NOGENT-SUR-MARNE (94) : cimetière

Visité en octobre 2009
samedi 3 avril 2010
par  Philippe Landru

Le cimetière actuel de Nogent-sur-Marne fut précédé par trois nécropoles : le premier, qui fonctionna jusqu’en juin 1826, disparut complètement en 1842. Le second, à l’angle de l’actuelle rue Théodore Honoré, fonctionna de 1827 à 1873 (à son emplacement, se trouve l’actuelle école primaire Paul Bert).

De 1873 à 1889, les morts de Nogent furent inhumés dans ce qui est désormais l’actuel cimetière du Perreux, qui se trouve en face.

Lorsque Le Perreux fut érigé en commune en 1887, il fallut un nouvel enclos pour Nogent : cet actuel cimetière fut créé en 1889 pour faire face à cette séparation, de l’autre côté de la rue de la Paix. Paradoxalement, le cimetière de Nogent-sur-Marne se trouve donc sur le territoire du Perreux, au lieu dit ’trou de la Borne’. 150 concessions y furent transférées, raison pour laquelle on trouve des dates de décès bien antérieures aux dates d’inhumations.


Curiosités


- Au milieu des divisions militaires se trouve un monument dédié aux combattants indochinois morts pour la France lors des deux guerres mondiales et de celle d’Indochine. Il fut inauguré en 2003, à la place d’un premier monument qui avait été édifié en 1933. Les caractères chinoi signifient « Nous sommes venus du bout du monde , en Europe, pour nous engager pour une juste cause ». La stèle voisine fut élevée à la mémoire des morts de l’armée vietnamienne en 1955-1975.

- En 1919, dans ce cimetière fut élevée une kouba. Dans les pays de tradition islamique, la kouba est un petit édifice qui vient signaler la tombe d’un pieux personnage. Ce monument, aujourd’hui disparu, honorait le dévouement et la mort, au cours de la Première Guerre mondiale, de soldats musulmans provenant de l’espace colonial français. Peu entretenu dans les années qui suivirent, ses vestiges furent finalement détruits en 1982. Celle-ci devrait être prochainement reconstruite. A proximité de son emplacement se trouvent les tombes de tirailleurs sénégalais et de combattants d’Afrique du Nord.

- Le médaillon sur la tombe de la jeune Magdelaine Rameau, morte à 19 ans en 1920, réalisé par Max Blondat.

- Le tombeau Ringuenet, volute minérale.


Célébrités : les incontournables...


- André GAILLARD
- TCHANG TCHONG-JEN


... mais aussi


- Emile ARMET de LISLE (1853-1928) : industriel, il hérita en 1878 d’une fabrique de quinquinas. Installée à Nogent-sur-Marne, cette usine était perçue comme la plus importante dans sa spécialité. Très vite, il s’intéressa aux travaux des Curie. Dès le départ, des relations serrées se nouèrent entre lui et le laboratoire des Curie. En 1904, il se lança grâce à eux dans la production industrielle du radium.

- André BAZIN (1918-1958) : critique cinématographique, il fut l’un des fondateurs des Cahiers du cinéma et a exercé une grande influence sur l’ensemble de la critique française et plus particulièrement sur les réalisateurs de la Nouvelle Vague.

- La comédienne Joelle BERNARD (Josette Petot : 1928-1977), qu’on surnomma « la Ginette Leclerc des années 50 » : elle enchaîna effectivement des rôles de garces durant ces années, et si elle joua au cinéma et au théâtre jusqu’à sa mort, elle ne parvint jamais a obtenir un rôle déterminant qui lui aurait permis de sortir de la spirale des seconds rôles.

- L’affichiste Paul COLIN (1892-1985) : peintre et décorateur, il fut l’un des plus grands affichistes français. Révélé en 1925 par son affiche pour la Revue nègre, qui contribua à lancer la carrière de Joséphine Baker, il travailla pendant près de quarante ans pour le spectacle, créant non seulement des affiches mais aussi de nombreux décors et costumes. Son style, très Art déco au début, devint rapidement très personnel et impossible à faire entrer dans une catégorie : la justesse synthétique de ses portraits, la force d’évocation de ses affiches pour les grandes causes en firent un maître de la communication visuelle dont l’œuvre reste aujourd’hui exemplaire et très actuelle.

