TOURS (37) : cimetière de la Salle
par
Le cimetière de la Salle ouvrit ses portes en 1856 : principal cimetière de Tours, il fait actuellement 9 hectares. Pauvre en célébrités (le général Trochu fait exception), il est néanmoins très riche en monuments de toutes sortes : statues, médaillons et bustes sont fréquents. Ils ornent les tombes de célébrités locales qui donnèrent souvent leur nom à des voies de la ville. L’ensemble à beaucoup de charme, même si de nombreux tombeaux sont bien fatigués.
Curiosités
Un imposant monument aux morts.
Le tombeau Malapert, orné d’un triple médaillon en bronze et d’un très beau bas-relief représentant l’activité minière.
La statue du lieutenant d’aviation Victor Lasalle (1893-1929), qui s’écrasa lors d’une tempête sur une dune de la Tripolitaine : le défunt semble s’élever hors des débris de l’appareil et s’élever dans le ciel. Le monument est l’oeuvre de Delpérier.
La tombe de la famille de libre-penseurs Boyer, sous un petit obélisque de mosaïques d’un rouge éclatant, orné de leur portraits photographiques peints.
Le buste du patriote polonais Valerian Pietkiewicz (1805-1844), fondu par Eck et Durand.
Le très beau buste du conseiller municipal Losserand (+1904).
Une étrange dalle de facture médiévale qu’on ne s’attendrait pas à trouver dans un tel cimetière.
Une chapelle du souvenir destinée aux dépots cinéraires des concessions reprises.
Une tombe manouche (Baro devel est Dieu pour les Gitans).
Parmi les nombreux libre-penseurs inhumés dans ce cimetière, une tombe annonce clairement la couleur : ni dieu ni maître !!
Une pleureuse sur la tombe de Victor Chantreau (1874-1942), le fondateur de l’Aéro-Club de Touraine.
Le plus extraordinaire monument du cimetière : la tombe de François Boileau (+1878) reproduit un accident ferroviaire, dans lequel locomotive et wagons se mèlent dans un enchevêtrement minéral d’une très grande minutie.
- 2012 : la pierre a été nettoyée...
- Photo Nicolas Badin
Une multitude de monuments épars qui font de la visite une découverte esthétique.
Les célébrités : les incontournables...
... mais aussi
Louis Marie, baron AUVRAY (1762-1833) : maréchal de camps des armées royales, il participa aux guerres révolutionnaires. Il fut nommé en 1800 préfet de la Sarthe, poste qu’il garda jusqu’en 1814.
Le céramiste Jean-Charles AVISSEAU (1796-1861), qui fit redécouvrir le génie de Bernard Palissy.
Le peintre Eugène Alexandre BOSSARD (1852-1880), dont la tombe est ornée d’un médaillon.
Le spirite Léon DENIS (1846-1927) qui, aux côtés de Gabriel Delanne et Camille Flammarion, fut un des principaux continuateurs du spiritisme après le décès d’Allan Kardec.
Le Compagnon de la Libération Raoul DUAULT (1910-1983), engagé dans l’armée, qui servit, à partir de 1935, en Afrique équatoriale française, d’abord au Moyen-Congo puis au Tchad, où il rallia les FFL. Il prit part à la première campagne du Fezzan (Libye), servit en Afrique du Nord, débarqua en Italie puis en Provence. Sur sa demande, il fut muté à la 2e Division blindée et participa aux combats de la libération en France. Il servit ensuite en Indochine et au Laos.
Jean-Daniel FLAYSAKIER (Jean-Daniel Flajszakier : 1951-2021) : médecin et journaliste, il fut e consultant « santé-médecine » à la rédaction de la chaîne de télévision Antenne 2, devenue France 2, des années 1980 jusqu’en 2018. Il fut retrouvé mort sur une plage des Sables-d’Olonne, ayant probablement succombé à un malaise cardiaque.
Alexandre GOUIN (1792-1872), banquier tourangeau qui fut député de l’Indre-et-Loire quasiment sans discontinuité de 1831 à 1868 : à la Chambre, il oscilla néanmoins puisqu’il apparut tour-à-tour sur les bancs du centre-droit, du centre-gauche, puis de la majorité dynastique. Il fut en 1840 un éphémère ministre de l’Agriculture du gouvernement Thiers. Il fut enfin sénateur de 1867 à 1870. Dans son caveau est également inhumée la tapissière d’art Christiane D’ESTIENNE (1909-1983).
La soprano Lillie GRANDVAL (Lillie Millot : 1904-2000), qui a été active dans le domaine de l’opéra et de l’opérette pendant plus de trente ans, et qui est considérée comme une des cantatrices françaises parmi les plus acclamées de sa génération. Elle fut en particulier une « divette d’opérette » pendant les années d’Occupation. Elle repose dans la tombe de famille Giret.
