On pénètre dans le cimetière de Baccarat par la partie la plus contemporaine : les anciennes tombes se trouvent dans le fond, à proximité du cimetière militaire.
Baccarat est inévitablement associée à son entreprise verrière et manufacture de cristal de renommée mondiale, et dont les notables inhumés dans le cimetière se font l’écho.
Ainsi, deux imposantes chapelles abritent deux familles de notables liées entre-elles par des liens généalogiques. Y reposent en particulier :
- Jean-Baptiste TOUSSAINT (1796-1858) : embauché à la cristallerie, il en devint administrateur. Sa fille épousa Paul Michaut, sui suit, qui lui succéda.
- Paul MICHAUT (1827-1895) : administrateur-directeur à la suite de son mariage avec la fille de Jean-Baptiste Toussaint, il imprima de sa forte personnalité les destinées de la compagnie, surtout à partir des années 1870, en ce qui concerne les transformations industrielles et les règles sociales, fondées sur un « ordre social » paternaliste et catholique, méfiant à l’égard des initiatives sociales antérieures. Maire de Baccarat en 1871, il fut député de la Meurthe (1877-1881).
- Adrien MICHAUT (1853-1936) : fils de Paul, il lui succéda comme administrateur de
la Compagnie des cristalleries de Baccarat en 1883. Il fut également Maire de Baccarat de 1880 à 1919.
- Henri MICHAUT (1857-1933) : second fils de Paul, il fut également administrateur
des cristalleries de Baccarat. il fut sénateur conservateur de la Meurthe-et-Moselle de 1920 à 1932.
- Pierre BASTIEN-THIRY (1898-1979) : époux de la fille d’Adrien Michaut, il fut directeur de la cristallerie de Baccarat. Il furent les parents de l’organisateur de l’attentat du Petit-Clamart, destiné à tuer de Gaulle.
Dans la chapelle attenante (famille Gridel) repose :
- Joseph Emile GRIDEL (1839-1901) : ancien élève de Courbet, puis de
Feyen-Perrin, passionné de chasse, il fut un peintre de scènes de chasse et de peinture animalière. Il s’adonna aussi à la peinture de bataille, des guerres révolutionnaires jusqu’à celle de 1870, en s’inspirant de sa propre expérience de la guerre.
Reposent également dans cette nécropole :
– Émile-Aristide GODARD-DESMAREST (1794-1872) : fils de Pierre-Antoine Godard-Desmarets (qui repose au cimetière Montmartre), qui était directeur de la Verrerie de Baccarat qu’il relança après une période de difficulté ; il assista son père comme administrateur adjoint à partir de 1825. Il fut maire de la ville.
– Louis THIRION (1879-1966) : fils d’un organiste et chef de la musique des
Cristalleries, il apprit la composition sous la direction de Guy Ropartz, qui devint son maître et dont il resta proche. Titulaire des orgues de Baccarat, il fut nommé à l’âge de vingt ans professeur de piano et d’orgue au conservatoire de Nancy. Dans les années 1920, il tint l’orgue de l’église Saint-Léon de Nancy. En tant que compositeur, il fut influencé par Debussy, Chabrier et plus tard par Stravinsky.
Le compositeur Maurice JAUBERT (+1940), auteur de nombreuses musiques de films (Nana de Jean Renoir, 14 juillet de René Clair, Zéro de conduite et L’Atalante de Jean Vigo, Un carnet de bal et La Fin du jour de Julien Duvivier, Drôle de drame, Hôtel du Nord, Quai des brumes et Le jour se lève de Marcel Carné ; mais également des films de Truffaut - ce dernier étant allé puiser dans son répertoire - pour L’Histoire d’Adèle H., L’Argent de poche, L’Homme qui aimait les femmes, La Chambre verte...) fut mortellement blessé par un tir ennemi et mourut à l’hôpital de Baccarat. Initialement inhumé dans le cimetière de Baccarat, il fut transféré en 1952 dans le cimetière de Caucade, à Nice.
L’endroit est sobre : l’ornement funéraire y est rare.