- Le fabricant d’éventails Georges DUVELLEROY (1856-1930).

- Le peintre Maurice GUY-LOE (1898-1991) : peintre français, il fut l’élève de Fernand Cormon et de Raphaël Collin. Profondément marqué par une Première Guerre mondiale qui se prolongea pour lui en Orient jusqu’en 1920, il exécuta à son retour divers métiers qui lui permirent de subsister. Lauréat de la fondation américaine Blumenthal en 1922, il put enfin se consacrer librement à son art et réaliser de nombreuses décorations murales dans des lieux publics (lycée Janson-de-Sailly, église Saint-Ferdinand-des-Ternes…) aussi bien que chez des particuliers, en France, en Angleterre et aux États-Unis. En même temps se manifesta chez Maurice Guy-Loë une autre vocation qui finit par l’accaparer totalement : le soutien des artistes. À cette fin, il suscita d’abord la création d’une « Association Blumenthal » puis dirigea « L’Entr’aide des Artistes » pendant l’Occupation allemande. Il fonda enfin, en 1944 à Nogent-sur-Marne, une Maison nationale des Artistes qu’il œuvra à perfectionner, en l’agrandissant et en la dotant d’installations professionnelles.

- Peter HUTH (1936-2013), le « dentiste des stars » mais également des footballeurs, ayant été chef du protocole de la Fédération française de football, puis de la FIFA, de 1996 à 2006. Il était le père du réalisateur James Huth. On sourira devant sa plaque-épitaphe !

- La famille d’architectes NACHBAUR : Georges (1842-1921) et se deux fils Albert (1879-1933) et Georges (1884-1977), qui s’illustrèrent dans l’art nouveau. Plusieurs villas étonnantes de Nogent portent leur signature.

- Roland NUNGESSER (1925-2011) : élu député gaulliste en 1958, mandat qu’il conserva jusqu’en 1997, il occupa tour à tour les fonctions de secrétaire d’Etat au Logement (1966-1967), à l’Economie et aux Finances (1968), puis ministre de la Jeunesse et des Sports (1968) dans le gouvernement. Il était le neveu du célèbre aviateur Charles Nungesser, qui s’était abîmé dans l’Atlantique en 1927 en tentant de rejoindre les Etats-Unis en avion. Roland Nungesser a été à la tête du département lors de la seule période où la droite en a détenu la majorité.

- L’architecte et sculpteur Henri-Nicolas PELLÉE (1896-1987).

- Le Compagnon de la Libération Julien ROGER (1919-1945) : engagé à 17 ans dans Marine, il se distingua sur tous les fronts (Gabon, Syrie, Italie puis en France). Il fut tué au combat sur le coup d’une balle dans la tête. D’abord inhumé au cimetière divisionnaire de la 1ère DFL à l’Escarène dans les Alpes-Maritimes, il fut réinhumé en 1949 à Nogent-sur-Marne dans le Val de Marne.

- Gérard SEKOTO (1913-1993) : ce peintre, poète et musicien sud-

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africain, qui s’était établi en France en 1947, est relativement méconnu dans le monde francophone, alors qu’il est considéré en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud comme un précurseur de la peinture sud-africaine noire contemporaine.

- L’architecte Bernard SIRVEN (1949-1995).

- Le Compagnon de la Libération Gérard THÉODORE (1920-2012), qui participa au sein des FFL aux campagnes d’Afrique puis du Proche-Orient où il fut amputé. Il devint après la guerre inspecteur Général de l’Insee.

