Les restes de Léonard de Vinci exhumés ?
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Des chercheurs italiens souhaitent exhumer les restes présumés de Léonard de Vinci, conservés au château d’Amboise. Ils espèrent ainsi procéder à une reconstruction faciale du peintre, et découvrir si oui ou non le portrait de Mona Lisa serait en fait un autoportrait déguisé. Ils auraient conclu un accord de principe avec les propriétaires du château.
Des chercheurs italiens espèrent pouvoir exhumer les restes présumés de Léonard de Vinci d’ici un an, afin de faire la lumière sur une des théories entourant la Joconde.
Selon le Times, les historiens et anthropologues auraient trouvé un accord de principe avec les propriétaires du château d’Amboise, géré par la Fondation Saint-Louis.
Pour Silvano Vincenti, à la tête de l’équipe, l’enjeu est tout d’abord de vérifier si la sépulture reposant dans la chapelle Saint-Hubert au château d’Amboise est bien celle du maître italien. Léonard a été inhumé en 1519 à la collégiale Saint-Florentin du château. Mais l’édifice, détruit en 1807, n’a été fouillé qu’en 1863. Les restes présumés ont alors été retrouvés, et conservés depuis 1874 dans la chapelle Saint-Hubert.
Les chercheurs vont donc devoir procéder à des analyses ADN en comparant les résultats avec des descendants bolonais de la famille de Vinci.
L’équipe italienne espère retrouver le crâne du peintre, afin de travailler sur une reconstruction faciale. Le but est de vérifier ou d’infirmer une hypothèse qui court sur le tableau de la Joconde. Selon Lillian Schwartz, une historienne américaine, le portait de Mona Lisa serait en fait un autoportrait déguisé de l’artiste, qui aimait jouer avec les codes et crypter ses œuvres et ses manuscrits.
Mais le projet provoque déjà le scepticisme et les critiques de certains historiens et chercheurs, qui considèrent l’hypothèse de l’autoportrait fantaisiste.
Interrogé par le Times, Nicholas Turner, ancien conservateur des arts graphiques au Getty Museum, évoque avec humour cette entreprise : « cela paraît un peu extravaguant, légèrement insensé, comme si le virus Léonard s’était propagé trop rapidement dans le cerveau de ces gens. Nous savons que Mona Lisa était une personne réelle, qu’elle a bien existé, et qu’il s’agit de son portrait. Si Léonard de Vinci entendait parler de tout ceci, il rirait à gorge déployée ».
Si les chercheurs italiens obtiennent les autorisations nécessaires auprès du propriétaire du château d’Amboise, la Fondation Saint-Louis, dirigée par Henri d’Orléans, et auprès des autorités, ils espèrent pouvoir exhumer les restes de Léonard de Vinci d’ici l’été 2010.
Le mystère de la Joconde élucidé par les restes de Léonard de Vinci ?
"Nous ne savons pas ce que nous trouverons si la tombe est ouverte", reconnaît Giorgio Gruppioni, un anthropologue participant au projet. "Si les restes sont bien conservés, ils constituent une archive biologique qui témoigne d’événements de la vie d’une personne et parfois de sa mort."
Le chef de l’équipe de chercheurs, Silvano Vinceti, espère présenter bientôt le projet aux autorités françaises. L’autorisation d’exhumer le génie de la Renaissance est loin d’être acquise, et ne sera accordée qu’après une longue procédure. Le dossier devrait notamment être examiné par le ministère de la Culture.
Léonard de Vinci s’installe en France en 1516 à l’invitation de François Ier, qui le nomme "premier peintre, ingénieur et architecte du roi". Il meurt en 1519 à l’âge de 67 ans, au manoir du Clos Lucé (appelé alors le Cloux), près du château royal d’Amboise. Son lieu initial d’inhumation, l’église collégiale Saint Florentin, a été détruit durant la Révolution, ses restes présumés étant ensuite enterrés à la chapelle Saint-Hubert, dans l’enceinte du château d’Amboise.
Il y a "un grand point d’interrogation" sur l’identité des restes, souligne Alessandro Vezzosi, directeur du musée dédié au peintre à Vinci, en Toscane, la ville d’origine de l’artiste. M. Vezzosi, qui ne participe pas au projet, souligne que l’exhumation pourrait permettre d’authentifier les ossements avec certitude et résoudre d’autres questions, comme la cause de sa mort. Il précise avoir demandé l’ouverture de la sépulture en 2004 pour étudier les restes, mais n’a pas obtenu l’autorisation.
La centaine d’experts impliqués dans le projet, baptisé Comité national pour le patrimoine historique et artistique, a été créé en 2003 pour "résoudre les grandes énigmes du passé", précise M. Vinceti, auteur de livres sur l’art et la littérature.
Le mystère plane depuis longtemps sur l’identité du "modèle" qui a inspiré la Joconde. La thèse "traditionnelle" est qu’il s’agit de Lisa Maria Gherardini, épouse du riche marchand de soie Francesco del Giocondo. Certains chercheurs ont aussi évoqué une concubine du mécène florentin de l’artiste, Julien de Médicis, voire la mère de Léonard de Vinci. Et il y a aussi la théorie d’un autoportrait déguisé, qui intrigue et divise les experts.
L’équipe de chercheurs espère dater au carbone 14 les os censés se trouver dans la tombe. Des tests ADN pourraient être pratiqués pour authentifier les restes, à condition de pouvoir disposer d’un autre échantillon d’ADN de Léonard de Vinci, ce qui pourrait s’avérer compliqué, reconnaît M. Gruppioni.
Faute d’analyse ADN, d’autres tests pourraient fournir des informations utiles, en indiquant par exemple si les restes sont ceux d’un homme ou d’une femme et d’une personne jeune ou âgée. Mais pour avoir "un très haut niveau de probabilité, le test ADN est nécessaire", souligne Giorgio Gruppioni.
Les experts devraient également chercher des traces de pathologies ou d’autres causes du décès du peintre. La tuberculose ou la syphilis, par exemple, laissent des traces dans la structure osseuse, précise M. Vinceti.
Selon le scénario le plus favorable, le crâne bien conservé de Léonard de Vinci serait scanographié pour permettre une reconstitution d’abord virtuelle puis physique du visage. Il n’y aurait plus ensuite qu’à comparer avec les traits de la Joconde.
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