L’architecte Jean Bernard JACQUEMIN (1789-1853) et son fils Jean-Charles Anthyme JACQUEMIN-BELLISLE (1814-1869) : issus d’une importante lignée d’architectes, le premier réalisa l’ Hôtel-Dieu Saint-Gatien, le second le Palais de Justice, tous deux à Tours. Leur tombeau reproduit en bas-relief leur principales oeuvres.
Le Compagnon de la Libération Marcel JEULIN (1921-1944), qui organisa sans aide extérieure un réseau de résistants sur Tours. Plusieurs fois dénoncé et arrêté, il s’évade à plusieurs reprises mais meurt d’une balle dans la tête lors de son ultime tentative de fuite de son appartement parisien, cerné par une soixantaine d’agents de la Gestapo et de la Milice.
L’architecte Victor LALOUX (1850-1937) : premier grand prix de Rome en 1878, élu membre de l’Académie des Beaux-Arts en 1909, il fut l’un des représentants les plus marquants de l’académisme triomphant de la Belle Époque. Son oeuvre se caractérisa par l’utilisation de structures en métal dissimulées derrière des façades de pierre à l’ordonnancement classique. Ses réalisation les plus marquantes furent la gare de Tours, d’Orléans, et celle d’Orsay à Paris (actuel musée d’Orsay), l’ambassade des Etats-Unis à Paris, plusieurs hôtels de ville (Tours, Roubaix) et la basilique Saint-Martin de Tours. Sa tombe se trouve en haut de l’escalier gauche qui mène à la partie supérieure du cimetière.
Le peintre et illustrateur Félix LAURENT (1821-1905), dont la tombe est ornée d’un buste en bronze.
Le dessinateur Jean-Marc LELONG (1949-2004), qui travailla à Pilote puis à Fluide Glacial. Il fut l’inventeur de la génialissime Carmen Cru, vieillarde indigne et atrabilaire.
L’architecte MARIAU.
Jean MEUNIER (1906-1975) : jeune député de 30 ans du Front populaire en 1936, résistant et maire de Tours après la guerre, il fut le fondateur, en 1944, avec Pierre Archambault du quotidien d’information la Nouvelle République du Centre-Ouest, il resta Président de ce journal jusqu’à sa mort en 1975. Il fut Secrétaire d’État à trois reprises entre 1946 et 1958.
Gaby MONTBREUSE (Julia Hérissé : 1895-1943) : vedette du music- hall, Gaby Montbreuse fut à l’affiche des grandes salles parisiennes avant d’ouvrir à la fin des années 1920 son propre établissement, le Château-Montbreuse, qui ne connut qu’une activité assez brève. On dit qu’elle fut la créatrice de Titine de Léo Daniderff (dont elle fut la compagne). Elle fit parallèlement une courte carrière dans le cinéma. Une tête énorme, une mèche rousse sur laquelle elle soufflait sans arrêt, sa voix faubourienne éraillée par l’alcool, sa vulgarité, étudiée et exagérée, furent ses atouts dans l’interprétation de chansons réalistes ou burlesques.
Le comédien Antoine PERRIER (1784-1863).
Le peintre Ferdinand PITARD (1850-1894), qui semble avoir perdu son buste depuis fort longtemps.
Une autre dynastie d’architectes : les Rohard. Dans le même caveau reposent Marcel (1872-1936) et son fils François-Xavier ROHARD (1903-1932), qui oeuvrèrent sur Tours. A noter que Léon était le fils de Léon Rohard (1838-1882), qui construisit le Grand Théâtre de Tours.
André ROUXEL (1915-2004) : engagé dans les Spahis au sein des FFL, il prit part à la campagne d’Erythrée avec son unité et à la fameuse charge à cheval, la dernière de l’armée française, à Umbrega en janvier 1941. Il intervint ensuite dans toutes les campagnes d’Afrique du Nord, débarqua avec son unité et la 2e DB en Normandie, libéra Paris puis prit une part active à la campagne d’Alsace. Il fut fait Compagnon de la Libération, puis travailla dans l’extraction pétrolière après la guerre.
Jean ROYER (1920-2011) : instituteur, puis professeur de collège à Tours, il fut, à partir de 1959 et durant 36 ans, maire de cette commune. Il fut également député de 1958 à 1997. En 1973, il entra au gouvernement de Pierre Messmer comme ministre du Commerce et de l’Artisanat, faisant voter une loi, toujours en vigueur, soutenant les petits commerces et réglemente l’ouverture des grandes surfaces. Début 1974, il avait brièvement dirigé le ministère des PTT. En 1974 toujours, Jean Royer s’était présenté à l’élection présidentielle sur un programme très conservateur. Il s’était notamment rendu célèbre pour sa croisade contre la pornographie, qui lui avait valu le surnom de « père la pudeur », et contre l’avortement.
Le peintre, sculpteur, décorateur et metteur en scène Jacques VOYET (1926-2010), dont la plaque séduira les amoureux des animaux.
Merci à Nicolas Badin pour le complément photo.
Merci à Pott form pour la photo Royer.
Photo Léon Denis : www.institutspiriteleondenis.fr
Commentaires