus qu’une. Les quais centraux (où se déroula l’essentiel de la cérémonie) ont disparu -quelques ruines sous l’herbe-. Mais bon, j’aime cette ambiance qui laisse l’imagination vagabonder.
Cela, c’était pour les esprits chagrins qui pensent que je passe ma vie dans les cimetières : non, je vais aussi dans les gares désaffectées !!!
Revenons à notre sujet :
Le cimetière de Montoire à lui aussi une histoire atypique : à l’origine était l’église Saint-Laurent-des-Varennes, une paroisse extra-muros de Montoire. La fondation de cette paroisse, entourée de l’ancien cimetière, datait vraisemblablement du XIVème siècle. Désaffectée en 1790, l’église fut utilisée sous la Révolution pour les réunions de la « Société populaire ». Ses ruines, enclavées en partie dans une bâtisse voisine, sont classées monument historique. Les vestiges de cette église se trouvent au fond du cimetière, sur la gauche.
Montoire, dans le but de promouvoir son patrimoine, a réalisé un parcours empruntant les sites les plus notables de la ville : celui-ci passe par ses ruines, d’où la présence d’une plaque explicative.
Hormis cet aspect intéressant, rien ne signale particulièrement le cimetière.
Quelques personnalités reposent ici :
Une belle chapelle renferme les dépouilles de familles aristocratiques alliées (les Rohault de Fleury et les Le Roy de la Tournelle) qui vivaient dans le château proche de Fargot. Parmi les défunts, les plaques visibles signalent la présence du général et Pair de France Hubert ROHAULT de FLEURY (1779-1866), qui fit les campagnes de l’Empire, puis qui, rallié à la monarchie, fut nommé sous-gouverneur à l’École polytechnique en 1822, maréchal de camp en 1823, et commandant du génie à l’armée de Catalogne sous les ordres du maréchal Moncey. Acteur essentiel de la fortification de Lyon, il en réprima l’insurrection en 1831, puis participa encore à la conquête de l’Algérie. Avec lui repose son épouse, Honorine de Sèze (1787-1855), la fille de Romain de Sèze, l’avocat de Louis XVI. C’est également dans cette chapelle que repose Marie Albrier-Clary (1840-1877), petite-nièce de la fameuse Désirée Clary, reine de Suède. Guy Le ROY de la TOURNELLE (1898-1982), ancien ambassadeur de France en Espagne, puis au Vatican, est également ici. Sans certitude, il se peut que Adrien LE ROY de la TOURNELLE (1803-1860), ancien Premier président du Parlement de Dijon, qui fut député de l’Ain de 1840 à 1848, ait également sa sépulture dans cette chapelle (certaines plaques ne sont pas visibles).
Le peintre naïf André BAUCHANT (1873-1958), surnommé « le peintre jardinier ». Autodidacte, il peignit des sujets historiques, mythologiques ou inspirés par la Bible, dans une veine naïve et vivement colorés. Il puisa aussi son inspiration dans des livres scolaires ainsi que dans des ouvrages pratiques (le Catalogue des graines Clause et Truffaut par exemple). Il fut également paysagiste, s’inspirant aussi de scènes de la vie quotidienne (marchés, moissons, vendanges…), des paysages de Touraine ainsi que de ses souvenirs de voyage.
Plus récemment, c’est dans ce cimetière que fut inhumé le scénariste et réalisateur français Michel BOISROND (1921-2002). Il débuta sa carrière d’assistant réalisateur dans les années 40 auprès de différents auteurs tels que Jean Delannoy, Jean Cocteau et surtout René Clair à qui il voua une grande admiration. Son premier film, Cette sacrée gamine, amorça le début de sa coopération avec la jeune Brigitte Bardot, qui devint l’une de ses actrices fétiches. Son cinéma qui célébra L’amour, les femmes et Paris fut critiqué et on attaqua son aspect commercial. En 1975, il se retira du cinéma et travailla ensuite régulièrement pour la télévision (il réalisa en particulier plusieurs épisodes pour la série érotique Série rose). Il repose dans le caveau familial auprès de son père, Jacques BOISROND (1891-1961), qui fut Conseiller de la République, puis Sénateur du Loir-et-Cher de 1946 à 1958.
Merci à Nicolas Badin pour la photo Bauchant.
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