NOGENT-SUR-MARNE (94) : église Saint Saturnin
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Jouxtant le porche de la petite église Saint-Saturnin, en plein coeur de Nogent-sur-Marne, un monument rappelle le souvenir de l’un des plus grands peintres du début du XVIIIe siècle, et particulièrement du mouvement rococo : Watteau. Ce qui pourrait n’être qu’un monument esthétique et commémoratif a une réelle valeur de cénotaphe, comme nous allons le voir.
On sait peu de choses de la vie de Jean-Antoine WATTEAU (1684-1721). Né à Valenciennes, où il apprit la peinture sous l’influence de l’art flamand, Antoine Watteau s’installa à Paris en 1702, et étudia auprès du graveur et décorateur de théâtre Claude Gillot, qui lui communiqua son goût pour la commedia dell’arte, pour les masques et les mascarades.
Par la suite, le peintre eut la possibilité d’étudier toute une série de toiles baroques de Rubens, qui le marquèrent profondément. En 1709, Watteau remporta le second prix de Rome, puis fut agréé par l’Académie de peinture en 1712, avant d’en être élu membre, en 1717.
Les toiles de Watteau reflètent l’influence des grands maîtres flamands, notamment de Rubens, et des Vénitiens. Mais l’artiste y ajoute une certaine étrangeté par son goût des rendus vaporeux, la sensualité de sa palette et ses figures énigmatiques. Il fut le peintre des réceptions mondaines de plein air, les fameuses « fêtes galantes », dont le chef-d’œuvre emblématique est Le Pèlerinage à l’île de Cythère, toile mélancolique et mystérieuse. Parmi ses autres sujets de prédilection figurent également les clowns (Pierrot) et les personnages de la commedia dell’arte.
Watteau mourut de la tuberculose en 1721, âgé de 37 ans. Ses œuvres influencèrent les impressionnistes par la légèreté de l’air qui y circule, et firent l’admiration des poètes, en particulier de Baudelaire et de Verlaine.
Watteau fut à l’origine inhumé dans un tombeau modeste dont on ne possède aucune illustration à l’intérieur de l’église Saint-Saturnin. Les tombeaux de l’église, dont celui de Watteau, furent profanés sous la Révolution et les restes jetés dans une fosse de l’ancien cimetière, qui entourait l’église. Au XIXe siècle, on s’émut de la disparition de toutes traces du peintre à Nogent et on décida de construire un monument sur l’endroit « présumé » de cette fosse : c’est ainsi que vit le jour cet actuel cénotaphe, orné d’un buste en marbre par Louis Auvray, qui fut inauguré en 1865.
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