SURESNES (92) : ancien cimetière "Carnot"
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Ouvert en 1805, le cimetière ancien de Suresnes, dit également cimetière Carnot, se visite vite (un demi hectare seulement). Beaucoup de tombeaux à l’entrée, parmi les plus anciens, sont très abimés et sont devenus totalement illisibles. Bien entretenu, on regretterait presque pour de tels monuments une végétation luxuriante.
Curiosités
Une vieille stèle mentionne la présence de Jean-Baptiste Nicolas Dorothée Villar, "ministre de France" mort en 1808. Cet avocat toulousain fut ministre plénipotentiaire à Mayence, puis à Gênes de 1794 à 1796. Il était en outre le frère de l’académicien Noël-Gabriel-Luce Villar. Par ministre, il faut donc entendre "diplomate". Cette stèle est à l’évidence l’une des plus vieilles du cimetière.
Un gisant en bronze sur le tombeau d’Augustine Trochery (+1887).
Une unique statue, sur la tombe Germain-Amoedo.
Un élément peu classique dans les cimetières : une boite fermée contre la conservation qui semble contenir les clés (du moins celles qui restent) des différentes chapelles.
Les célébrités : les incontournables...
Incontournable serait un mot bien fort !...
... mais aussi
Ernest BAZIN (1807-1878) : professeur de la Faculté de médecine de Paris, il fut un dermatologue réputé qui fit avancer la connaissance des maladies telles que la gale ou la teigne. Sa chapelle est ornée d’un buste en bronze de Delaplanche.
Le peintre François BRUNERY (1849-1926).
Gustave Paul CLUSERET (1823-1900) : fils de militaire, il entra à Saint-Cyr et participa comme lieutenant à la répression des journées de juin 1848. À la suite de divers trafics en Algérie, il fut obligé de démissionner de l’armée en 1858. Cet aventurier devint condottiere et révolutionnaire professionnel. Il se mit au service de Garibaldi, puis prit part à la guerre de Sécession comme général chez les Nordistes, devint citoyen américain, puis participa au mouvement irlandais fenian. Rentré en France en 1867, il devint journaliste de la presse d’opposition et fut incarcéré à cause d’un article sur l’armée ; ayant rencontré Varlin en prison, il séduisit celui-ci par sa faconde. Il adhéra alors à l’Internationale. Expulsé aux États-Unis en 1869, il revint à Paris à la proclamation de la République, fit partie du Comité central des vingt arrondissements. Il participa, avec Bakounine, à l’insurrection lyonnaise, puis devint chef, à Marseille, de la brève Commune révolutionnaire. À la chute de la Commune, il s’enfuit en Suisse. Après l’amnistie de 1880, il rentra en France. Il fut encore élu, en 1888 député socialiste du Var, où il fut réélu jusqu’à sa mort, malgré ses articles racistes dans La Libre Parole de Drumont. La plaque de sa tombe, en mauvais état, a disparu et sa tombe est désormais anonyme.
Le baryton Théophile MANOURY (1846-1908), qui triompha à l’opéra de Paris, et qui fut professeur au Conservatoire. Son profil est reproduit sur un petit bas-relief en bronze qui orne sa tombe.
L’exploratrice Isabelle MASSIEU (1844-1932) : première Européenne à être venue seule en Indochine en 1897, elle décida aux alentours de la cinquantaine de parcourir l’Asie en tous sens. Elle fut également la première européenne à pénétrer au Népal. Elle laissa plusieurs récits de ses voyages.
La cantatrice Marie-Joséphine PICQUET-WILD (1826-1898).
Henri SELLIER (1883-1943) : maire de Suresnes de 1919 à 1941, sénateur de la Seine de 1935 à 1940, il est surtout connu pour avoir été le ministre de la Santé Publique sous le Front Populaire. Préoccupé par les questions regardant le domaine de l’urbanisme, en particulier celles touchant l’habitat des classes populaires, il fut l’un des fondateurs en 1919 de l’Ecole des Hautes Etudes Urbaines qui devint plus tard l’Institut d’Urbanisme de Paris. Il fut le fondateur des célèbres cités-jardins.
Laure SURVILLE (1800-1871) : écrivaine française, elle publia dans des magazines littéraires pour enfants. Soeur de Balzac, elle en fut à la fois la critique et la confidente. Elle rédigea après la mort de son frère un ouvrage destiné à tordre le cou à un certain nombre de légendes le concernant. Dans le même tombeau repose le peintre Pierre CARRIER-BELLEUSE (1851-1932), frère du peintre Louis-Robert Carrier-Belleuse et le fils du peintre Albert-Ernest Carrier-Belleuse, qui fut l’élève de son père puis de Cabanel. Il exposa au Salon. Il peignit beaucoup de nus féminins et des danseuses. Son épouse était la petite-fille de Laure, d’où sa présence ici.
Le premier ténor de l’Opéra de Paris de 1863 à 1882 François Pierre VILLARET (1830-1896). Son monument est orné d’une lyre en bronze.
L’amiral français Jean-Baptiste Philibert WILLAUMEZ (1763-1845) : ayant participé à la guerre d’indépendance américaine sous les ordres de Bougainville, il se lança ensuite, entre 1791 et 1794, à la recherche de La Pérouse à travers le Pacifique. A cette occasion, il explora les côtes de Nouvelle-Calédonie, une bonne partie des côtes australiennes et de la Tasmanie. Il partit ensuite en guerre contre les Britanniques, où ses faits d’armes le firent remarquer par Napoléon. Il devint pair de France sous Louis-Philippe. Il est inhumé dans un tombeau particulièrement abîmé reproduisant una coque de navire retournée.
Charles Frédéric WORTH (1826-1895) : d’origine anglaise, ce génial artisan installé à Paris en 1850 créa tout simplement le concept de la haute couture. Avant lui, les couturiers étaient des exécutants auxquels on commandait des modèles. Lui s’entoura d’artistes et devint lui-même un créateur imposant son inspiration et ses modèles. Il fut le premier à utiliser non pas des poupées habillées mais de véritables mannequins défilant en salon (en l’occurence son épouse). Son succès fut important du Second empire au début du XXe siècle grâce à ses clientes issues de l’aristocratie parisienne, puis européenne (dans le célèbre tableau de Winterhalter, l’impératrice Sissi est habillée "en" Worth). Contrairement à ceux qui suivirent sa voie (on pense en particulier à Paul Poiret, puis plus tard à Chanel), il ne chercha pas à révolutionner la manière de s’habiller, sinon le remplacement de la crinoline par la tournure.
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