LOS ANGELES : Forest Lawn Memorial Park Hollywood Hills
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L’actualité la plus chaude met ce cimetière sous des projecteurs brulants : y enterrera-t-on finalement Michael Jackson ? Sur le net, chacun y va de sa rumeur ou de sa contre-rumeur... L’occasion est donc bonne pour présenter ce fameux cimetière, que j’ai visité il y a 4 ans.
Il est bon d’ailleurs de faire un peu de ménage, car on peut lire n’importe quoi sur le net, parfois sur des sites très officiels. La raison est la confusion faite sur deux cimetières, tous deux à Los Angeles mais néanmoins totalement distincts : le Forest Lawn Hollywood Hills (dont cet article est la présentation) et le Forest Lawn Glendale (qui est ici). L’essentiel des sources -nombreuses- sur ces deux cimetières étant en anglais, j’ai pensé que cela pouvait intéresser les non anglophones.
NB : finalement, après plus de deux mois d’atermoiements, Michael Jackson, après avoir passé tout ce temps dans un caveau provisoire du Forest Lawn Hollywood Hills, a été inhumé au très privé et impraticable Forest Lawn de Glendale !
Le Forest Lawn Memorial-Parks & Mortuaries est une franchise créée par Hubert Eaton au tout début du XXe siècle. Cet excentrique pensait que les cimetières étaient des lieux par trop déprimants. Il plaidait pour la création de lieux qui refléteraient sa vision optimiste de la mort. Il envisageait Forest Lawn comme un grand parc rempli de grands arbres, de belles pelouses, de fontaines chantantes, de belles statues et d’un mémorial.
Ainsi naquit en 1917 le Forest Lawn Memorial Park de Glendale. Et c’est là bas que vous irez chercher les tombes de Walt Disney, de Clark Gable, d’Errol Flynn et de beaucoup d’autres encore.
Devant le succès de ce premier cimetière, Eaton chercha en 1944 un terrain à acheter pour un nouveau cimetière. Il jeta son dévolu sur les collines de Hollywood (Hollywood Hills) qui avaient déjà une histoire, puisqu’elles avaient souvent servies de décor pour le cinéma, en particulier pour le film mythique de l’histoire américaine de D.W. Griffith, La naissance d’une nation. Le projet connu des avanies, des pétitions ayant été signées à l’époque pour empêcher l’implantation d’une nécropole sur ce lieu. A la fin des années 40 pourtant, il ouvrit ses portes.
Entouré des studios Disney, Universal, Warner Bros., il est devenu assez naturellement l’un des cimetières des stars d’Hollywood et des nombreux membres de l’industrie du cinéma américaine. Il n’est cependant pas, contrairement à ce que l’on peut lire en ce moment, ni le plus connu, ni le plus « dense » en célébrités. Mais comme nous le verrons, un certain nombre de figures mythiques du cinéma qui y « résident » explique son attraction et son renom.
Pour un Français formaté par des nécropoles de type « Père Lachaise », le Forest Lawn est un délire absolu. On ne peut s’y déplacer qu’en voiture, les distances entre les tombes étant très grandes. Le site est étonnant : un moutonnement verdoyant impeccable comme un terrain de golf, où à horaires réguliers se mettent en service les arrosages automatiques (surprise assurée quand vous êtes en traque sur le gazon !!!). Ici, très peu de monuments sur les tombes. L’égalité absolue des plaques créant une monotonie que vient briser la présence d’arbres, mais également d’un grand nombre de bâtiments ou d’œuvres dont nous ferons le descriptif dans la partie « curiosités ».
Il est à noter pour les futurs visiteurs qu’il est impératif de venir au cimetière avec son « matériel », c’est-à-dire une carte avec localisations des principales sépultures. Sans cela, vous n’avez plus qu’à rebrousser chemin. Les Forest Lawn, contrairement au Hollywood Forever, répugnent à aider les visiteurs venus traquer les célébrités. Sans être aussi répressif que le Forest Lawn Glendale (photos – théoriquement - interdites, partie du cimetière fermées par des « portes » dont l’ouverture est conditionnée par des « clés d’or » !...), le Forest Lawn Hollywood Hills ne se livrera à vous qu’à condition d’avoir préparé votre visite. Il existe de très nombreux plans sur le net (voir les adresses de sites plus loin), réalisés par des taphophiles américains. Autre avantage, non des moindres : il sont toujours actualisés. Bonne visite donc.
Curiosités
On consultera l’article général sur les cimetières californiens.
Tandis que le Forest Lawn Glendale a été développé autour du thème religieux, le Forest Lawn Hollywood Hills est davantage focalisé sur l’histoire américaine. De ce fait, on trouve également dans ce cimetière :
- La Court Of Liberty ou « Cour de la liberté », qui présente des statues de George Washington et Thomas Jefferson ainsi que la Birth of Liberty Mosaic ou « Mosaïque de la Naissance de la liberté » qui fait environ 50 m sur 9 m et est composé de dix millions de pièces de verre de Venise représentant vingt-cinq scènes célèbres de l’histoire américaine de 1619 à 1787.
