LISIEUX (14) : cathédrale Saint-Pierre

Visité en avril 2010
dimanche 9 mai 2010
par  Philippe Landru

La cathédrale de Lisieux est l’un des plus anciens monuments gothiques de Normandie. Sa construction intervint en effet vers le milieu du XIIe siècle. Elle remplaça une cathédrale plus ancienne, de style roman. On dit qu’Henri, comte d’Anjou et duc de Normandie, futur roi d’Angleterre, et Aliénor d’Aquitaine s’y marièrent en 1152.

Cette cathédrale, monument médiéval au cœur du centre-ville, ne doit pas être confondue avec la basilique Sainte-Thérèse, édifice du XXe siècle. Ce vieil édifice gothique, à la décoration très sobre, est intimement lié à la vie de Thérèse de Lisieux puisque c’est là qu’elle assistait à la messe le dimanche avec son père, ses sœurs et la gouvernante. Une statue et une inscription dans une chapelle du chœur rappellent l’endroit où la famille était exactement placée pendant les offices religieux. C’est ici que la future sainte eut la révélation de sa mission : sauver l’âme des pécheurs. Le père de Thérèse, Louis Martin, offrit le maître-autel du chœur. Néanmoins, aucun membre de la famille Martin n’y est inhumé.

C’est en revanche le lieu d’inhumation d’un autre personnage lié à une autre sainte : c’est effectivement dans la chapelle Notre-Dame, qu’il fit lui-même construire, que fut inhumé l’évêque Pierre CAUCHON (1371-1442).

Grand praticien en matière de droit, il se fit nommer commissaire pour juger les prêtres armagnacs. Partisan enragé des Bourguignons, homme à tout faire du duc de Bedford, élu recteur de l’Université de Paris, il participa à la rédaction du traité de Troyes et soutint les revendications anglaises. En récompense, il fut nommé évêque de Beauvais en 1420 et tenta de rallier la population au parti anglais. Il ne réussit qu’à se faire expulser de la ville. Il passa en Angleterre et se mit au service du cardinal de Winchester. Lorsque Jeanne d’Arc fut faite prisonnière, il fut chargé par le roi d’Angleterre de la réclamer à Philippe le Bon. Il réclama le droit de juger la prisonnière, dont le procès s’ouvrit le 9 janvier 1431. Il la déclara hérétique et la livra au bûcher. Cauchon espèrait recevoir pour paiement de ses services le riche diocèse de Rouen, mais il fut seulement fait évêque de Lisieux.

Il mourut subitement pendant qu’on lui faisait la barbe à Rouen, en son hôtel de Lisieux, sept ans avant l’entrée triomphale de Charles VII. On transporta sa dépouille mortelle à Lisieux, où il fut inhumé. Ce fut l’occasion de cérémonies qui revêtirent quelque solennité. A Rouen, les chanoines et les chapelains de la cathédrale s’assemblèrent et se rendirent, en procession, à son église Saint-Cande, voisine de la porte du Bac, d’où ils suivirent le convoi jusqu’à la Seine. A Lisieux, les honneurs accoutumés furent rendus à l’évêque-comte.

Son cercueil fut déposé dans la chapelle Notre-Dame, à gauche, près de l’autel, du côté de l’Evangile. Son tombeau comportait un soubassement en marbre noir, supportant sa statue couchée en marbre blanc, le tout surmonté d’un dais en pierre de Caen et entouré d’une grille de fer très solide. Ce tombeau subsista dans son état primitif, jusqu’au XVIIIe siècle, puis il fut progressivement démantelé au point de perdre sa trace.

Des fouilles organisées en 1917 ne permirent pas de le retrouver. Ce n’est qu’en 1931 qu’il fut retrouvé. Le témoignage de l’un des témoins, Etienne Deville, est ici intéressant : "Le cercueil de plomb ayant été ouvert, le squelette entier de Cauchon nous apparut dans son intégrité. Il était couché sur le dos, les bras croisés sur la poitrine, la tête légèrement inclinée à gauche. Une partie du corps était recouverte par les planches du cercueil de chêne dans lequel le prélat avait été déposé. Ce cercueil était en grande partie consommé et avait, par suite de ce travail, donné une teinte brune à l’ensemble du squelette. Ce dernier mesure 1 m.68 de l’extrémité des pieds au sommet du crâne, assez fort, et portant encore de nombreux cheveux encore adhérents dans sa partie inférieure. Les dents étaient très usées. Aucune trace de vêtements n’a été constatée, ce qui permet de supposer que le corps a été enfermé nu, peut-être après embaumement, dans le cercueil, enveloppé dans un suaire qui a complètement disparu. Nous avons retrouvé son anneau pastoral, très simple, en argent, orné d’une pierre violette, dessertie de l’anneau, mais que nous avons recueillie dans les débris.

Après examen minutieux du contenu du cercueil, nous avons replacé les ossements dans un petit cercueil de chêne sur lequel le commissaire de police apposa son sceau dès qu’il fut refermé. Avec les ossements, nous avons déposé, dans un tube de verre, hermétiquement clos par les soins de M. Boit, un parchemin sur lequel est écrit : L’an mil neuf cent trente et un, le samedi 25 avril, la Société des Amis des Arts de Lisieux a procédé à l’exhumation et à l’identification des restes mortels de Pierre Cauchon, évêque et comte de Lisieux, mort à Rouen et inhumé dans cette chapelle en l’an 1442, en présence des soussignés : Etienne Deville, Chanoine Hugonin, Pierre Marie-Cardine, Dr Degrenne, Boit, Pellerin et Anzemberger, commissaire de police.

Ce cercueil fut ensuite placé dans le coffre de plomb et le tout replacé dans le caveau, qui fut ensuite refermé et le dallage remis en son état primitif".

Aujourd’hui, rien ne signale le tombeau de Pierre Cochon hormis une petite notice discrète sur les grilles de la chapelle, accompagnée d’une photographie des fouilles de 1931.

La précision de la localisation permet donc de situer l’emplacement de ses restes avec exactitude.


Commentaires

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LISIEUX (14) : cathédrale Saint-Pierre
mardi 5 octobre 2010 à 16h38 - par  J-G DAGENAIS

. ’’En 1931, on entreprit des fouilles près de l’autel et on retrouva le cercueil de plomb, les restes du défunt, son anneau pastoral et la crosse. Transporté au Musée du Vieux Lisieux, tout a disparu ainsi que la vieille partie de Lisieux, détruite par les bombardements de juin 1944, précédant la libération de la France’’.

EST-CE QUE CETTE CITATION EST VÉRIDIQUE ?

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