LE PUY-EN-VELAY (43) : cimetière du Nord
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Avant la création du cimetière Nord, celui des Carmes était le seul du Puy-en-Velay, en place depuis le XVIIIe siècle. Mais sa taille et sa position géographique n’allaient pas sans poser quelques problèmes… Dans les années 1820, le débat fit rage, la presse s’en mêla et deux clans s’opposèrent. D’un côté les défenseurs du cimetière des Carmes, l’unique de la ville à l’époque, qui militèrent pour poursuivre son exploitation, et de l’autre les partisans de la création d’un nouveau lieu, plus excentré du centre-ville.
- Belle ouverture sur Saint-Michel d’Aiguilhe.
Le cimetière (situé derrière l’église - actuel square de Lattre de Tassigny) se trouvait alors à l’étroit entre ses murs, en plein cœur du quartier des Carmes, au milieu des habitations et des commerces. Si certains louaient cette proximité pour les familles ponotes qui venaient se recueillir sur la tombe de leurs défunts, la problématique hygiéniste fut mise en avant par d’autres. Dans un rapport qui fait date, en 1822, De Becdelièvre, conseiller de préfecture, dressa un tableau pour le moins effrayant des lieux. « Toute la surface était recouverte de débris de cercueils ; quelques-uns n’offrant aucun indice de pourriture, attestaient suffisamment que ces cercueils, et par conséquent les cadavres, n’avaient pas atteint les premiers degrés de décomposition lorsqu’ils avaient été exhumés ». En clair, il fallait faire de la place pour de nouvelles concessions et vite… Pour compléter le tout, les plaintes des riverains devenaient toujours plus nombreuses pour déplorer les exhalations. Les partisans de la fermeture des lieux avancèrent enfin pour ultime argument, « la tristesse du quartier » et ce spectacle, « qui rappelle aux habitants, à chaque instant du jour des pertes irréparables et ne tend qu’à perpétuer leur chagrin ».
- Belle vue sur le Rocher Corneille et la statue de Notre-Dame de France.
La décision fut finalement prise de construire un nouveau cimetière, excentré de la ville comme on le préconisait alors, et le choix se porta sur un terrain situé au nord de la commune mais qui se trouvait alors sur celle d’Aiguilhe. Après des mois de négociations, le nouveau cimetière, dit Nord mais aussi connu sous le nom de Vienne, vit officiellement le jour en 1837. Les chroniques de l’époque rapportent qu’il fut boudé par une partie de la population mais, face à la fermeture à venir des Carmes, certaines riches familles n’hésitèrent pas à transférer leur caveau jusqu’en ce nouveau lieu.
Le cimetière Nord est le seul pour les villes du Puy-en-Velay et d’Aiguilhe. Il s’étend sur une superficie de 7,5 hectares, sur un coteau situé au nord de la ville. C’est un très beau cimetière, particulièrement escarpé, où les tombeaux des familles notables s’égrènent au bord des allées
Curiosités
Le tombeau de famille rappelle la mémoire de Amédée Benoit (1913-1954), prêtre des missions étrangères envoyé au Vietnam. Devenu curé de Trà Kiệu, village du centre du pays abritant un sanctuaire marial car la Vierge y serait apparue en 1855, il fut tué par les Vietminhs. Il fut inhumé là-bas.
Célébrités : les incontournables...
Aucune
Le comédien Michel Peyrelon ayant donné son corps à la sciences, il ne possède pas de tombe, mais son souvenir est évoqué sur la tombe de famille de ce cimetière.
... mais aussi
Pierre CALEMARD de LA FAYETTE (1783-1873), qui fut député légitimiste de la Haute-Loire de 1836 à 1842.
Charles CALEMARD de LA FAYETTE (1815-1901), fils du précédent, modèle du Gentleman farmer à la française, il fit ses études à Paris et se lia d’amitié avec Arsène Houssaye, auquel il succéda comme directeur du journal L’Artiste, et fréquenta les cercles littéraires parisiens, collaborant aux revues à la mode entre 1840 et 1848. Poète, son Poème des Champs fut couronné par l’Académie française. En 1848, il revint en Haute-Loire, héritant du domaine familial de Sénilhac, où il se lança dans toutes sortes d’expériences agronomiques dont il rendit compte dans de multiples publications. Il fut en outre député légitimiste de la Haute-Loire de 1871 à 1876. Dans la chapelle de famille repose également son petit-fils, Olivier (1877-1906), également poète.
Le médecin André CHANTEMESSE (1851-1919), ancien élève de Pasteur qu’il soigna les dernières années de sa vie, reconnu pour ses travaux sur la fièvre typhoïde. En 1888, avec Fernand Widal, il mit au point la première méthode de sérothérapie contre la typhoïde, obtenant ce que l’on nommera sérum de Chantemesse. Élu membre de l’Académie de médecine en 1901, il mourut de la grippe espagnole.[allée 11]
Le publicitaire Jacques HINTZY (1937-2013), qui fut président du comité français de l’UNICEF. Il participa à l’équipe, en tant que salarié de Havas, de Valéry Giscard d’Estaing lors de l’élection présidentielle française de 1974. Son rôle était de préparer les documents de propagande.
L’architecte Louis-Remy MOISELET (+1853) et la sculptrice Eliane VAULOT-MOISELET (+1970) [allée 4]
L’architecte Gustave ROUX (1878-1955), à qui l’on doit de nombreux monuments aux Morts dans la région.
Jules de VINOLS de MONTFLEURY (1820-1901), qui fut député légitimiste de la Haute-Loire de 1871 à 1876.
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