- La Old North Church, une fidèle réplique de l’église historique de Boston, immortalisée par Henry Wadsworth Longfellow dans son fameux poème Paul Revere’s Ride. Elle contient des documents précieux de l’époque coloniale.
- Le Hall Of Liberty American History Museum ou « Musée historique de la liberté américaine » présente une réplique de la Liberty Bell, ainsi que de nombreuses expositions. Il comprend également un auditorium de 1 200 places.
- Le Monument To Washington ou « Monument à Washington », une statue de marbre et de bronze dédiée au premier président, créée par le sculpteur Thomas Ball. Quatre des généraux de Washington y sont aussi honorés.
- La Lincoln Terrace ou « Terrasse de Lincoln », présente une statue de bronze de cinq mètres de haut du 16e président, réalisée par Augustus Saint-Gaudens, flanquée d’une mosaïque représentant des scènes de la vie d’Abraham Lincoln.
- La Plaza of Mexican Heritage ou « Place de l’héritage mexicain », présente des sculptures de l’artiste Meliton Salas Rodriguez, de Guadalajara (Mexique). Salas Rodriguez y représente des répliques détaillées d’œuvres et d’objets représentatif des civilisations Aztec, Huastec, Maya, Mixtec, Olmec, Teotihuacan, Toltec, Totonac et Zapotec qui précédèrent le Mexique moderne.
C’est là qu’on mesure tout ce qui distancie la conception funéraire de la vieille Europe de celle du nouveau monde !
C’est dans ce cimetière que le chanteur Marvin Gaye fut crématisé avant que ses cendres ne soient déplacées ailleurs.
Personnalités
Un très grand nombre de célébrités sont inhumées ici. Beaucoup d’entre elles sont connues du fait de la diffusion sur nos antennes de séries américaines, parfois anciennes.
Il ne s’agit pas ici de présenter toutes les vedettes de ce cimetière, et ceci pour plusieurs raisons :
un certain nombre d’entre-elles ne sont connues que par les Américains (là-bas, elles peuvent être « cultes », mais leur notoriété ne passe pas l’Atlantique, sauf pour quelques fans). Je pense en particulier à certains joueurs de base-ball, ou à des acteurs qui se firent connaître dans des séries télévisées très populaires aux Etats-Unis (I love Lucy, Little Rascals, Three Stooges...) mais qui sont mal connues en Europe.
les cimetières de Los Angeles font l’objet d’un très grand nombre de sites sur Internet qu’il me semble inutile de recopier, et sur lesquels on peut faire un relevé exhaustif des sépultures de célébrités. En voici quelques uns :
- la page de Findagrave sur Forest Lawn Hollywood Hills
- un site très fourni sur le cimetière
La liste qui suit n’est donc absolument pas exhaustive. Je me bornerai sur ce site à présenter les plus fameux dans leur environnement, en les classant par ordre d’arrivée dans le cimetière. Il y a néanmoins tous les autres. Selon votre degré de cinéphilie, vous pourrez déplorer l’absence de tel(le) acteur(trice) qui repose pourtant bien là…de celui qui a donné son nom à Bugs Bunny au compositeur du célèbre générique d’Happy Days !... Je renvoie donc aux sites dont j’ai cité l’adresse (et d’autres encore : pas besoin de chercher beaucoup pour trouver une multitude de références).
Charles LAUGHTON (1899-1962), acteur de
théâtre et de cinéma britannique. D’un physique peu engageant, il utilisa souvent ce trait dans son jeu d’acteur et assit sa réputation grâce, entre autres, à ses interprétations du Capitaine Bligh dans Les Révoltés du Bounty et de Quasimodo dans le film du même nom ainsi qu’à son unique film, La Nuit du chasseur, qui font de lui une figure des plus respectée du septième art.
Stan LAUREL (Arthur Stanley Jefferson : 1890-
1965), qui forma avec Oliver Hardy (qui ne repose pas dans ce cimetière) le duo comique le plus célèbre de tous les temps.
Le comique Buster KEATON (Joseph Frank
Keaton : 1895-1966), qui connut la gloire dans des films où il créa un personnage flegmatique et qui « ne riait jamais » (par opposition à Charlot), empêtré dans des gags et des situations loufoques. Il disparut du devant de la scène dans les années 1940, usé par le temps et l’alcool.
Le réalisateur allemand Fritz LANG (1890-1976),
auteur de films célèbres comme Métropolis, M le maudit, ou la série des Docteur Mabuse. Son œuvre fut traversée de nombreux thèmes tels que la vengeance, la mort, le surhomme, la soif de pouvoir et surtout le double, thématique présente dans la quasi-totalité de son œuvre.
Le réalisateur de films d’animation légendaire, Tex
AVERY (Fred Bean Avery : 1908-1980), qui fut à l’origine du style farfelu des cartoons hollywoodiens des années quarante. Il travailla pour les studios Warner Bros et MGM et est surtout connu pour créer des univers aux situations délirantes. Parmi ces personnages, qui ne connaît pas Bugs Bunny, Daffy Duck, ou encore Droopy ?