- Marie VASSILIEFF (1884-1957) : boursière des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, elle vint à Paris en 1907, pour un simple voyage d’études et s’y installa de façon définitive. Après avoir suivi les cours d’Henri Matisse, elle créa en 1910, avec d’autres compatriotes, l’Académie russe. Cette Académie devint l’un des centres artistiques les plus marquants de la capitale et fonctionna jusqu’à la révolution russe de 1917. En outre, elle tint durant la guerre « cantine ouverte » où les artistes désargentés venaient manger pour quelques sous : s’y rejoignaient Picasso, Gris, Max Jacob, Modigliani ou Braque... Dans cet entourage des artistes les plus novateurs de l’époque, Marie Vassilieff élabora tout au long de sa vie un univers pictural personnel. Ses qualités essentielles de peintre, la précision du dessin, la rigueur des compositions et le sens aigu des couleurs, furent mis au service de sa fantaisie et de sa créativité. Ainsi ses œuvres se teintèrent au cours des années de connotations symboliques ou mystiques suivant les thèmes abordés. Les créations propres de Marie Vassilieff appartiennent essentiellement au style cubiste, ses tableaux les plus intéressants sont des portraits de danseurs aussi bien que des portraits de ses amis, Jean Cocteau, Picasso et Matisse. On la connaît aussi pour ses pièces de mobilier décoratives et ses portraits de poupées et ses œuvres restent très populaires.


Merci à Herbert pour les photos des tombes Bazin, Bernard et Vassilieff
Merci à Nicolas Badin pour les photos Nungesser, Huth, Gaillard et Théodore


Commentaires

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NOGENT-SUR-MARNE (94) : cimetière
dimanche 23 février 2020 à 17h30 - par  cp

Il y a parfois des lieux qui énigmatiquement apparaissent au terme de destinées plus ou moins glorieuses, existences à paillettes qui semblaient ne jamais devoir s’y arrêter. Le Monde a consacré il y deux semaines un article à la « Maison des Artistes » de Nogent, qui rejoint Couilly-Pont-aux-Dames, ou Ris Orangis, dans la liste des endroits où s’éteignent les étoiles...
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« L’écrivaine Françoise Mallet-Joris et le chanteur Jacques Higelin y ont notamment séjourné. Cet Ehpad du Val-de-Marne accueille en priorité des artistes. Un lieu unique, où les pensionnaires continuent de créer et d’exposer. »
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Greame Allwright aussi...
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« La Maison nationale des artistes, un Ehpad géré par la Fondation des artistes, loge 80 résidents, à Nogent-sur-Marne. »
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Pas spécifiquement « artistes », un autre nom genre « no man’s land » apparaît aussi dans les actes de décès, c’est une petite commune de l’Essonne, Fontenay-lès-Briis, un ancien sanatorium y accueille des gens fort mal en point, mais dont parfois la notoriété cadre mal avec l’idée de mourir là ! Ben c’est que les carottes étaient cuites, s’ils y étaient...

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NOGENT-SUR-MARNE (94) : cimetière
lundi 24 septembre 2018 à 17h47 - par  Chris Looping

Bonjour

Sauriez vous si Maurice Dufrene (1876-1955) Architecte d’intérieur (il a notamment été des 4 a qui on doit le grand rex) a été inhumé à Nogent sur Marne ? Et si oui si sa tombe est toujours présente ?

Site web : Perree Christian
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NOGENT-SUR-MARNE (94) : cimetière
lundi 25 mai 2015 à 10h21 - par  Claude SCHWAB

André Bazin n’est-il pas aussi enterré à Nogent sur Marne ?

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lundi 25 mai 2015 à 22h03 - par  MARRY Ghislain - EVIGNY (Ardennes)

@Claude Schwab et Philippe :
Le critique de cinéma André BAZIN (1918-1958), père-fondateur des célèbres « Cahiers du cinéma » et père spirituel de François Truffaut, prématurément décédé d’une leucémie à l’âge de 40 ans, a été effectivement inhumé avec son épouse Janine au cimetière de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne).
Leur sépulture se trouve tout au fond du cimetière, à droite, dans la 28 ème division.

Au cours de sa vie professionnelle, André BAZIN a écrit quelque 2500 textes sur les films de son époque !
BRAVO !

(Sources : municipalité de Nogent-sur-Marne )

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NOGENT-SUR-MARNE (94) : cimetière
dimanche 4 avril 2010 à 18h49 - par  Neuf

Cimetière de Fontenay sous-bois : que faut-il penser de la mise à l’écart des tombes de musulmans dans ce cimetière ?

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samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

Contrairement aux articles, vous ne pouvez pas interagir sur les rubriques : aussi, si vous avez une information nouvelle à apporter sur un département, merci de laisser votre message en indiquant clairement le département et la commune concernée sur un article dédié uniquement à cela : Le patrimoine funéraire en France : classement par départements

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vendredi 14 février 2014

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