Si le cimetière d’Arcueil offre peu d’intérêt, il possède néanmoins la tombe d’un personnage attachant qui marqua l’histoire culturelle de son temps : celle d’Erik SATIE (1866-1925).
Mystique, colérique, anarchiste, ivrogne, misogyne, mythomane, généreux, persuadé de sa valeur tout en ne se prenant pas au sérieux : Satie fut tout cela et plus que cela.
Après avoir apprit l’orgue avec Niedermeyer avant de passer trois années au Conservatoire de Paris, il mena une vie de bohème gagne sa vie en jouant du piano dans les cabarets parisiens comme le Chat Noir. Satie se révèla au grand public grâce à ses trois Gymnopédies pour piano ainsi que ses célèbres Gnossiennes.
Il adhèra aux Rose-Croix puis créa son « Eglise métropolitaine d’art de Jésus conducteur » dont il était l’unique fidèle.
Il détestait la « musique savante », trop académique à son goût. Son excentricité est également perceptible dans les titres qu’il donna à ses morceaux (Pièces froides, Trois morceaux en forme de poire, Aperçus désagréables, Véritables préludes flasques pour un chien, Embryons deséchés) ainsi que dans les annotations souvent saugrenues qu’il ajoutait à ses partitions. Après Montmartre, il s’installa en 1898 à Arcueil où il vécut le plus souvent dans la gêne.
Son influence dans l’apport moderniste à la musique est considérable : ami de Debussy, mentor de Ravel, il joua également un grand rôle chez Stravinsky. Dans son sillage se créa le Groupe des Six (Poulenc, Honegger, Tailleferre, Auric...). Il composa la musique du ballet Parade en 1917 dans le cadre des Ballets Russes de Serge Diaghilev sur un argument de Jean Cocteau et des décors de Picasso. Il collabora également dans les années 20 au ballet Relache avec Picabia.
Commentaires
Dear sirs,
Is it possible to copy un photograph of the tombe of Erik Satie, for a publication on Wikisage, the Netherlands ? It is not for commercial purposes, but only to inform interesting people.
Greetings, Frans G. van der Meulen,
28 Tooropstraat
6813 KT Arnhem
« La mer est démontée, et y a personne pour la remonter !...  »
Cette attaque d’un sketch fameux de Raymond Devos, c’est aussi du Satie !
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Un jour des années cinquante, on décide d’un récital Satie, avec Michel Legrand au piano. Ce que l’on ignore souvent est que Satie, en plus des notes, mettait des textes sur ces partitions, des textes aussi loufoques que lui et que généralement on zappe lors des concerts. Il est décidé qu’on fera un vrai hommage avec un récitant. On dégotte alors un jeune artiste courant le cachet mais qui commence à faire des étincelles au cabaret : Raymond Devos. Auquel la teneur surréaliste des textes conviendra suffisamment pour qu’il en développe certains aspects, dont cette mer démontée à remonter...
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Dommage que Satie soit la seule star du cimetière d’Arcueil tant il est commode d’y trouver une tombe. Un registre à jour (Même les mourus de février 2017"¦) est en consultation libre, donc pas obligé d’importuner un tiers introuvable, le tout associé à un grand plan sous un abri éclairé, ce qui permet de gagner du temps.
A une dizaine de mètres au-dessus de Satie, un rectangle cimenté rempli de mauvaises herbes, avec une plaque peinte, posée à plat dans ce fouillis végétal : "Belkacem Bazi", mort en 1994. On s’attendait à ce qu’il soit rejoint par son épouse, discrètement décédée en 2016, on n’en pas parlé, seulement une annonce dans le presse corporatiste mentionnait la mort de Laurence Lemaire-Bazi, scripte de cinéma, et l’inhumation à Arcueil. Il s’agissait de la fille unique de Juliette Gréco. Née en 1954. Elle n’est pas mentionnée dans le registre du cimetière, sous aucun de ses noms. Mais en cherchant un peu, on s’avise qu’il y a eu une cérémonie au crématorium voisin du cimetière. Alors, les cendres, répandues en douce à Arcueil, ou bien auprès de sa mère, à Paris, ou bien à Roscoff, chez son unique fille ?... Belkacem Bazi était le second gendre de Juliette Gréco, il était caméraman.
Comme on trouve fréquemment des patates déposées sur la tombe de Parmentier au Père-Lachaise, on peut voir de temps à autre celle de Satie décorée de poires, allusion aux trois morceaux en forme dudit fruit qu’il composa en 1903 (trois morceaux qui d’ailleurs sont sept, comme il se doit"¦ )