Robert ALDRICH (1918-1983) : le réalisateur
de Pas d’orchidées pour Miss Blandisch, des Douze salopards, ou encore de Vera Cruz…
L’acteur Scatman CROTHERS (1910-1986), lui aussi
second-rôle au visage familier…Mais si, rappelez vous, l’arrivée de la petite famille de Jack Nicholson dans l’hôtel de Shining !!!!
LIBERACE (Wladziu Valentino Liberace : 1919-1987). Peu
connu en France, il fut un véritable phénomène aux Etats-Unis. Pianiste extrêmement médiatisé, il s’était spécialisé dans la virtuosité démonstrative et devint un « show man » très prisé pour ses excentricités et ses costumes ahurissants. Il mourut du Sida. Sa tombe est surmontée d’une statue.
Le chanteur australo-britannique Andy GIBB
(Andrew Gibb : 1958-1988), frère des trois « Bee Gees », qui connut aussi un énorme succès avant de succomber à ses excès d’alcool et de cocaïne.
L’une des plus grande star du cimetière,
l’actrice américaine Bette DAVIS (Ruth Davis : 1908-1989), renommée pour sa forte personnalité et son talent artistique étalé sur une carrière longue de six décennies et composée de plus d’une centaine de films. Elle fut l’une des actrices les plus appréciées de l’âge d’or du cinéma, connue pour ses rôles de femmes impitoyables, caractérielles et hystériques, mais aussi de sa turbulente vie privée, ponctuée d’orageux mariages et de conflits médiatiques avec certaines figures du cinéma. Sa tombe sarcophage est ornée d’une statue.
L’acteur américain Lee VAN CLEEF (1925-
1989), connu pour ses nombreux rôles dans les westerns spaghetti de Sergio Leone.
L’acteur Brad DAVIS (1949-1991), qui
mourut prématurément du SIDA, mais dont on se souvient tous de la prestation dans Midnight Express d’Allan Parker.
Le physicien américain Carl David ANDERSON (1905-
1991), qui reçut en 1936 le prix Nobel de physique pour la mise en évidence du positron.
L’acteur William CONRAD (1920-1994), au visage familier,
qui interpréta souvent des rôles de policier et de shérif et qui fut l’un des protagonistes de la série La loi est la loi.
L’acteur Telly SAVALAS (1924-1994). Bien que
sa carrière, entre les années 60 et sa mort, fut riche d’une centaine de films, il restera connu pour le personnage de Kojac qu’il incarna à la télévision. Il fut enterré avec l’une de ses sucettes fétiches.
Le cartooniste américain Walter LANTZ (1899-1994), créateur du personnage de Woody Woodpecker. Avec lui repose sa seconde épouse, Grace LANTZ (1903-1992), qui créa l’inimitable cri du petit personnage. Leur petite plaque est surmontée d’une statue.
L’actrice américaine Dorothy LAMOUR (Mary
Leta Dorothy Stanton : 1914-1996), qui incarna la fille de type exotique dans de nombreux films d’aventures.
Le chanteur australien Michael HUTCHENCE
(1960-1997), du groupe INXS, qui connut le succès dans les années 80 avec des tubes tels que Need You Tonight ou Devil Inside. Il mourut dans des conditions étranges, sans doute lors d’une pratique autoérotique qui tourna mal. Crématisé, ses cendres furent divisées en trois parts : celle reçut par sa mère fut inhumée dans ce cimetière.
Le dessinateur Bob KANE (Robert Kahn : 1915-
1998), qui fut le créateur du désormais mythique Batman.
Gene AUTRY, (1907-1998), qui fut le plus célèbre de tous
les cow-boys chantants d’Hollywood. Son œuvre enregistrée s’étend de 1929 aux années 1960 et comprend, à côté de morceaux aujourd’hui bien désuets, nombre de belles réussites.
L’acteur Richard FARNSWORTH (1920-
2000), qui commença sa carrière en tant que cascadeur dans les films des Marx Brothers, tourna dans de nombreux westerns, et qui joua le personnage principal d’Une histoire vraie, quête d’un vieillard décidé à parcourir 500 kilomètres sur une tondeuse pour rejoindre son frère mourrant. Malade, l’acteur mis fin à ses jours.
L’immense contrebassiste de jazz Ray BROWN
(1926-2002), qui fut l’époux d’Ella Fitzgerald.
L’acteur américain Rod STEIGER (Rodney
Steiger : 1925-2002), qui tourna avec les plus grands réalisateurs américains. A l’affiche de plusieurs grosses productions, comme Le Docteur Jivago, il obtint l’Oscar du meilleur acteur en 1968 pour son rôle de shérif dans Dans la chaleur de la nuit de Norman Jewison. Pour ses derniers rôles, il tourna avec Robert Altman (The Player), ou Tim Burton (Mars Attacks !).
David CARRADINE (1936-2009), acteur,
réalisateur et scénariste américain. Principalement connu pour son rôle dans la série Kung Fu, diffusée dans les années 1970, il fut remis en selle par Quentin Tarantino dans Kill Bill de Quentin Tarantino , où il tenait le rôle de Bill, l’antithèse du héros qu’il campait dans Kung Fu. Il mourut étranglé lors d’une séance masturbatoire qui tourna mal !
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